veauté. On rendit cependant juftice à M. Rouffeau de Touloufe qui en eft l'Auteur, en la regardant comme l'ouvrage d'un homme de beaucoup d'efprit & ce qui eft plus rare, il fe la rendit lui-même en retirant fa Piece après la dixieme Représentation. DEBUT DE VERONEZE. Pietro Antonio Veroneze, fils de Carlo Veroneze, qui jouait le rôle de Pantalon, débuta par le rôle du Docteur dans le double Mariage d'Arlequin. Il fut affez applaudi, mais ne fut point reçu; & ce n'eft qu'à la rentrée du théâtre de cette année (1767), qu'il l'a été à demi-part & pour le même emploi qu'il remplit avec fuccès. Il entend auffi très-bien la partie des décorations, mais il a peu d'occafions d'exercer fes talens en ce genre. LA FÊTE D'AMOUR. Comédie en un acte, en vers, précédée d'un Prologue, s Décembre 1754. LE E Sieur Chanville & Madame Favart dialoguent ce Prologue. Le premier fe plaît à allarmer Madame Favart fur le fort de la Piece, dont il ne peut croire qu'elle foit l'Auteur. M. CHANVILLE Votre mari du moins l'a corrigée ? Mais quand cela ferait ainsi, eftime, Où pourrais-je trouver un plus fincere ami? M. CHANVILLE. Un époux pour ami! votre Piece eft mauvaises Et cela n'eft pas théâtral. Quant aux Vers elle les abandonne, & avoue de bonne foi qu'un ami s'eft chargé de rimer la Profe. M. CHANVILLE. De trouver des Rimeurs vous devez être fûre, Madame Favart infifte fur ce que le plan d'une Piece eft le plus difficile. M. Chanville prétend que ce n'eft celui de celle-ci. pas Votre Piece eft fans fond, c'est un ouvrage étique; La fcène eft au Village, & fans favoir pour quoi Vous y campez l'amour qui n'y fait nul em ploi ; Un perfonnage aussi métaphysique, Avec trois Payfans n'eft-il pas déplacé ? M. FAVART. Je crois que pour ce Dieu c'est un choix très fenfé, Dans les Cieux il s'endort à côté des Déeffes; Croit-on que fur la terre il foit plus ref pecté ? Vous favez qu'à la ville on n'a que des faiblesses, Que l'on prend pour la volupté. A la Cour il fe trouve encor plus maltraité ; On l'y traite à peu près comme la vérité. Ces Perfonnages-là font rebattus, nous laffent; Me. FAVART. Jamais les femmes ne s'en paffent. M. Chanville lui demande fi elle n'a pas donné des billets pour applau dir fa Piece. Mle. FAVART. De cet expédient un Auteur a besoin, Lorfqu'il craint qu'on ne cherche à lui faire la guerre. Un tel foupçon ne peut m'être permis; J'éprouve chaque jour les bontés du Parterre, Ses applaudiffemens font pour moi des avis; La reconnaisance m'éclaire; Plus il eft indulgent, plus mon efprit foumis S'efforce de trouver les moyens de lui plaire, Elle finit par cette fable qu'elle adref fe au Public. Une jeune Fauvette, un jour, dans un bo cage, Des différens oifcaux entendait le ramage; Elle écoute, elle admire, elle prend des leçons; Manqua d'abord les traits de mélodie; Lui donna l'art de moduler fes tons. Je crois que cette Fable eft faite truire. pour m'inf Les Oiseaux que j'entends chanter, Contenter le Public eft ce que je desire. être |