SCÈNE I. ZÉLIDE, TANIS. ZÉLIDE. La mort en ces lieux nous rassemble; Le sacrifice est prêt; nous périrons ensemble. TANIS. Zélide, calmez vos terreurs. ZÉLIDE. Nos cruels tyrans sont vainqueurs : A peine on voit de loin paraître nos pasteurs; TANIS. Il méritait la mort, il vous avait trahie. ZÉLIDE. Vous êtes seul et désarmé, Et votre cœur est sans alarmes! TANIS. Je vous aime, je suis aimé : L'amour et les dieux sont mes armes. ZÉLIDE. Tanis, mon cher Tanis, sans vous, sans nos amours, Je braverais la mort qui me menace. Mais ces mages sanglants sont maîtres de vos jours; Nous sommes enchaînés : vous êtes sans secours. TANIS ET ZÉLIDE. ACTE V, SCÈNE I. 377 TANIS Nos chaînes vont tomber; tout va changer de face. ZÉLIDE. Quoi! les dieux à ce point voudraient nous protéger! TANIS. Moi fuir, quand je puis vous venger! N'abusez point de la faveur céleste; Elle obéit à moi. TANIS. ZÉLIDE. Ciel! qu'est-ce que j'entends? TANIS. D'Isis et d'Osiris les destins m'ont fait naître. ZÉLIDE. Ah! vous êtes du sang des dieux? Vous savez assez qu'à mes yeux Vous seul étiez digne d'en être. TANIS. Ils daignaient m'éprouver par les plus rudes coups: Qu'après m'avoir enfin rendu digne de vous. Nous séparaient par un barbare effort, J'ai revu mes dieux tutélaires; Ils m'ont appris ma gloire, ils ont changé mon sort; Vous allez remonter au rang de vos ancêtres; ZÉLIDE. Un si grand changement est digne de vos mains. Hélas! je vous aime, et je crains... TANIS Ils trembleront bientôt, ces tyrans si terribles. SCÈNE II. TANIS, ZÉLIDE, OTOÈS, LES MAGES, LE PEUPLE. OTOÈS. PEUPLES, prosternez-vous; terre entière, adorez Ces audacieux coupables TANIS. Osiris, mon père, frappez; Lancez du haut des cieux vos traits inévitables. (Des flèches lancées par des mains invisibles percent les monstres qui se sont répandus sur la scène.) LES MAGES. O ciel! se peut-il concevoir Qu'on égale notre pouvoir! OTOÈS. Art terrible et divin, déployez vos prodiges; Sortez des gouffres des enfers, Du brûlant Phlégéton flammes étincelantes! (On voit s'élever des tourbillons de flammes.) TANIS. Cieux, à ma voix, soyez ouverts! Torrents suspendus dans les airs, Venez, et détruisez ces flammes impuissantes! (Des cascades d'eau sortent des obélisques du temple, et éteignent les flammes.) CHOEUR DU PEUPLE. O ciel! dans ce combat quel dieu sera vainqueur? OTOÈS. Vous osez en douter! Que la voix du tonnerre TANIS. Les dieux t'ont exaucé, mais c'est pour ton supplice. L'enfer va succomber, et ton pouvoir finit. CHOEUR DU PEUPLE. Ah! les dieux de Tanis sont nos dieux légitimes. (Le tonnerre tombe; l'autel et les mages sont renversés.) TANIS. Autels sanglants, prêtres chargés de crimes, Soyez détruits, soyez précipités Dans les éternels abîmes Du Ténare dont vous sortez. 380 TANIS ET ZÉLIDE. ACTE V, SCÈNE III. SCÈNE III. LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, LES BERGERS. TANIS, aux bergers, qui paraissent armés sur la scène. Le ciel a prévenu vos cœurs et vos exploits. Il n'appartient qu'aux dieux de rétablir les rois. (Danses.) LE CHOEUR. Régnez tous deux dans une paix profonde, TANIS Le calme succède à la guerre. De nouveaux cieux, une nouvelle terre, Sur les pas des Vertus les Plaisirs vont paraître : (Danses.) LE CHOEUR répète. Régnez tous deux dans une paix profonde, Fille des rois, enfant des dieux, FIN DU SECOND VOLUME. |