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avons tous mérité, Christ le souffre pour nous, afin que si nous sommes solidaires de son sacrifice, nous puissions aussi être solidaires de sa glorification. - Devant ce dévouement moral absolu, Dieu intervient souverainement, il annule les effets de la mort et accorde à Jésus-Christ la résurrection.

La croix se présente donc à nous comme un moyen pédagogique de salut, le plus excellent et celui qui témoigne le plus de l'amour de Dieu.

Mais l'acte de Jésus-Christ ne prend de valeur que pour autant que l'homme y souscrit. L'homme a une œuvre à faire pour son salut c'est de lui en fin de compte qu'il dépend, seulement il en est d'autant plus responsable que maintenant l'initiative divine l'a atteint et se propose à lui.

Jésus a commencé par réveiller la conscience du pécheur; l'homme ressent vivement son péché, il en souffre et désire ardemment en être délivré. La croix se présente à ses yeux : s'il a confiance en Jésus-Christ, s'il s'est uni à lui par la foi, il y trouvera un moyen de salut. La foi au Crucifié lui donnera de pouvoir être participant de l'œuvre accomplie par Christ; avec lui il mourra au péché et obtiendra le pardon, mais en même temps que la paix, ce pardon lui inspirera une profonde horreur pour le péché qui a nécessité un si grand sacrifice, et l'homme comprendra l'amour de Jésus qui a pris sur la croix la place que lui pécheur devrait occuper.

Il y a plus encore si le croyant meurt avec Christ, il revivra avec lui: solidaire, il le sera jusqu'au bout et recevra la grâce complète, après le pardon, la régénération et la sanctification l'homme nouveau se fonde sur les dépouilles de l'ancien et vit, se développe par l'union intime avec le Ressuscité.

Ainsi, après avoir vu Jésus rendre la conversion nécessaire, puis possible, nous le voyons maintenant par son œuvre et par le don de lui-même, en faire une réalité accessible à tous les hommes.

IV. Jésus-Christ revendique ce rôle.

Nous venons d'esquisser rapidement le rôle que Jésus prend dans la conversion individuelle, il nous reste à voir que ce n'est pas arbitrairement qu'on a donné au Sauveur cette place importante; lui-même l'a revendiquée, lui-même a voulu produire l'impression qu'il a produite.

La première preuve que nous en avons ressort de la comparaison qu'on peut faire entre lui et les prophètes. Tous veulent un redressement moral, mais tandis que pour le provoquer les prophètes se bornent à remettre leurs auditeurs devant la loi, Jésus se propose lui-même comme moyen de ce redressement, il réclame pour sa personne la même obéissance que pour son enseignement. Tandis que Jean-Baptiste s'écrie: « Il faut que je diminue », Jésus accorde toujours plus de place à sa personne « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». « Nul ne vient au Père que par moi ». « Hors de moi vous ne pouvez rien faire >>.

Jésus a voulu prendre une place prépondérante dans la conscience humaine : « Suis-moi », dit-il à plusieurs reprises; <«< Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés ». <«< Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive », etc. Son autorité est aussi grande, plus grande même que celle de la loi et des prophètes. « Il vous a été dit....., mais moi je vous dis..... ». « Je suis venu accomplir la loi et les prophètes >>.

Jésus enseigne encore à prier « en son nom ». Il réclame pour lui un amour plus grand que n'importe quelle autre affection humaine : «< celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de me suivre ».

Enfin, relevons les noms que Jésus prend de Fils, Fils de l'Homme, Christ, Messie, envoyé du Père, etc., qui doivent caractériser sa mission.

Il y aurait bien d'autres paroles à relever celles-ci suffisent

à montrer que le rôle que Jésus-Christ occupe pour les croyants a été voulu et réclamé par lui-même. Cependant il est encore nécessaire de montrer l'importance que Jésus attribue

à sa mort.

De bonne heure, Jésus a compris que sa carrière de Messie dévoué l'entraînerait à la mort, mais ce n'est qu'assez tard, depuis la scène de Césarée de Philippes, qu'il s'en ouvre à ses disciples et leur dévoile le sens de cette mort.

Dans l'entretien avec les fils de Zébédée, Jésus, après avoir montré ce qu'est la vraie grandeur et le dévouement, termine par ces mots : « Le Fils de l'Homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon (Avtpov) pour plusieurs ». Par ces mots, Jésus indique le résultat de son sacrifice; il ne faut pas donner au mot rançon une valeur juridique; pour nous, nous le comprenons comme un acte dont le bénéfice est au profit d'autrui. La mort de Jésus a dans sa pensée une conséquence bonne pour ceux qui s'y associeront. Puis lors de la Cène en prenant la coupe, Jésus dit: « ceci est le sang de l'alliance, répandu pour plusieurs pour la rémission des péchés » (Matth.). << ..... mon sang, répandu pour plusieurs» (Marc). « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est répandu pour vous » (Luc). Il y a toujours quelque chose de mystérieux dans ces paroles, elles sont trop succinctes, environnées de trop d'obscurités pour pouvoir être intégralement interprêtées. Malgré tout, malgré les différences qu'il y a entre elles, il reste ceci : la mort de Jésus, dans sa pensée, inaugure une nouvelle économie et a par elle-même une importance; elle est le moyen d'un but qui est de fonder une nouvelle alliance, une nouvelle relation entre les hommes qui y adhéreront (« répandu pour plusieurs ») et Dieu.

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V. Témoignage des croyants.

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Jésus joue donc un rôle central dans la conversion, non

seulement dans celle de ses contemporains, mais dans celle des croyants de tous les temps. Donnons-en quelques témoignages.

En premier lieu, le titre même qu'on a donné à JésusChrist de Fils de Dieu; cette qualité n'a pas été donnée au Sauveur d'abord par les théologiens, et si ceux-ci ont pris ce titre pour lui attribuer une portée métaphysique, c'est que, comme les simples croyants, ils avaient senti l'action divine que Jésus-Christ exerçait sur eux. Donner ce nom à JésusChrist, c'est rendre un témoignage que l'autorité de JésusChrist agit sur l'homme dans la même ligne que l'autorité divine, et a une influence prépondérante dans le salut.

Puis la place que l'église a de tout temps accordée à JésusChrist en le regardant comme son chef et son fondateur, le rôle que joue la croix, l'importance que les fidèles lui reconnaissent un des témoignages les plus importants à cet égard est celui des liturgies et de l'hymnologie chrétienne.

Mais en dehors de ces témoignages collectifs et anonymes, les chrétiens ont affirmé individuellement l'importance qu'ils accordaient à Jésus. Il suffit d'ouvrir le Nouveau Testament: chacun de ses livres renferme un grand nombre d'affirmations sur cet objet (Act. IV, 12; 1 Pier. I, 3; II, 4 et suivants; III, 18 et suivants. Jean XX, 31 et 1 Jean I, 17; II, 2; III, 5; IV, 9. Apoc. I, 6. Héb. VIII, 11-14.

-

3-11, etc., etc.).

Rom. VI,

Et en dehors de l'Evangile les témoignages sont semblables; dans chaque pays et à chaque époque, la même expérience de la rédemption en Christ s'est produite et si l'on consultait tous les martyrologes, toutes les autobiographies de chrétiens, bien plus, si l'on écoutait les actions de gràces, les prières des croyants les plus humbles, on retrouverait partout le même témoignage, le même cri de reconnaissance Ave crux, spes unica.

CONCLUSION

Les deux chapitres précédents exposent les conclusions de notre étude; une autre conclusion, cependant, plus générale et plus particulière à la fois, s'impose encore à nous : c'est celle concernant le point de vue pratique et actuel.

I. La conversion individuelle est une nécessité pour chacun : cela est aussi vrai de nos jours qu'aux premiers temps du christianisme, chaque homme a besoin d'un salut personnel : c'est ce qu'on est toujours tenté d'oublier et de remplacer par de simples croyances. Plusieurs causes y prêtent en premier lieu, la confusion complète qui existe entre la qualité de membre d'une église et celle de chrétien. Ensuite la prédication ellemême est responsable de cet état. D'une part, la prédication chrétienne ressemble à la prédication prophétique; on prêche le christianisme comme une loi à laquelle il faut revenir ou aller, comme si le christianisme était un corps de doctrines qu'il faut accepter intellectuellement et pour lequel une croyance suffit. Une chose nous a frappé en étudiant la conversion sous l'ancienne alliance: le rapport qu'il y a entre elle et la conversion pour beaucoup de chrétiens. Combien de gens se contentent de la repentance sans plus, au lieu d'aller jusqu'au bout, jusqu'au renoncement à soi-même, à la crucifixion du moi !

Dautre part, on prêche le résultat, les conséquences du christianisme en laissant de côté ce qui rend possible ces résultats, ce qui forme le centre et la puissance de l'Evangile. On prêche les vertus chrétiennes, l'imitation de Jésus-Christ,

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