페이지 이미지
PDF
ePub

THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY.

ASTOR, LENOX AND TILDEN FOUNDAT

[graphic][subsumed][subsumed]

TRAGÉDIE. (*)

ACTE PREMIER.

SCÈNE I

LE GRAND-PRÊTRE, THEANDRE,
SUITE DU GRAND-PRÊTRE.

LE GRAND-PRÊTRE.

ALLEZ, ministres saints, annoncez à la terre
La justice du ciel et la fin de la guerre.

Des pompes de la paix que ces murs soient parés.

Quelle paix! dieux vengeurs!... Théandre, demeurez.

Le sort va s'accomplir : la sagesse éternelle

A béni de vos soins la piété fidèle. '
Alcméon désormais est le soutien d'Argos;

La victoire a suivi le char de ce héros;

Et lorsque devant lui deux rois vaincus fléchissent,
De sa gloire sur vous les rayons rejaillissent:

Alcméon dans Argos passe pour votre fils.

(*) Om a indiqué par des astérisques les vers d'Éryphile que Voltaire a placés dans d'autres tragédies.

THÉANDRE.

Depuis qu'entre mes mains cet enfant fut remis,
Ses vertus m'ont donné des entrailles de père.
Je m'indigne en secret de son destin sévère;
J'ose accuser des dieux l'irrévocable loi
Qui le fit naître esclave avec l'âme d'un roi,
Qui se plut à produire au sein de la bassesse
Le plus grand des héros dont s'honora la Grèce.
LE GRAND-PRÊTRE.

Aux yeux des immortels et devant leur splendeur,
Il n'est point de bassesse, il n'est point de grandeur.
Le plus vil des humains, le roi le plus auguste,
Tout est égal pour eux; rien n'est grand que le juste.
Quels que soient ses aïeux, les destins aujourd'hui
De leurs ordres sacrés se reposent sur lui.
Songez à cet oracle, à cette loi suprême.

Que la reine autrefois a reçu des dieux même :
« Lorsqu'en un même jour deux rois seront vaincus,
«Tes mains prépareront un second hyménée :
« Ces temps, ce jour affreux feront la destinée
« Et des peuples d'Argos, et du sang d'Inachus. >>>
Ce jour est arrivé. Votre élève intrépide
A vaincu les deux rois de Pylos et d'Elide.
Tous vos chefs divisés qui désolaient Argos,
Ce puissant Hermogide et tous ces rois rivaux,
Dans une ombre de paix ont assoupi leur haine,
Ils ont remis leur sort à la voix de la reine;
Et l'hymen d'Eryphile est bientôt déclaré.
Vous, si du dernier roi le nom vous est sacré,
D'Amphiaraus encor si vous aimez la gloire,
Si ce roi malheureux vit dans votre mémoire,

Dans le cœur d'Alcméon gravez ces sentiments:
Conduisez sa vertu... mais tremblez...

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Qui va redemander le sang de votre maître.

La vengeance implacable et qui marche à pas lents
Descend du haut des cieux après plus de quinze ans.
Gardez que d'Alcméon le courage inutile

Contre ces dieux vengeurs ne protège Eryphile.
THÉANDRE.

Quoi! ce jour qui semblait marqué par leurs bienfaits...
LE GRAND-PRÈTRE.

Jamais jour ne sera plus terrible aux forfaits:
Il faut d'Amphiaraüs venger la mort funeste;
Dans une obscure nuit les dieux cachent le reste.

THÉANDRE.

Il n'est donc que trop vrai : ce prince infortuné,
Ce grand Amphiaraüs est mort assassiné.
Quoi! sa femme elle-même aurait pu... la barbare!
Hélas! quand de bons rois le ciel toujours avare
A ses tristes sujets ravit Amphiaraüs,

Il m'en souvient assez; un murmure confus,
Quelques secrètes voix que je croyais à peine
De cette mort funeste osaient charger la reine.
Mais quel mortel hardi pouvait jeter les yeux
Dans la nuit qui couvrait ce mystère odieux?
Nos timides soupçons ont tremblé de paraître;
Ce bruit s'est dissipé.

« 이전계속 »