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Il pourra te

VENDÔME.

venger, mais non te secourir;

Et ton sang...

ADELAIDE.

Non, cruel, c'est à moi de mourir.
J'ai tout fait, c'est par moi que ta garde est séduite;
J'ai gagné tes soldats, j'ai préparé ma fuite.
Punis ces attentats, et ces crimes si grands,
De sortir d'esclavage, et de fuir ses tyrans :
Mais respecte ton frère, et sa femme, et toi-même;
Il ne t'a point trahi, c'est un frère qui t'aime ;
Il voulait te servir, quand tu veux l'opprimer.
Quel crime a-t-il commis, cruel, que de m'aimer?
L'amour n'est-il en toi qu'un juge inexorable?

VENDÔME.

Plus vous le défendez, plus il devient coupable;
C'est vous qui le perdez, vous qui l'assassinez;
Vous par qui tous nos jours étaient empoisonnés ;
Vous qui, pour leur malheur, armiez des mains si chères.
Puisse tomber sur vous tout le sang des deux frères!
Vous pleurez! mais vos pleurs ne peuvent me tromper,
Je suis prêt à mourir, et prêt à le frapper.
Mon malheur est au comble, ainsi que ma faiblesse.
Oui, je vous aime encor; le temps, le péril presse;
Vous pouvez à l'instant parer le coup mortel;
Voilà ma main, venez : sa grâce est à l'autel.

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Ne vous laissez pas vaincre en ces affreux combats;
Osez m'aimer assez pour vouloir mon trépas;
Abandonnez mon sort au coup qu'il me prépare.
Je mourrai triomphant des coups de ce barbare;
Et si vous succombiez à son lâche courroux,

Je n'en mourrais pas moins, mais je mourrais par vous.
VENDÔME.

Qu'on l'entraîne à la tour: allez, qu'on m'obéisse.

SCENE III.

VENDOME, ADELAÏDE.

ADÉLAÏDE.

Vous, cruel! vous feriez cet affreux sacrifice!
De son vertueux sang vous pourriez vous couvrir!
Quoi! voulez-vous...

VENDÔME.

Je veux vous hair et mourir, Vous rendre malheureuse encor plus que moi-même, Répandre devant vous tout le sang qui vous aime,. Et vous laisser des jours plus cruels mille fois Que le jour où l'amour nous a perdus tous trois. Laissez-moi : votre vue augmente mon supplice.

Théâtre. 2.

19

SCÈNE IV.

VENDOME, ADÉLAÏDE, COUCY,

ADELAIDE, à Coucy.

AH! je n'attends plus rien que de votre justice;
Coucy, contre un cruel osez me secourir.

VENDÔME.

Garde-toi de l'entendre, ou tu vas me trahir.

ADÉLAÏDE.

J'atteste ici le ciel...

VENDÔME.

Qu'on l'ôte de ma vue.

Ami, délivre-moi d'un objet qui me tue.

ADÉLAÏDE.

dans mon désespoir,

Va, tyran, c'en est trop; va,
J'ai combattu l'horreur que je sens à te voir;
J'ai cru, malgré ta rage, à ce point emportée,
Qu'une femme du moins en serait respectée.
L'amour adoucit tout, hors ton barbare cœur;
Tigre! je t'abandonne à toute ta fureur.

Dans ton féroce amour, immole tes victimes;
Compte dès ce moment ma mort parmi tes crimes,
Mais compte encor la tienne : un vengeur va venir,
Par ton juste supplice il va tous nous unir.
Tombe avec tes remparts; tombe, et péris sans gloire,
Meurs, et que l'avenir prodigue à ta mémoire,
A tes feux, à ton nom, justement abhorrés,
La haine et le mépris que tu m'as inspirés.

SCÈNE V.

VENDOME, COUCY.

VENDÔME.

Oui, cruelle ennemie, et plus que moi farouche,
Oui, j'accepte l'arrêt prononcé par ta bouche;
Que la main de la haine, et què les mêmes coups
Dans l'horreur du tombeau nous reunissent tous.

(Il tombe dans un fauteuil.)

COUCY.

Il ne se connaît plus, il succombe à sa rage.
VENDÔME.

Eh bien! souffriras-tu ma honte et mon outrage?
Le temps presse; veux-tu qu'un rival odieux
Enlève la perfide, et l'épouse à mes yeux?

Tu crains de me répondre attends-tu que le traître
Ait soulevé mon peuple, et me livre à son maître?
COUCY.

Je vois trop, en effet, que le parti du roi
Du peuple fatigué fait chanceler la foi.
De la sédition la flamme réprimée

Vit encor dans les cœurs, en secret rallumée.

VENDÔME.

C'est Nemours qui l'allume, il nous a trahis tous.

COUCY.

Je suis loin d'excuser ses crimes envers vous;
La suite en est funeste, et me remplit d'alarmes.
Dans la plaine déja les Français sont en armes,
Et vous êtes perdu, si le peuple excité
Croit dans la trahison trouver sa sûreté.
Vos dangers sont accrus.

VENDÔME.

Eh bien! que faut-il faire?

COUCY.

Le prévenir, domter l'amour et la colère.
Ayons encor, mon prince, en cette extrémité,
Pour prendre un parti sûr, assez de fermeté.
Nous pouvons conjurer ou braver la tempête;
Quoi que vous décidiez, ma main est toute prête.
Vous vouliez ce matin, par un heureux traité,
Apaiser avec gloire un monarque irrité;
Ne vous rebutez pas : ordonnez, et j'espère
Signer en votre nom cette paix salutaire :

Mais, s'il vous faut combattre, et courir au trépas,
Vous savez qu'un ami ne vous survivra pas.

VENDÔME.

Ami, dans le tombeau laisse-moi seul descendre;
Vis
pour servir ma cause, et pour venger ma cendre;
Mon destin s'accomplit, et je cours l'achever.
Qui ne veut que la mort est sûr de la trouver :
Mais je la veux terrible; et lorsque je succombe,
Je veux voir mon rival entraîné dans ma tombe.

COUCY.

Comment! de quelle horreur vos sens sont possédés!
VENDÔME.

Il est dans cette tour, où vous seul commandez;
Et vous m'avez promis que contre un téméraire.......

COUCY.

De qui me parlez-vous, seigneur? de votre frère?

VENDÔME.

Non, je parle d'un traître, et d'un lâche ennemi,

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