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DALILA.

Ah! formons ces doux noeuds au temple de Vénus.

SAMSON.

Non, son culte est impie, et ma loi le condamne;
Non, je ne puis entrer dans ce temple profane.

DALILA.

Si vous m'aimez, il ne l'est plus.

Arrêtez, regardez cette aimable demeure,
C'est le temple de l'univers;

Tous les mortels, à tout âge, à toute heure,
Y viennent demander des fers.
Arrêtez, regardez cette aimable demeure,
C'est le temple de l'univers.

SCÈNE IV.

SAMSON, DALILA, CHEUR DE DIFFÉRENTS PEUPLES, DE GUERRIERS, DE PASTEURS.

(Le temple de Vénus paraît dans toute sa splendeur.)

AIR.

'AMOUR, volupté pure,

Ame de la nature,

Maître des éléments,

L'univers n'est formé, ne s'anime et ne dure
Que par tes regards bienfaisants.
Tendre Vénus, tout l'univers t'implore,
Tout n'est rien sans tes feux.

On craint les autres dieux, c'est Vénus qu'on adore :
Ils règnent sur le monde, et tu règnes sur eux.

GUERRIERS.

Vénus, notre fier courage,

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Chantez, oiseaux, chantez; votre ramage tendre
Est la voix des plaisirs.
Chantez, Vénus doit vous entendre;
Portez-lui nos soupirs.

Les filles de Flore
S'empressent d'éclore
Dans ce séjour;
La fraîcheur brillante
De la fleur naissante

Se passe en un jour :
Mais une plus belle
Naît auprès d'elle,
Plaît à son tour.
Sensible image

Des plaisirs du bel âge!

Sensible image

Du charmant amour!

SAMSON.

Je n'y résiste plus: le charme qui m'obsède
Tyrannise mon cœur, enivre tous mes sens :
Possédez à jamais ce cœur qui vous possède,
Et gouvernez tous mes moments.

Venez vous vous troublez...

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SAMSON.

D'où vient que votre cœur soupire?

DALILA.

Je crains de vous déplaire, et je dois vous parler.

SAMSON.

Ah! devant vous c'est à moi de trembler.

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Dites-moi par quel charme heureux,

Par quel pouvoir secret cette force invincible....

SAMSON.

Que me demandez-vous ? C'est un secret terrible
Entre le ciel et moi.

DALILA.

Ainsi vous doutez de ma foi?

Vous doutez et m'aimez!...

SAMSON.

Mon cœur est trop sensible;

Mais ne m'imposez point cette funeste loi.

DALILA.

Un cœur sans confiance est un cœur sans tendresse.

SAMSON.

N'abusez point de ma faiblesse.

DALILA.

Cruel! quel injuste refus!

Notre hymen en dépend; nos nœuds seraient rompus.

Que dites-vous?,..

SAMSON.

DALILA.

Parlez, c'est l'amour qui vous prie.

SAMSON.

Ah! cessez d'écouter cette funeste envie.

DALILA.

Cessez de m'accabler de refus outrageants.

SAMSON.

Eh bien! vous le voulez; l'amour me justifie : Mes cheveux, à mon Dieu consacrés dès long-temps, bontés pour moi sont les sacrés garants:

De ses

Il voulut attacher ma force et mon courage

A de si faibles ornements:

Ils sont à lui; ma gloire est son ouvrage.

DALILA.

Ces cheveux, dites-vous?...

SAMSON.

Qu'ai-je dit? malheureux!

Ma raison revient; je frissonne

De l'abîme où j'entraîne avec moi les Hébreux.

TOUS DEUX, ensemble..

La terre mugit, le ciel tonne,

Le temple disparaît, l'astre du jour s'enfuit,

L'horreur épaisse de la nuit

De son voile affreux m'environne.

SAMSON.

J'ai trahi de mon Dieu le secret formidable.
Amour! fatale volupté!

C'est toi qui m'as précipité

Dans un piège effroyable,
Et je sens que Dieu m'a quitté.

SCÈNE V.

LES PHILISTINS, SAMSON, DALILA.

LE GRAND-PRÊTRE DES PHILISTINS. VENEZ; ce bruit affreux, ces cris de la nature, Ce tonnerre, tout nous assure

Que du dieu des combats il est abandonné.

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