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SCÈNE VI.

ÉRYPHILE, soutenue par ses femmes, ALCMÉON, LE GRAND-PRÊTRE, THEANDRE, POLEMON,

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Je vais mettre à ses pieds le prix de mon courage;
Oui, je veux... quel objet!... que vois-je?

ÉRYPHILE.

Ton ouvrage.

Les oracles cruels enfin sont accomplis,
Et je meurs par tes mains quand je retrouve un fils;

Le ciel est juste. 27

ALCMÉON.

Ah dieux! parricide exécrable! Vous, ma mère! elle meurt... et j'en serais coupable! Non, je ne le suis pas, dieux cruels! et mon bras

Dans mon sang à vos yeux...

(On le désarme.)

ÉRYPHILE.

Mon fils, n'achève pas.

Je péris par ta main; ton cœur n'est pas complice.
Les dieux t'ont aveuglé pour hâter mon supplice.
Je meurs contente... approche... Après tant d'attentats,
Laisse-moi la douceur d'expirer dans tes bras.

(Il se jette aux genoux d'Éryphile.

Indigne que je suis du sacré nom de mère,
J'ose encor te dicter ma volonté dernière.

Il faut vivre et régner : le fils d'Amphiaraüs
Doit réparer ma vie à force de vertus.

Un moment de faiblesse, et même involontaire,
A fait tous mes malheurs, a fait périr ton père.
Souviens-toi des remords qui troublaient mes esprits :
*Souviens-toi de ta mère... ô mon fils... mon cher fils..
C'en est fait... 28

ALCNÉON.

Elle expire... impitoyable père !

Sois content : j'ai tué ton épouse et ma mère.
Viens combler nos forfaits, viens la venger sur moi;
Viens t'abreuver du sang que j'ai reçu de toi.

Je renonce à ton trône, au jour que je déteste,
A tous les miens... ta tombe est tout ce qui me reste.
Mânes qui m'entendez, dieux, enfers en courroux,
* Je meurs au sein du crime, innocent malgré vous!

FIN D'ÉRYPHILE.

VARIANTES

D'ÉRYPHILE.

I

CET enfant par mes mains à la mort arraché,
Ce présent des destins, chez vous long-temps caché,
Par des exploits sans nombre aujourd'hui justifie
L'œil pénétrant des dieux qui veilla sur sa vie.
2 THÉANDRE.

Qu'avec étonnement cependant je contemple
Les couronnes de fleurs dont vous parez le temple!
La publique allégresse ici parle à mes yeux
Du bonheur de la terre et des faveurs des dieux.

LE GRAND-PRÊTRE.

La Grèce ainsi l'ordonne; et voici la journée
Que pour ce nouveau choix elle a déterminée.
Hermogide, et les rois d'Élide et de Pylos,
Qui briguaient cet hymen et désolaient Argos,
Suspendant aujourd'hui leur discorde et leur haine,
Ont remis leurs destins à la voix de la reine;
Elle doit en ces lieux disposer de sa foi,
Se choisir un époux et nous donner un roi.

THÉANDRE.

O ciel! souffririez-vous que le traître Hermogide
Reçût ce noble prix d'un si lâche homicide?

LE GRAND-PRÊTRE.

La reine hésite encore, et craint de déclarer
Celui que de son choix elle veut honorer.
Mais quel que soit enfin le dessein d'Éryphile,
Les temps sont accomplis; son choix est inutile.
Théâtre.

2.

5

THÉANDRE.

Pour un hymen, grands dieux, quel étrange appareil!
Ce matin, devançant le retour du soleil,

J'ai vu dans ce palais la garde redoublée;
La reine était en pleurs, interdite, troublée;
Dans son appartement elle n'osait rentrer:
Une secrète horreur semblait la pénétrer.

Elle invoquait les dieux, et, tremblante, éperdue,
De son premier époux embrassait la statue.

3 Vous êtes libre enfin.

ÉRYPHILE.

La liberté, la paix,

Dans mon cœur déchiré ne rentreront jamais.

ZÉLONIDE.

Aujourd'hui cependant, maîtresse de vous-même,
Vous pouvez disposer de vous, du diadème.
Songez.

...

4 D'un autre hymen alors on m'imposa la loi;
On demanda mon cœur : il n'était plus à moi.
Il fallut étouffer ma passion naissante,
D'autant plus forte en moi, qu'elle était innocente,
Que la main de mon père avait formé nos nœuds,
Que mon sort en changeant ne changea point mes feux;
Et qu'enfin le devoir, armé pour me contraindre,
Les ayant allumés, eut peine à les éteindre.
Cependant, tu le sais, Athènes, Sparte, Argos
Envoyèrent à Thèbe un peuple de héros.
Mon époux y courut; le jaloux Hermogide
S'éloigna sur ses pas des champs de l'Argolide;
Je reçus ses adieux : ô funestes moments,
Cause de mes malheurs, source de mes tourments!
Je crus pouvoir lui dire, en mon désordre extrême,
Que je serais à lui si j'étais à moi-même.
J'en dis trop, Zélonide; et, faible que je suis,

Mes yeux mouillés de pleurs expliquaient mes ennuis.

De mes soupirs honteux je ne fus pas maîtresse;
Même en le condamnant je flattais sa tendresse.
J'avouais ma défaite....

5 Plus terrible qu'eux tous, plus grand, plus dangereux,
Sûr de ses droits au trône, et fier de ses aïeux,
Mêlant à ses forfaits la force et le courage,
Et briguant à l'envi ce sanglant héritage,
Le barbare Hermogide. . . .

6 Je chérissais mon fils: la crainte et la tendresse
De mes sens désolés partageaient la faiblesse.
Mon fils me consolait de la mort d'un époux :
Mais il fallait le perdre ou mourir par ses coups.
Trop de crainte peut-être. . . .

7 On ne s'étonne point que l'heureux Hermogide
L'emporte sur les rois de Pylos et d'Élide;

Il est du sang des dieux et de nos premiers rois.
Puisse-t-il mériter l'honneur de votre choix !
Ce choix sans doute....

› Préférer à des rois un simple citoyen! Déshonorer le trône!

ÉRYPHILE.

Il en est le soutien;

Et le sang dont il est fût-il plus vil encore,

Je ne vois point de rang qu'Alcméon déshonore.
En de si pures mains.

...

9 Devons-nous redouter un fantôme odieux ?
Vivant, je l'ai vaincu : mort, est-il dangereux? (1)
D'un œil indifférent voyons ces vains prodiges.
Que peuvent contre nous les morts et leurs prestiges?

10 Tel est l'esprit du peuple endormi dans l'erreur;
Un prodige apparent, un pontife en fureur,

(1) Dans Alzire, Gusman, en parlant de Zamore: Vivant, je l'ai vaincu mort, doit-il être à craindre?

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