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VENDÔME.

Je sais tout je sais qu'on me trahit.

Nemours, l'ingrat, le traître !

COUCY.

Eh quoi! qui vous a dit?

VENDÔME.

Avec quel artifice, avec quelle bassesse
Il ont trompé tous deux ma crédule tendresse !
Cruelle Adélaïde !

COUCY.

Ah! qu'entends-je à mon tour? Je vous parle de guerre, et vous parlez d'amour? Votre sort se décide, et vous brûlez encore ! Le roi sous ces remparts arrive avec l'aurore; La force et l'artifice ont uni leurs efforts; Le trouble est au dedans, le péril au dehors. Je vois des citoyens la constance ébranlée, Leur âme vers le roi semble être rappelée; Soit qu'enfin le malheur et le nom de ce roi Dans les cœurs fatigués retrouve un peu de foi, Soit que plutôt Nemours, en faveur de son maître, Ait préparé ce feu qui commence à paraître.

VENDÔME.

Nemours! de tous côtés le perfide me nuit.
Par-tout il m'a trompé, par-tout il me poursuit.
Mon frère !

COUCY.

Il n'a rien fait que votre heureuse audace
N'eût tenté dans la guerre, et n'eût fait à sa place.
Mais quoi qu'il ait osé, quels que soient ses desseins,
Songez à vous, seigneur, et faites vos destins.
Vous pouvez conjurer ou braver la tempête ;
Quoi que vous ordonniez, ma main est toute prête.
Commandez; voulez-vous, par un secret traité,
Apaiser avec gloire un monarque irrité?

Je me rends dans son camp, je lui parle, et j'espère
Signer en votre nom cette paix salutaire.

Voulez-vous sur ces murs attendre son courroux?
Je revole à la brèche, et j'y meurs près de vous.
Prononcez, mais sur-tout songez que le temps presse.

VENDÔME.

Oui, je me fie à vous, et jai votre promesse
Que vous immolerez à mon amour trahi

Le rival insolent pour qui j'étais haï

Allez venger ma flamme, allez servir ma haine.
Le lâche est découvert, on l'arrête, on l'entraîne;
Je le mets dans vos mains, et vous m'en répondez.
Conduisez-le à la tour, où vous seul commandez;
Là, sans perdre de temps, qu'on frappe ma victime;
Dans son indigne sang lavez son double crime.
On l'aime, il est coupable, il faut qu'il meure; et moi,
Je vais chercher la mort, ou la donner au roi.

COUCY.

L'arrêt est-il porté ?... Ferme en votre colère,
Voulez-vous en effet la mort de votre frère?

VENDÔME.

Si je la veux, grand Dieu! s'il la sut mériter,
Si ma vengeance est juste, en pouvez-vous douter?

COUCY.

Et vous me chargez, moi, du soin de son supplice!
VENDÔME.

Oui, j'attendais de vous une prompte justice,
Mais je n'en veux plus rien, puisque vous hésitez;
Vos froideurs sont un crime à mes vœux irrités.
J'attendais plus de zèle, et veux moins de prudence,
Et qui doit me venger me trahit, s'il balance.

Je suis bien heureux, bien digne de pitié!
trahi dans l'amitié!

Trahi dans mon amour,

Ah! trop heureux dauphin, que je te porte envie !
Ton amitié du moins n'a pas été trahie;

Et Tanguy du Châtel, quand tu fus offensé,
T'a servi sans scrupule, et n'a pas balancé.

Allez, Vendôme encor, dans le sort qui le presse,
Trouvera des amis qui tiendront leur promesse.
D'autres me vengeront, et n'allègueront pas
Une fausse vertu, l'excuse des ingrats.

COUCY.

Non, prince, je me rends, et, soit crime ou justice,
Vous ne vous plaindrez pas que Coucy vous trahisse.
Je ne souffrirai pas que d'un autre que
moi,

Dans des pareils moments, vous éprouviez la foi ;
Et vous reconnaîtrez, au succès de mon zèle,
Si Coucy vous aimait, et s'il vous fut fidèle.

VENDÔME.

Ah! je vous reconnais : vengez-moi, vengez-vous.
Perdez un ennemi qui nous trahissait tous.
Qu'à l'instant de sa mort, à mon impatience
Le canon des remparts annonce ma vengeance.
Courez : j'irai moi-même annoncer son trépas
A l'odieux objet dont j'aimai les appas.

Volez que vois-je ? arrête. Hélas! c'est elle encore.

SCÈNE VI.

VENDOME, COUCY, ADÉLAIDE.

ADÉLA D'E.

ÉCOUTEZ-MOI, Coucy; c'est vous seul que j'implore. VENDÔME, à Coucy.

Non, fuis: ne l'entends pas, ou tu vas me trahir; Fuis.... mais attends mon ordre avant de me servir.

ADÉLAÏDE, à Coucy.

Quel est cet ordre affreux ? cruel! qu'allez-vous faire?

COUCY.

Croyez-moi, c'est à vous de fléchir sa colère;
Vous pouvez tout.

SCÈNE VII.

VENDOME, ADELAIDE.

ADÉLAÏDE.

CRUEL! pardonnez à l'effroi

Qui me ramène à vous, qui parle malgré moi.
Je n'en suis pas maîtresse ; éplorée et confuse,
Ce n'est pas que d'un crime, hélas! je vous accuse:
Non, vous ne serez point, seigneur, assez cruel
Pour tremper votre main dans le sang fraternel.
Je le crains cependant : vous voyez mes alarmes;
Ayez pitié d'un frère, et regardez mes larmes.
Vous baissez devant moi ce visage interdit!
Ah ciel! sur votre front son trépas est écrit !
Auriez-vous résolu ce meurtre abominable?

VENDÔME.

Oui, tout est préparé pour la mort du coupable.

Quoi! sa mort!

ADÉLAÏDE.

VENDÔME.

Vous pouvez disposer de ses jours:

Sauvez-le, sauvez-moi....

ADÉLAÏDE.

Je sauverais Nemours!

Ah! parlez, j'obéis: parlez, que faut-il faire ?

VENDÔME.

Je ne puis vous haïr, et, malgré ma colère,
Je sens que vous régnez dans ce cœur ulcéré,
Par vous toujours vaincu, toujours désespéré.
Je brûle encor pour vous, cruelle que vous êtes.
Écoutez; mes fureurs vont être satisfaites;
Et votre ordre à l'instant suspend le coup mortel.
Voilà ma main; venez, sa grace est à l'autel.

ADÉLAÏDE.

Moi, seigneur !

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Je consens.... de périr par vos mains.

Rien ne vous lie à moi, je vous suis étrangère;
Baignez-vous dans mon sang, mais sauvez votre frère;
Ce frère en son enfance avec vous élevé,

Qu'au péril de vos jours vous eussiez conservé,
Que vous aimiez, hélas! qui sans doute vous aime.
Que dis-je? en ce moment n'en croyez que vous-même :
Rentrez dans votre cœur, examinez les traits
Que la main du devoir y grava pour jamais.
Regardez-y Nemours.... voyez s'il est possible
Qu'on garde à ce héros un courroux inflexible,
Si l'on peut le haïr........

VENDÔME.

Ah! c'est trop me braver :
Et c'est trop me forcer moi-même à m'en priver.
Votre amour le condamne, et ce dernier outrage
A redoublé son crime, et ma honte, et ma rage.
Je vais....

ADÉLAÏDE.

Au nom du Dieu que nous adorons tous Seigneur, écoutez-moi....

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