Je cache à votre oreille une plainte importune... OROSMANE. De quelle inquiétude, ô ciel! vous m'accablez! ZAÏRE. Si pour moi l'amour vous parle encore, Ne me refusez pas la grâce que j'implore. OROSMANE. Eh bien! il faut vouloir tout ce que vous voulez; Allez, souvenez-vous que je vous sacrifie Les moments les plus beaux, les plus chers de ma vie. ZAÏRE. En me parlant ainsi, vous me percez le cœur. OROSMANE. Eh bien! vous me quittez, Zaire? ZAÏRE. Hélas! seigneur! SCÈNE III. OROSMANE, CORASMIN. OROSMANE. AH! c'est trop tôt chercher ce solitaire asile, Près d'un amant qu'elle aime, et qui brûle à ses pieds, Je suis bien indigné de voir tant de caprices : Est-ce à moi de me plaindre? on m'aime, c'est assez. Elle est dans l'âge heureux où règne l'innocence; pour moi; Elle m'aime sans doute; oui, j'ai lu devant toi, SCÈNE IV. OROSMANE, CORASMIN, MELEDOR. CETTE lettre, seigneur, à Zaire adressée, OROSMANE. Donne... qui la portait?... Donne. MÉLÉDOR. Un de ces chrétiens, Dont vos bontés, seigneur, ont brisé les liens : OROSMANE. Laisse-nous... Je frémis. Hélas! que vais-je lire? SCÈNE V. OROSMANE, CORASMIN. CORASMIN. CETTE lettre, seigneur, Pourra vous éclaircir, et calmer votre cœur. OROSMANE. Ah! lisons: ma main tremble, et mon âme étonnée «<< Où vous pouvez sans bruit, et sans être aperçue, CORASMIN. Moi, seigneur? Je suis épouvanté de ce comble d'horreur. OROSMANE. Tu vois comme on me traite. CORASMIN. O trahison horrible! Seigneur, à cet affront vous êtes insensible? Ah! sans doute, l'horreur d'une action si noire OROSMANE. Cours chez elle à l'instant, va, vole, Corasmin : CORASMIN. On ne reçut jamais un si sanglant outrage. OROSMANE. Le voilà donc connu, ce secret plein d'horreur! Sous le voile emprunté d'une crainte ingénue, Elle part en pleurant... et c'est Quoi, Zaire! pour me trahir. CORASMIN. Tout sert à redoubler son crime. Seigneur, n'en soyez pas l'innocente victime, OROSMANE. C'est-là ce Nérestan, ce héros plein d'honneur, Dans les plus vils emplois languir sans l'abaisser! Ah, malheureux! CORASMIN. Seigneur, si vous souffrez mon zèle, Si, parmi les horreurs qui doivent vous troubler, Vous vouliez... OROSMANE. Oui, je veux la voir et lui parler. Allez, volez, esclave, et m'amenez Zaire. CORASMIN. Hélas! en cet état que pourrez-vous lui dire? OROSMANE. Je ne sais, cher ami, mais je prétends la voir. CORASMIN. Ah! seigneur, vous allez, dans votre désespoir, OROSMANE. Penses-tu qu'en effet Zaïre me trahisse?... Et pousser la vertu jusqu'au dernier effort. |