페이지 이미지
PDF
ePub

SCÈNE II.

TANIS, CLEOFIS.

CLÉOFIS.

QUOI! vous ne suivez point leurs pas?

TANIS.

Demeure, ne me quitte pas.

Tu connais ma secrète flamme:

Connais le trouble affreux qui déchire mon âme.

CLÉOFIS.

Redoutez-vous Phanor?

TANIS.

Dans mes troubles cruels,

Tout m'alarme auprès de Zélide.
Ami, le plus fier des mortels

Devient l'amant le plus timide.

Je crains ce que j'adore, et tout me fait trembler.
Mes yeux sont éblouis : j'hésite, je chancelle;
Mon cœur parle à ses yeux, ma voix n'ose parler.
Je nourris en secret le feu qui me dévore;
Et lorsque le sommeil vient calmer ma douleur,
Les dieux la redoublent encore.

Osiris m'apparaît précédé des éclairs.

Dans le sein de la nuit profonde,
Autour de lui la foudre gronde;
Neptune soulève son onde;

Les noirs abîmes sont ouverts.

Qu'ai-je donc fait aux dieux ? quelle menace horrible!

CLÉOFIS.

Osiris vous protège : il a conduit vos pas.

C'est lui qui vous rend invincible;

Il vous avertissait : il ne menaçait pas.

TANIS.

Osiris, tu connais comme on aime.

Isis, au céleste séjour,

La seule Isis fait ton bonheur suprême. Dicux qui savez aimer, favorisez l'amour!

(Pendant que Tanis fait cette prière aux dieux, Isis et Osiris descendent dans un nuage brillant.)

SCÈNE III.

ISIS ET OSIRIS dans le nuage, TANIS, CLEOFIS.

ISIS et OSIRIS.

L'AMOUR te conduira dans la cité barbare

Où les mages donnent la loi :

Soutiens le sort affreux que l'Amour t'y prépare,
Et vois le trépas sans effroi.

SCÈNE IV.

TANIS, CLEOFIS.

TANIS.

DE quel trouble nouveau je sens mon âme atteinte!

CLÉOFIS.

De quelle horreur je suis surpris.

TANIS.

Pour braver les dangers, et voir la mort sans crainte,

Mon cœur n'attendait pas l'oracle d'Osiris;

Mais pour mes tendres feux quei funeste présage!

Quel oracle pour un amant!

O dieux, dont Zélide est l'image,

Peut-on vous déplaire en l'aimant?

SCÈNE V.

TANIS, ZELIde.

TANIS.

PRINCESSE, dans mes yeux vous lisez mon offense; Mon crime éclate devant vous.

Je crains la céleste vengeance;

Mais je crains plus votre courroux.
ZÉLIDE.

J'ignore à quels desseins votre cœur s'abandonne.
Je vois en vous mon défenseur.

S'il est un crime au fond de votre cœur,
sens que le mien vous pardonne.

Je

TANIS.

Un berger vous adore, et vous lui pardonnez!

Ah! je tremblais à vous le dire.

J'ai bravé les fronts couronnés,

Et leur éclat, et leur empire.

Mon orgueil me trompait ; j'écoutai trop sa voix.
Cet orgueil s'abaisse; il commence,

Depuis le jour que je vous vois,

A sentir qu'entre nous il est trop de distance.

ZÉLIDE.

Il n'en est point, Tanis, et s'il en eût été,
L'amour l'aurait fait disparaître.

Ce n'est

pas des grandeurs où les dieux m'ont fait naître Que mon cœur est le plus flatté.

TANIS.

L'amant que votre cœur préfère

Devient le premier des humains.
Vous voir, vous adorer, vous plaire,
Est le plus brillant des destins.

Mais quand vous m'êtes propice,
Le ciel paraît en courroux;
J'aurais cru que sa justice

Pensait toujours comme vous.
ZÉLIDE.

Non, je ne puis douter que le ciel ne vous aime.

TANIS.

Je viens d'entendre ici son oracle suprême : L'Amour doit dans Memphis me punir à vos yeux,

ZÉLIDE.

Vous punir? vous, Tanis! quelle horrible injustice! Ah! que plutôt Memphis périsse!

Évitons ces murs odieux,

Évitons cette ville impie et meurtrière.

Je renonce à Memphis, je demeure en ces lieux;
Vos lois seront mes lois, vos dieux seront mes dieux;
Tanis me tiendra lieu de la nature entière :

Je n'y vois plus rien que nous deux.

[blocks in formation]

Osiris que l'amour engage,

Toujours aimé d'Isis, et toujours amoureux,

Nous serons fidèles, heureux,

Dans cet obscur bocage,

Comme vous l'êtes dans les cieux.

SCÈNE VI.

ZÉLIDE, TANIS, PHANOR.

PHANOR.

ZÉLIDE, inhumaine! cruelle!

C'est ainsi que je suis trahi!

J'avais tout fait pour vous; l'amour m'en a puni.
Sous les lois d'un pasteur un vil amour vous range!
Ah! si vous ne craignez, dans vos indignes fers,
Les reproches de l'univers,

Craignez au moins que je me venge.

Vous venger! et de qui?

TANIS.

ZÉLIDE.

Calmez ce vain courroux :

Je ne crains l'univers ni vous.

Je dois avouer que je l'aime.
Prétendez-vous forcer un cœur

Qui ne dépend que de lui-même ?

Êtes-vous mon tyran plus que mon défenseur?
Pardonnez à l'Amour : il règne avec caprice;
Il enchaîne à son choix

Les cœurs des bergers et des rois.
Un berger tel que lui n'a rien dont je rougisse.

PHANOR

Ah! je rougis pour vous de votre aveuglement.
Mais frémissez du tourment qui m'accable;
Vous avez fait du plus fidèle amant

L'ennemi le plus implacable.

L'asile où l'on trahit ma foi

T

« 이전계속 »