페이지 이미지
PDF
ePub

trait d'Artenice ; & l'Esprit lui dit :

Mais vous êtes, je vois, encor de fes amis; Car vous vous fouvenez bien d'elle.

A l'amitié l'on doit être fidele.

[merged small][merged small][ocr errors]

L'ESPRIT.

Qui ne foit très-permis

Vous foutenez à merveille ce rôle.

(à fes Femmes.)

Cela finira-t-il?

(au Provincial.)

Mais quel âge avez-vous ?

(tout de fuite à fes Femmes.)

Mon rouge eft trop coupé ; je fuis comme une

folle.

(au Provincial,)

Vous avez donc bien voyagé?
Le PROVINCIAL.
Je viens du fond de la Bretagne.
L'ESPRIT, à fes Femmes.
Donnez-moi donc ce négligé,

Moitié Ville & moitié Campagne.

[blocks in formation]

Il faut tout dire à ces especes-là.

(voulant quitter fa robe de toilette.)

Que l'on eft malheureux! tenez donc bien cela;

La pefanteur de cette main m'affomme; Mais non, je ne veux point m'habiller autre

ment.

(au Complaifant.)

Chez Lifimon, allez dès ce moment,
Pour lui recommander de ma part ce jeune

homme.

(bas à l'oreille.)

Faites-le fi légèrement,

(Haut.)

Qu'il comprenne à quel point fon état m'inté

reffe.

Le PROVINCIAL.

Quel excès de bonté!

L'ESPRIT.

Peut-être ferez-vous un peu brufqué d'entrée ; On brufque pour avoir l'air d'un homme im

portant.

Allez, allez, faififfez cet inftant.

Revenez,

:

Le PROVINCIAL.

De vos foins mon ame eft pénétrée.

L'ESPRIT.

Vous êtes bien heureux de m'avoir rencontrée.

(bas au Complaisant.)

Vous le confignerez à ma porte en fortant.

Le Perfiflage aborde l'Esprit du jour; la fcène qui fe paffe entr'eux eft à peuprès du même ton que celle de la toilette; mais elle fait moins de plaifir parce qu'il y a moins d'action. Le Perfiflage appercevant une Marquife qui aime fon Mari, s'éloigne & revient l'inf tant d'après pour seconder l'Esprit du jour. Ils débitent l'un & l'autre mille impertinences contre les époux conftans & les femmes fideles. La Marquife foutient leurs attaques avec fermeté, elle y répond même avec une intrépidité peu commune, & elle les quitte en leur témoignant tout le mépris qu'ils méritent. Le Perfiflage s'en va enfuite fouper dans une petite maison. Un Chevalier, que l'efprit trouve atrabilaire parce qu'il eft raisonnable, remplace le Perfiflage. L'Efprit commence par fe

mocquer de ceux qui payent leurs det tes ou qui n'en contractent pas de nouvelles ; ce n'est pas-là la maniere des gens d'une haute naiffance. Le Chevalier lui répond:

En ce cas-là, je fuis très-roturier;

Car chez moi le même ouvrier

Ne vient jamais deux fois chercher sa récom pense,

Et le plaifir de le payer,

Me fait jouir de ma dépense.

Le Chevalier fronde enfuite les travers du fiecle.

Moi je ne vois par - tout que faux discerne

ment;

On ofe mefurer l'eftime à la dépenfe,
La nobleffe à l'impertinence,

Le bon fens à la pesanteur,

Les vertus à l'éclat, les mœurs à l'indigence, L'efprit aux quolibets, le mérite au bonheur, Le plaifir aux feuls airs, les talens à la mode; La tendresse aux préfens, le respect au crédit, Tout en un mot s'abâtardit ;

L'homme d'efprit fans bien n'eft plus qu'une Pagode;

Une riche Pagode eft un homme d'efprit.

L'Efprit du jour & le Chevalier ne peuvent s'accorder; ce dernier quitte Paris pour aller réfider en Province & après avoir fait fes adieux, l'Efprit lui-dit :

[ocr errors]

Vous reviendrez; alors vous croirez me furprendre,

L'on vous reverra, je le fens ;

Dans quel tems croyez-vous pouvoir ici vous rendre?

Le CHEVALIER, en fortant. Je fixe mon retour à celui du bon fens.

La derniere fcène eft entre Arlequin & l'Esprit; c'eft une critique de toutes les nouveautés qui ont été données l'été précédent.

Si des détails vivement écrits & des Epigrammes redoublées pouvaient faire le fuccès d'une Piece, aucune n'en aurait mérité un plus brillant que l'ouvrage dont nous venons de donner l'extrait. Le ftile en eft fouvent brillant, toujours facile mais on y trouve rare. ment des fituations théâtrales. Des caracteres déjà préfentés plufieurs fois fur la fcène, n'offrent rien de neuf aux Spectateurs toujours avides de nou

« 이전계속 »