Pour ne plus voler de Belles en Belles, J'ai changé fes aîles Autre couplet de Brioché, fur l'air : Et j'y pris bien du plaifir. Ah! que j'ai l'ame ravie ! * On entend un grand bruit de tonnerre. Brioché & la Marionnette ont également peur, & dans le tems que Brioché invoque l'Amour, & le conjure de fe montrer le pere de la Marionnette, la Folie paraît & dit que c'eft à elle qu'elle doit la vie & à Brioché, qu'elle prendra foin de l'éducation de fa fille qu'elle lui accorde en mariage. Cette parodie eft de M. Gaubier, ancien Valet-de Chambre du Roi ; elle réuffit affez mal à la premiere repréfentation; un des amis de l'Auteur lui ayant demandé comment un homme d'efprit comme lui avoit pu faire une fi mauvaise Piece, il répondit qu'il y avait long-tems que le public l'ennuyait en détail, & qu'il avait voulu le raffembler pour le lui rendre une bonne fois. Elle reprit cependant un peu, & eut huit représentations. DEBUT DE Mlle, CATINON. Le 20 Décembre 1753, la Demoifelle Foulquier, maintenant Madame Riviere, mais plus connue fous le nom de Catinon, débuta par le rôle d'Angélique dans la Mere confidente, enfuite par celui de Silvia de la Double inconftance, dans lequel elle n'eut pas un fuccès moins complet & moins mérité par la décence de fon maintien & les graces naturelles de fa déclamation; perfonne n'ignore qu'elle joint à ce talent celui de la danfe qu'elle poffede dans un degré fupérieur. Il eft dit dans le Mercure de Mars 1750, que cette même Actrice, âgée alors de dix ans, débuta dans la petiteComédie des Débuts; mais je ne puis affurer ce fait n'en ayant trouvé aucune trace dans les regiftres de la Comédie: Italienne, d'autant plus qu'il fe trouve une contradiction furlage de cette Actrice, qui avait quinze ans à fon véritable début en 1753. : LA REVUE DES THEATRES. Comédie en un acte, en vers, LA Critique ouvre la scène; elle eft affife, ayant devant elle une table chargée d'Opéra, de Tragédies & de Comédies modernes, & après avoir lû pendant quelques minutes, elle dit :. Je crois qu'à m'ennuyer, tout l'Univers confpire; C'est bâiller trop long-tems, Meffieurs, fairesmoi rire, Et pour y réuffir, écartez de ces lieux Ces drames découfus, ces Héros ennuyeux, Dont le trifte bon fens confiné dans des. ximes,,, Au bruit de mes fifflets s'évapore en maximes. Les verrons-nous encor bizarres & légers, C'eft la Mode, elle commence par perfiffler, & elle fe met enfuité à raifonner & à moralifer; elle fait après une fatyre générale des goûts & des monts de Paris, & elle finit par entrer dans le deffein de la Critique; elle demande à cet effet audience pour les Comédies & pour l'Opéra; cette audience accordée, la Mode s'en va. La Comédie ar rive en habit de deuil, garni de faux brillans; la Critique ne peut la reconnaître, elle est dé uilée fous l'habit de la veuve de Moliere (1). Dans cette fcène tous les genres de comique qui ont été introduits au théâtre depuis la mort de ce célebre Auteur, Renard, feul excepté (2) font impitoyablement critiqués. Les Acteurs ne font pas plus épargnés; il eft question de remédier à de fi grands défauts, & pour en trouver les moyens, la Comédie dit à la Critique qu'elle va fur fon tombeau confulter fon époux. La CRITIQUE, feule. Puiffe-t-il, favorable au deffein qui m'infpire, Rétablir en ces lieux la gloire & fon empire; Et nous vengeant enfin de fes froids. fucceffeurs, Au moins pour le jouer, nous créer des Ac teurs. Un Acteur tragique furvient avec Oripeau fon Confident, tous deux habillés à la romaine; cet Acteur s'ex (1) Cette penfée vient d'être rajeunie dans Elope à Cythere. (2) Le Critique aurait bien dû comprendre la Métromanie dans cette exception. |