페이지 이미지
PDF
ePub

ZÉLIDE.

Il a fait son devoir; mon cœur en est touché.

PANOPE.

Des mages de Memphis il brava la colère.
Depuis que ces tyrans ont détrôné les rois,
Depuis qu'ils ont versé le sang de votre père,
Il s'éleva contre eux, il défendit vos droits.
Il a conduit vos pas : il vous aime; il espère
Vous mériter par ses exploits.

ZÉLIDE.

Malgré tous ses efforts, errante, poursuivie,
Je périssais près de ces lieux :

Lui-même allait tomber sous un joug odieux.
Nous devons à Tanis la liberté, la vie.
Que Tanis est graud à mes yeux!

PANOPE.

L'estime et la reconnaissance

Sont le juste prix des bienfaits;

Mais de simples bergers pourront-ils à jamais Des tyrans de Memphis braver la violence? Votre trône est tombé; vous n'avez plus d'amis. Quelle est encor votre espérance?

ZÉLIDE.

Au seul bras de Tanis je dois ma délivrance. J'espère tout du généreux Tanis.

SCÈNE II.

ZELIDE, PANOPE; LES BERGERS, armés de lances, entrent avec les Bergères, qui portent des houlettes et des instruments de musique champêtre.

CHOEUR DES BERGERS.

DEMEUREZ, régnez sur nos rivages;
Connaissez la paix et les beaux jours.
La nature a mis dans nos bocages
Les vrais biens ignorés dans les cours.
UNE BERGÈRE.

Sans éclat et sans envie,

Satisfaits de notre sort,

Nous jouissons de la vie;

Nous ne craignons point la mort.

L'innocence et le courage,
L'amitié, le tendre amour,
Sont la gloire et l'avantage
De ce fortuné séjour.

Danses.)

UN BERGER.

On peut nous charmer,

Jamais nous abattre :

Nous savons combattre,

Nous savons aimer.

CHOEUR.

Demeurez, régnez sur ces rivages;
Connaissez la paix et les beaux jours.
La nature a mis dans nos bocages
Les vrais biens ignorés dans les cours.

ZÉLIDE.

Pasteurs, heureux pasteurs, aussi doux qu'invincibles,
Vous qui bravez la mort, vous qui bravez les fers
De nos pontifes inflexibles,

Que j'aime vos riants déserts!

Que ce séjour me plaît! que Memphis est sauvage!
Comment avez-vous pu dans ce bois enchanté
Près des murs de Memphis, et près de l'esclavage,
Conserver votre liberté ?

Comment avez-vous pu vivre toujours sans maîtres,
Dans ces paisibles lieux ?

LES BERGERS.

Nous avons conservé les mœurs de nos ancêtres; Nous bravons les tyrans, et nous aimons nos dieux. ZÉLIDE.

Que de grandeur, ô ciel! dans la simple innocence! Respectables mortels! ciel heureux! jours sereins!

LES BERGERS.

C'est ainsi qu'autrefois vivaient tous les humains.
ZÉLIDE.

Mais Tanis parmi vous a-t-il quelque puissance?

LES BERGERS.

Dans notre heureuse égalité,

Tanis a sur nos cœurs la douce autorité

Que ses vertus et sa vaillance

N'ont que trop bien mérité.

SCÈNE III.

ZÉLIDE, TANIS, LE CHOEUR.

TANIS.

EST-IL possible, ô dieux ! Phanor ose entreprendre
D'exposer vos beaux jours à nos fiers ennemis!
Qu'iriez-vous faire, hélas! aux remparts de Memphis?
Quel sort y pouvez-vous attendre?

Nos campagnes, nos bois et nos cœurs sont à vous.
Faudra-t-il qu'un peuple perfide,

Que des mages sanglants, une cour homicide,
L'emportent sur des biens si doux?

ZÉLIDE.

Quoi! Phanor, après sa défaite,

Aux rivages du Nil ose-t-il retourner?
Ah! s'il me faut quitter cette aimable retraite,
Tanis veut-il m'abandonner?

TANIS.

Nous ne ravageons point la terre;

Nous défendons nos champs quand ils sont menacés.
Nous détestons l'horrible guerre:

Mais vous changez nos lois dès que vous paraissez.
Au bout de l'univers je suis prêt à vous suivre.
C'était peu de vous secourir;

C'est pour vous qu'il est doux de vivre,

Et c'est en vous vengeant qu'il est doux de mourir.

SCÈNE IV.

ZÉLIDE, TANIS, PHANOR, LE CHOEUR,

SUITE DE PHANOR.

PHANOR.

L'ENNEMI vient à nous, et pense nous surprendre.
C'est à vous de me seconder,

Tanis, et vous, bergers. Allez, allez défendre
Vos passages qu'il faut garder.

TANIS.

Nous n'avons pas besoin de votre ordre suprême;
Vous nous avez vus dans ces lieux

Délivrer la princesse, et vous sauver vous-même;
Et nous ne connaissons de maître que ses yeux.

PHANOR.

Je commande en son nom.

TANIS.

Que votre orgueil contemple

Et notre zèle et nos exploits;
Cessez de nous donner des lois,
Et recevez de nous l'exemple.

PHANOR.

Tanis, en d'autres temps votre témérité

Tiendrait un different langage.

TANIS.

En tous temps mon courage

Méprise et domte la fierté.

ZÉLIDE.

Arrêtez: quel transport à mes yeux vous divise?

« 이전계속 »