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Il reçoit votre foi qu'à regret je lui porte;

Je règle votre suite; il nomme son escorte.

ll' va paraître ?

ALCMÉON.

POLÉMON.

Il vient; mais a-t-il mérité

Que vous lui conserviez tant de fidélité?

Doit-on rien aux méchants? et quel respect frivole

Expose votre sang...

ALCMÉON.

J'ai donné ma parole.

POLÉMON.

A qui la tenez-vous? A ce perfide?

ALCMÉON.

A moi.

THEANDRE.

Et que prétendez-vous?

ALCMÉON.

Me venger,

mais en roi.

Argos à mes vertus reconnaîtra son maître.

Mais près du temple, ami, ne vois-je pas le traître ?

THÉANDRE.

Un dieu poursuit ses pas et le conduit ici :

Il entre en frémissant.

ALCMÉON.

Dieux vengeurs! le voici.

SCÈNE III.

HERMOGIDE, dans le fond du théâtre, ALCMEON, THEANDRE, POLÉMON, sur le devant, SUITE

D'HERMOGIDE.

HERMOGIDE.

D'où vient donc qu'en ces lieux je ne vois pas la reine? Quel silence! est-ce un piège où mon destin m'entraîne? Rien ne paraît un lâche a-t-il surpris ma foi?

Qui? moi, craindre! avançons.

ALCMÉON.

Demeure, et connais-moi, 23

Connais ce fer sacré : l'oses-tu voir encore?

HERMOGIDE.

Oui, c'est le fer d'un roi qu'un sujet déshonore.

ALCMÉON.

Te souvient-il du sang dont l'a souillé ta main?

HERMOGIDE.

Peux-tu bien demander...

ALCMÉON.

Malheureux assassin,

Quel esclave a percé ces mains de sang fumantes?
Quel enfant innocent... Eh quoi! tu t'épouvantes?
Tu t'en vantais tantôt, tu te tais, tu frémis!
Meurtrier de ton roi, sais-tu quel est son fils?

HERMOGIDE.

Ciel! tous les morts ici renaissent pour ma perte.

Son fils!

ALCMÉON.

De tes forfaits l'horreur est découverte;

Revois Amphiaraüs, vois son sang, vois ton roi.

HERMOGIDE.

Je ne vois rien ici que ton manque de foi.
Tremble, qui que tu sois; et devant que je meure,
Puisque tu m'as trahi...

ALCMÉON.

Non, barbare, demeure.

Connais-moi tout entier : sache au moins que mon bras
Ne sait point se venger par des assassinats.

Je dois de tes forfaits te punir avec gloire;
J'attends ton châtiment des mains de la victoire;
Et ce sang de tes rois, qui te parle aujourd'hui,
Ne veut qu'une vengeance aussi noble que lui.
Sans suite, ainsi que moi, viens, si tu l'oses, traître,
Chercher encor ma vie, et combattre ton maître.
Suis mes pas.

HERMOGIDE.

Où vas-tu?

ALCMÉON.

Sur ce tombeau sacré,

Sur la cendre d'un roi par tes mains massacré.
Combattons devant lui, que son ombre y décide
Du sort de son vengeur et de son homicide.
L'oses-tu?

HERMOGIDE.

Si je l'ose! en peux-tu bien douter?

Et les morts ou ton bras sont-ils à redouter?
Viens te rendre au trépas; viens, jeune téméraire,.
M'immoler ou mourir, joindre ou venger ton père.

ALCMÉON.

(Le grand-prêtre entre.)

Qu'aucun de vous ne suive. Et vous, prêtre des dieux,
Ne craignez rien; mon bras n'a point souillé ces lieux.
Allez au dieu d'Argos immoler vos victimes;
Je vais tenir sa place en punissant les crimes.

SCÈNE IV.

LE GRAND-PRÊTRE, THÉANDRE, POLÉMON

THÉANDRE.

CIEL, sois pour la justice, et nos maux sont finis.

LE GRAND-PRÊTRE.

Nos maux sont à leur comble! il le faut... je frémis... 24
L'ordre est irrévocable... Ah! mère malheureuse!
C'est la mort qui t'amène à cette tombe affreuse.

Hermogide...

C'en est assez,

THÉANDRE.

LE GRAND-PRÊTRE.

Il expire: Alcméon est vainqueur.
reviens, fuis de ce lieu d'horreur :
Amphiaraüs te suit; il t'égare, il t'anime,
Il t'aveugle, et le crime est puni par le crime.

THÉANDRE.

C'est la voix de la reine.

POLÉMON.

Ah! quels lugubres cris!

LE GRAND-PRÊTRE.

Crains ton roi, crains ton sang.

ÉRYPHILE, derrière le théâtre.

Epargne-moi, mon fils!

ALCMÉON, derrière le théâtre.

Reçois le dernier coup, tombe à mes pieds, perfide. (On entend un cri d'Éryphile. )

Ciel! qu'est-ce que j'entends?

LE GRAND-PRÈTRE.

La voix du parricide.

SCENE V.

ALCMEON, THEANDRE, LE GRAND-PRÊTRE,

POLÉMON.

ALCMÉON.

Je viens de l'immoler : il n'est plus; je suis roi.
Dieux! dissipez l'horreur qui s'empare de moi.
Mon bras vous a vengés, vous, ce peuple et mon père;
Hermogide est tombé, même aux pieds de ma mère ; 25
Il demandait la vie; il s'est humilié;

Et mon cœur une fois s'est trouvé sans pitié.
Rendez-moi cette paix que la justice donne!
Quoi! j'ai puni le crime, et c'est moi qui frissonne !
Ah!
pour les scélérats quels sont vos châtiments,
Si les cœurs vertueux éprouvent ces tourments?
Éryphile, témoin de ma juste vengeance,

Viens régner avec moi. Quoi! tu fuis ma présence?
Tu crains ton fils : tu crains ce bras ensanglanté,
Et cet horrible arrêt que le ciel a dicté.

Vous, courez vers la reine et calmez ses alarmes;
Dites-lui que nos mains vont essuyer ses larmes :
Mais non, je veux moi-même embrasser ses genoux.
Allons, je veux la voir....

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