LES JUMEAUX. Parodie en trois actes en Vaudevilles, de la Tragedie Lirique de Caftor & Pollux, 9 Mars 1754. (1). B ABET ouvre la Scène avec Mas nan fa confidente, qui la félicite du plaifir que doit lui caufer le Mariage de fa four Thérefe, qui époufe Olibrius, jeune Capitaine du voifinage. Babet ne reçoit ce compliment qu'avec un médiocre plaifir, parce qu'elle fait que fa fæeur détefte Olibrius, & eft en fecret fa rivale dans l'amour! qu'elles ont toutes deux pour Jolicœur, qui n'eft que fimple Dragon, & frere de mere feulement d'Olibrius; cependant Babét a quelques efpérances, parce que M. Grincé Capitaine de Jolicoeur, aime auffi fa fœur Therefe & pourra bien l'enlever le jour de fa noce. Après cette expofition, Babet congédie, de même 2 (1) Lá fcène eft près du Château de Bras-deFer, & de la Garhifon de Jolicoeur. Le théâtre représente un lieti orné pour des nôces. que dans l'Opéra, fa Confidente qui ne doit plus reparaître : reftée feule, elle fait comme de raifon une invocation à l'Amour qu'elle prie de favorifer fes deffeins; mais comme elle ne compte pas moins fur le pouvoir de fes charmes, que fur celui du Dieu de Cithere, elle tire un miroir de fa poche, rajufte fa parure, met une mouche affaffine & fort en voyant arriver fa fœur Thérefe qui prévoit qu'elle aura bien de la peine à tenir le ferment qu'elle va faire à un Epoux qui n'eft pas fon Amant. Jolicœur, cet Amant qu'elle aime & dont elle eft aimée, vient lui faire fes adieux d'une maniere affez gaie ; après quelques couplets convenables à leur fituation, Jolicœur fe difpofe à partir, fatisfait de favoir qu'il eft aimé de fa maîtreffe & plaint de fon frere: celui-ci arrive & paraît d'abord furieux de furprendre fon frere avec fa prétendue; mais il s'adoucit bientôt: & la crainte du fort commun aux Epoux le détermine à céder Thérefe à fon frere, ce qu'il femble ne faire que par un mouvement de générosité parce qu'il faut favoir fe faire honneur de tout ; les Amans fe livrent à à la joie; mais la Terreur, Soldat d'Ölibrius, vient leur apprendre que Grincé s'avance pour enlever Thérefe; Jolicœur & Olibrius courent aux armes. Les femmes de la Noce emmenent Thérefe. Grincé & fa fuite repouffent Jolicœur & les autres qu'il a raffemblés; mais Olibrius r'allie fes Gens qui repouffent à leur tour mier acte finit par ce combat. & le pre Au fecond acte le théâtre repréfente l'extérieur de la prifon éclairée par des lanternes. Therefe fcule & en habit de deuil s'avance à pas lents, & parodie ainfi le fameux Monologue Triftes aprêts, pâles le flambeaux. AIR: Approchons, Vefta repofe. Ternes, Aftres de ces noirs cachots, En rendant moins fombre, L'ombre, Vous en redoublez l'horreur, Malgré ma peur, Pleurons ici Jolicœur, &c. Babet arrive & fe flatte de tirer Jolicoeur de prifon, parce que le GeoTome VI. G lier eft amoureux d'elle, mais elle ne veut travailler à la liberté de Jolicœur, qu'à condition que Thérefe lui cédera les prétentions qu'elle a fur lui; Thérefe y confent & l'on entend une fanfare qui annonce l'arrivée d'Olibrius: il paraît, il apprend aux deux fœurs la victoire qu'il vient de remporter fur Grincé, & fes amis qui le fuivent, chantent fa gloire à grand chœur. THERES E. AIR: Je ne dois plus feindre. OLIBRIUS. Et vous, pourquoi vous mettre en deuil? AIR: Comme un Coucou, Etait-il votre époux ? THERESE. O, Dame! Il était mon Amant chéri. OLIBRI US, Gela fuffit-il? THERESE. Une femme Porte bien le deuil d'un mari. Olibrius ne demande pas mieux que de remplacer fon frere, & fe propofe à Thérèse qui lui reproche d'oublier en ce moment l'amitié qu'il a jurée à fon malheureux frere. Olibrius s'en excufe par force; maximes d'Opéra qui ne féduifent point Thérefe. Olibrius la voyant inébranlable, reprend fa générofité, projette d'aller trouver Bras-de-fer fon pere & d'employer fa protection pour tirer fon frere de pri fon, OLIBRIUS. AIR: Nous autres bons Villageois. THERES E. Ah! grands Dieux! quelle extravagance, OLIBRI U S. Je crois, parbleu, qu'elle a raifon; |