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RATON.

Ah, quel chagrin !
Robin, ce Berger malin,
En me verfant du vin,
A fait un fortilege.

ROSETTE.

Que dis-tu donc ?

RATON.

J'aurai pris quelque poifon ;

Vous le dirai je?

Mon cœur eft comme un glaçon, Charmé de nos nœuds,

Mes feux

Faifaient mon bien fuprême ;

Mais à tant d'ardeur,

Succede la froideur.

ROSETTE.

Reprens tes efprits,

Mon fils,

Tu fais combien je t'aime.

RATON.

C'eft quelque Jaloux

Qui jette un fort fur nous.

Je m'affaiblis,

Malgré moi je m'assoupis,

De mes fens dépéris

A peine ai-je l'ufage.

ROSETTE.

Je vous plains fort;
En me parlant il s'endort.
Ah! quel dommage!

C'est un fort,

Il n'a pas tort.

Cette indolence est unique,
Quel rôle pour un Amant!

Un fommeil fi léthargique,
Refroidit le dénouement.

Allons, allons, gai, gai,
Allons, allons, gaiement;
Au mal qui te poffede,
N'eft-il point de remede?

Qu'amour vienne à notre aide,
Ainsi qu'à l'Opéra.

Rofette lui dit de la regarder. Raton attache fes yeux fur ceux de fa Maîtreffe, & l'amour qu'il y trouve, fuffit pour lui rendre la vie. Ils chantent enfemble ce duo.

DUO.

C'eft en vain que l'on s'oppose
'Aux vœux d'un cœur bien épris ;
Des tourmens que l'amour cause,
L'Amour lui-même est le prix.

ROSETTE.

Ne craignons plus Perrette ici.

GRINGOLE.

A nos transports nous pouvons nous livrer; Ils ont chacun fait un fi mauvais rôle, Qu'ils n'oferont plus se montrer.

On danse, enfuite on chante une ronde fur les plaifirs du mois de Mai, & on finit par un Vaudeville; en voici deux couplets.

VAUDEVILLE.

RATON.

Nous n'avons plus rien à craindre,

Mes feux fe font allumés ;
En cherchant à les éteindre,
Nos Jaloux les ont rallumés;
Déformais foyons tranquilles,
Leurs fureurs font inutiles,

Ils n'ont fait qu'un bruit éclatant,
Autant en emporte le vent.

X

Ne prenez pas, jeunes filles,
Le Petit-Maître manqué;

Il ne vit que de pastilles,
Il est tout confit, tout mufqué;
De ces Amans à l'eau rose,
La tendreffe eft peu de chofe,
On en eft la dupe fouvent;
Autant en emporte le vent.

X

Cette jolie Parodie ne reçut pas d'abord l'accueil qu'elle méritait; mais M. Favart qui, en eft l'Auteur, toujours foumis au Jugement du Public, ne manqua pas d'y faire les changemens que les Spectateurs avaient paru défirer. Cette déférence fut récompensée, Raton & Rofette furent très-bien reçus. Ils eurent vingt-huit repréfentations, & ont depuis été fouvent revus avec plaifir.

Les Comédiens Italiens firent la clôture de leur Théâtre le 6 Avril, par

la Frivolité, & Raton & Rofette, fuivis de deux Complimens; le premier en vers libres, compofé par M. de Boifly, & récité par M. Deheffe, & le fecond en Vaudevilles, fait par M. Favart, & chanté par fon époufe. La même Actrice fut chargée de celui de l'ouverture, qui fe fit le 30 du même mois, qu'elle chanta également en Vaudevilles, & qui fut fuivi de Raton & Rofette, précédée de la Fauffe Pré

vention.

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