SCÈNE I. OROSMANE, CORASMIN, UN ESCLAVE. OROSMANE. ON l'a fait avertir, l'ingrate va paraître. Songe que dans tes mains est le sort de ton maître; Rends-moi compte de tout, examine-la bien : Viens, d'un malheureux prince ami tendre et fidèle, SCÈNE II. ZAÏRE, FATIME, L'ESCLAVE. ZAIRE. Eu! qui peut me parler dans l'état où je suis? Cette lettre, en secret dans mes mains parvenue, Pourra vous assurer de ma fidélité. Donne. ZAÏRE. (Elle lit.) FATIME, à part, pendant que Zaïre lit. Dieu tout-puissant! éclate en ta bonté; Fais descendre ta grâce en ce séjour profane; Arrache ma princesse au barbare Orosmane! ZAÏRE, à Fatime. Je voudrais te parler. FATIME, à l'esclave. Allez, retirez-vous; On vous rappellera, soyez prêt, laissez-nous. SCÈNE III. ZAÏRE, FATIME. ZAIRE. LIS ce billet: hélas! dis-moi ce qu'il faut faire; FATIME. Dites plutôt, madame, aux ordres éternels D'un Dieu qui vous demande aux pieds de ses autels. Ce n'est point Nérestan, c'est Dieu qui vous appelle. ZAÏRE. Je le sais, à sa voix je ne suis point rebelle; J'en ai fait le serment: mais puis-je m'engager, Moi, les chrétiens, mon frère, en un si grand danger? FATIME. Ce n'est point leur danger dont vous êtes troublée; Théâtre. 2. 12 Je connais votre cœur, il penserait comme eux, ZAÏRE. Qu'ai-je à lui reprocher? Le trône était tout prêt, le temple était paré, FATIME. Ce malheureux amour, dont votre âme est blessée, Peut-il en ce moment remplir votre pensée ? ZAÏRE. Ah! Fatime, tout sert à me désespérer. Je sais que du sérail rien ne peut me tirer : Et je sens qu'à l'instant, prompte à me démentir, Une terreur affreuse est tout ce que je sens. Dieu, détourne de moi ces noirs pressentiments; Prends soin de nos chrétiens, et veille sur mon frère; SCÈNE IV. ZAÏRE, seule. O Dieu de mes aïeux! Dieu de tous mes parents, de mon malheureux père, Que ta main me conduise, et que ton œil m'éclaire! SCÈNE V. ZAÏRE, L'ESCLAVE. ZAÏRE. ALLEZ dire au chrétien qui marche sur vos pas, Allons, rassure-toi, malheureuse Zaire. SCENE VI. OROSMANE, CORASMIN, L'ESCLAVE. OROSMANE. QUE ces moments, grand Dieu, sont lents pour ma fureur! (A l'esclave.) Eh bien! que t'a-t-on dit? réponds, parle. L'ESCLAVE. On n'a jamais senti de si vives alarmes. Seigneur, Elle a pâli, tremblé, ses yeux versaient des larmes; Et d'une voix tremblante, et d'un cœur tout troublé, Allez, il me suffit... Ote-toi de mes yeux, SCÈNE VII. OROSMANE, seul. Où suis-je? ô ciel! où suis-je? où porté-je mes vœux? |