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LES FEMME S.

Comédie en un acte en profe, 2 Août

1753.

Le théâtre représente des côteaux,

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dont le bas eft arrofé de quelques ruiffeaux, on voit dans l'éloignement des hommes & des femmes occupés à travailler à la terre. Le Temple de la Folie paraît dans l'un des côtés; un autel occupe le fond du théâtre ; il eft couvert de fruits & de victimes. La premiere fcène fe paffe entre la Folie & Arlequin. Ce dernier dit à la Folie que les hommes ont raifon de fe plaindre de leur fort, & qu'il vaudrait mieux n'être pas, qu'exifter & fouffrir; la Folie lui répond, que c'eft la faute des hommes s'ils font malheureux, que la raifon leur a été donnée avec la vie ; qu'ils ont dédaigné fes confeils, & que pour les en punir les Dieux les ont foumis à fa puiffance; que lui, Arlequin, ne doit pas être fi fâché que les autres, puifqu'elle lui a donné la belle Pfiché. Arlequin replique à la Folie que Pfiché le refufe. Pfiché arrive tout effrayée, en di

fant à la Folie que tout eft perdu, que les hommes fe révoltent contre les Dieux, fans être épouvantés du fort des Titans, & que loin de craindre la foudre, ils l'implorent, puifqu'elle peut terminer leurs maux. La Folie eft fort embarraffée du parti qu'elle doit prendre; Arlequin lui confeille de partir pour les Cieux, & la prie de le mettre du voyage ainfi que Pfiché.

On entend un bruit confus & terrible, les hommes & les femmes qui travaillent dans le lointain, difparaiffent; la Folie fe renferme dans fon Temple; Pfiché veut la fuivre, mais Arlequin l'arrête. Arlequin qui craint la fureur des hommes révoltés, parle en tremblant de fon amour à Pfiché, elle eft également effrayée, & elle ne peut fouf frir Arlequin; cependant pour l'obliger à la fecourir, elle lui promet de l'aimer, elle lui jure même qu'elle l'adore. Cela n'empêche pas Arlequin, qui eft plus poltron qu'amoureux, de la laiffer feule, il s'enfuit d'un côté du théâtre, & Pfiché défefpérée, fuit de l'autre. Un grand bruit, une fymphonie vive annoncent les Hommes; ils paraiffent armés de haches, de massues & de débris d'arbres; ils expriment par

une danse terrible leurs noirs deffeins; ils fe difperfent dans les campagnes, détruisent tout, & renverfent l'autel. La Folie revient, & menace les Hommes de la vengeance des Dieux, s'ils ne les défarment pas par leurs remords. Les Hommes loin d'écouter la Folie, s'indignent de fes difcours, ils l'environnent en dansfant, & la contraignent de rentrer dans fon Temple, qu'ils embrâfent avec des torches allumées.

Le tonnere gronde, le fond du théâtre fe couvre de nuages, qui s'entrouvent enfuite, & laiffent voir dans les airs l'amour fur un nuage de feu environné de Génies; les Hommes prennent la fuite; la Folie fort des ruines de fon Temple. L'amour & fa fuite defcendent rapidement fur le théâtre. La Folie appercevant l'Amour, ne peut s'empêcher de rire de ce que le plus petit des Dieux eft chargé du foin de leur vengeance; l'Amour méprise les railleries de la Folie, qui alors affecte de prendre un ton férieux, & lui demande fi c'eft à l'Amour de détruire le genre humain ? La Folie implore en vain la clémence de l'Amour en faveur des hommes; l'Amour lui ordonne de difparaître, & la Folie le quitte en faifant de grands éclats

de rire. Alors les Génies arrivent, l'Amour leur ordonne de fe préparer à seconder fon courroux.

Dans le tems que les Génies s'excitent par une danfe vive à bien remplir fes ordres, on entend une douce mélodie qui ralentit peu à peu leurs mouvemens, & enfin les rend immobiles; une troupe de Femmes couvertes de feuillages & de fleurs, danfent au tour d'eux ; la vue de ces objets commence à adoucir l'Amour, & lui fait différer sa vengeance; les Génies paraiffent vouloir fe défendre des careffes des Femmes, mais elles les enchaînent avec des guirlandes de fleurs, Pfiché paraît plus brillante que les autres Femmes, & après avoir danfé autour de l'Amour, elle l'enchaîne ainfi que fes compagnes ont enchaîné les Génies. L'Amour ne peut réfifter aux charmes de Pfiché ; il lui offre fes hommages que Pfiché reçoit avec beaucoup de tendreffe, cela donne lieu à une fcène de galanterie, à la fin de laquelle l'Amour tombe aux genoux de Pfiché ; la Folie le furprenant dans cette pofture, vient lui apprendre que les Dieux font irrités de fes lenteurs, qu'ils ont entendu fon entretien, & l'ont chargée de venir l'interrompre ; l'Amour fe trouve.

tre,

dans une cruelle alternative; d'un côté, il craint de perdre Pfiché, qui ne veut confentir à fon bonheur qu'à condition qu'il pardonnera aux Hommes de l'auil ne veut pas trahir la vengeance des Dieux; dans cet état il prend la réfolution d'aller demander dans l'Olympe la grace de l'univers. La Folie qui s'eft amufée à fes dépens, l'arrête, en lui difant qu'il n'en eft pas befoin; que le deftin s'eft rendu, qu'il fait grace aux Hommes en faveur des Femmes ; qu'il immortalife Pfiché, que Vénus veut leur donner une fête & les emmener enfuite dans les Cieux; écoutez maintenant, ajoute la Folie, la fuite de l'arrêt du deftin. Les Hommes pour avoir été sauvés par les Femmes qu'ils avaient outragées, feront à jamais foumis à leur puiffance: elles les rendront heureux ou malheureux, fuivant leur volonté, & peut être leur caprice; d'elles feules dépendra leur fort; s'ils leur réfiftent quelquefois, ce ne fera que pour céder enfuite avec plus d'éclat, & pour mieux cimenter leur pouvoir: enfin elles partageront avec les Dieux les hommages de l'univers.

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Les Génies fortent, les Femmes les fuivent, & Arlequin arrive bien furpris

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