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COUCY.

Eh bien! puisque la honte avec le repentir,
Par qui la vertu parle à qui peut la trahir,
D'un si juste remords ont pénétré votre âme;
Puisque, malgré l'excès de votre aveugle flamme,
Au prix de votre sang vous voudriez sauver

Ce

sang

dont vos fureurs ont voulu vous priver; Je peux donc m'expliquer, je peux donc vous apprendre Que de vous-même enfin Coucy sait vous défendre. Connaissez-moi, madame, et calmez vos douleurs. (A Adélaïde.) Vous, gardez vos remords; et vous, séchez vos pleurs. Que ce jour à tous trois soit un jour salutaire! Venez, paraissez, prince, embrassez votre frère. (Le théâtre s'ouvre, Nemours paraît.)

(Au duc.)

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NEMOURS, s'avançant du fond du théâtre.

J'ose encor te revoir, te plaindre et t'embrasser.

VENDÔME.

Mon crime en est plus grand, puisque ton cœur l'oublic.

.

ADÉLAÏDE.

Coucy, digne héros, qui me donnez la vie!

Il la donne à tous trois.

VENDÔME.

COUCY.

Un indigne assassin

Sur Nemours à mes yeux avait levé la main;
J'ai frappé le barbare; et, prévenant encore
Les aveugles fureurs du feu qui vous dévore,
J'ai fait donner soudain le signal odieux,
Sûr que le repentir vous ouvrirait les yeux.
VENDÔME.

Après ce grand exemple, et ce service insigne,
Le prix que je t'en dois, c'est de m'en rendre digne.
Le fardeau de mon crime est trop pesant pour moi,
Mes yeux,
couverts d'un voile et baissés devant toi,
Craignent de rencontrer, et les regards d'un frère,
Et la beauté fatale à tous les deux trop chère.

NEMOURS.

Tous deux auprès du roi, nous voulions te servir. Quel est donc ton dessein? parle.

VENDÔME.

De me punin,

De nous rendre à tous trois une égale justice;
D'expier devant vous, par le plus grand supplice,
Le plus grand des forfaits, où la fatalité,
L'amour et le couroux m'avaient précipité.
J'aimais Adélaïde, et ma flamme cruelle,

Dans mon cœur désolé, s'irrite encor pour elle.

Coucy sait à quel point j'adorais ses appas,

Quand ma jalouse rage ordonnait ton trépas;

Dévoré, malgré moi, du feu qui me possède,
Je l'adore encor plus... et mon amour la cède.
Je m'arrache le cœur, je la mets dans tes bras;
Aimez-vous : mais au moins ne me haissez pas.
NEMOURS, à ses pieds.
Moi vous hair jamais! Vendôme, mon cher frère!
J'osai vous outrager... vous me servez de père.
ADÉLAÏDE.

Oui, seigneur, avec lui j'embrasse vos genoux;
La plus tendre amitié va me rejoindre à vous.
Vous me payez trop bien de ma douleur soufferte
VENDÔME.

Ah! c'est trop me montrer mes malheurs et ma perte. Mais vous m'apprenez tous à suivre la vertu.

Ce n'est point à demi que mon cœur est rendu.
(A Nemours.)

Trop fortunés époux, oui, mon âme attendrie
Imite votre exemple, et chérit sa patrie.

Allez apprendre au roi, pour qui vous combattez,
Mon crime, mes remords, et vos félicités.
Allez; ainsi que vous, je vais le reconnaître.
Sur nos remparts soumis amenez votre maître;
Il est déja le mien : nous, allons à ses pieds
Abaisser sans regret nos fronts humiliés.
J'égalerai pour lui votre intrépide zèle;

Bon Français, meilleur frère, ami, sujet fidèle;
Es-tu content, Coucy?

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COUCY.

J'ai le prix de mes soins,

des Bourbons je n'attendais pas moins.

FIN D'ADELAIDE DU GUES CLIN.

Théâtre. 2.

20

D'ADELAIDE.

DANS l'édition de 1765, la scène commençait par ces vers?

Enfin c'est trop attendre; enfin je dois connaître,
Dans les derniers moments qui me restent peut-être,
Si, volant aux combats, j'y dois porter un cœur
Accablé d'infortune, ou fier de son bonheur.

2 VENDÔME.

Vous qui me tenez lieu de rois et de patrie,
Vous dont les jours....

3 Édition de 1765:

ADÉLAÏDE.

Je sais que je vous dois la vie.

Le Bourguignon, l'Anglais, dans leur triste alliance,
Ont creusé par nos mains les tombeaux de la France;
Votre sort est douteux, vos jours sont prodigués
Par vos vrais ennemis qui nous ont subjugués.
Songez qu'il a fallu trois cents ans de constance
Pour saper par degrés cette vaste puissance;
Le dauphin vous offrait une honorable paix.
VENDÔME

Non, de ses favoris je ne l'aurai jamais.
Ami, je hais l'Anglais; mais je hais davantage
Ces lâches conseillers dont la faveur m'outrage:
Ce fils de Charles six, cette odieuse cour,
Ce ministre insolent m'ont aigri sans retour;
De leurs sanglants affronts mon âme est trop frappée ;
Contre Charle, en un mot, quand j'ai tiré l'épée,

Ce n'est pas, cher Coucy , pour la mettre à ses pieds,
Pour baisser dans sa cour nos fronts humiliés,
Pour servir lâchement un ministre arbitraire.

COUCY.

Non, c'est pour obtenir une paix nécessaire.
Gardez d'être réduit au hasard dangereux....

+ Enflé de sa victoire et teint de votre sang,
Il m'ose offrir la main qui vous perça le flanc.

5 Mais je mériterais la haine et le mépris

Du héros dont mon cœur en secret est épris,
Si jamais d'un coup-d'oeil l'indigne complaisance
Avait à votre amour laissé quelque espérance.
Vous pensez que ma foi, ma liberté, mes jours,
Vous étaient asservis pour prix de vos secours.
6 COUCY.

Il a payé bien cher ce fatal sacrifice.

VENDÔME.

service :

Le mien coûtera plus; mais je veux ce
Oui, je le veux. Ma mort à l'instant le suivra,
Mais du moins avant moi mon rival périra.

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