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Ce portrait de l'amour n'effraye point Colinette, qui efpere l'apprivoifer avec Lucas; mais Lubin lui fignifie qu'il n'en veut point entendre parler, & il fort.

Colinette à qui l'envie de plaire fait naître la coquetterie, fe mire dans le ruiffeau où elle n'allait d'abord que pour puifer de l'eau pour arro'er les fleurs de fon Jardin, elle en cueille quelques-unes pour mettre dans fes cheveux, & tandis qu'elle les arrange, l'Amour arrive & cherche à s'amufer de fa naïveté. Colinette encore remplie des leçons de fon Pere, est effrayée de l'approche de l'Amour, mais elle fe familiarife bientôt avec lui; & après avoir écoutéde l'Amour lui-méme une définition de ce fentiment, elle lui demande comment elle pourra connaître fi Lucas en a pour elle.

L'AMOUR.

Il vous aime fincérement,

S'il vous parle de mariage;

Mais il éludera, s'il ne veut être Amant
Que pour le fimple amusement.

Colinette ne doute point que Lucas ne veuille 'époufer, mais elle craint

que fon pere ne veuille pas y donner fon confentement: l'Amour fe charde l'obtenir.

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Lubin revient avec Lucas, à qui il ordonne de finir fon ouvrage ainfi qu'à Colinette qu'il éloigne, afin de confulter l'Amour fur la fille; mais elle revient tout doucement les écouter à plufieurs reprifes; ce qui oblige Lubin à s'éloigner, après leur avoir recommandé de travailler & de chanter, pour faire voir qu'ils ne s'amufent pas à cauler.

LUCAS, chante.

Ne m'entendais vous pas,
Ma petite Brunette ?

Si ma bouche eft muette,
Mes yeux ne le font pas.
Ne m'entendais-vous pas ?

COLINETTE.

Le langage des yeux,
Eft un charmant ufage,

A deux cœurs bien épris il offre mille ap

:

pas;

Mais à quoi fert c'langage?.

Prenons garde fi l'on ne nous entend pas.

AIR: La moitié du chemin.

L'autre jour Catin appercevant Guillaume, L'autre jour Guillaume appercevant Catin, Furent s'cacher darriere un gros tas d'chaume, Et pis tout bas Guillaume dit à Carin:

Elle parle à demi voix.)

Tians, Lucas, on a biau m'défendre
De m'trouver feulette avec toi,

Je n'pouvons obéir, & je n'favons pourquoi
J'avons tant de plaisir à t'entendre.

(Elle chante.)

Pis tout d'un coup Guillaume,
D'un peu plus près veut parler à Catin;
La Belle fit de fon côté,

La moitié du chemin.

Colinette donne fa main à baifer à Lucas, & pendant qu'il l'a lui baise elle crie: eft-ce bien mon pere?

LUBIN.

Fort bien, chantais toujours comm' ça.

Lucas baife encore la main de Colinette, & fe fentant plus hardi, il parle d'amour à Colinette, qui toujours

prévenue de ce que lui a dit fon pere, lui demande comment il peut dormir avec cela; mais elle ajoute qu'elle fait comment l'apprivoifer, & que c'est par le mariage. Lucas qui de fon côté eft prévenu par l'Amour, entre dans une grande colere de ce qu'on parle de mariage avec un honnête homme comme lui. La tendre & naïve Colinette eft affligée d'avoir pû lui caufer du chagrin. La querelle ne dure guère, ils fe racommodent bientôt ; & Lubin qui s'eft approché doucement, avance la tête au moment qu'ils vont s'embraffer, de façon que Lucas rencontre fa joue au lieu de celle de Colinette; il fait un beau tapage en les furprenant ainsi, il congédie Lucas qui accepte facilement fon congé, parce que fon Parain, le Seigneur du Village, l'a fait fon Maître Jardinier. Cette nouvelle fait changer de ton à Lubin qui lui accorde volontiers fa fille; mais celui-ci à fon tour qui eft fortement prévenu contre le mariage, la refuse, ce qui étonne Lubin & afflige Colinette qui fe met à pleurer, Lucas ne peut tenir à ces larmes, & malgré les remontrances de l'Amour qui eft arri

vé au commencement de la fcène, il

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fe réfout à l'époufer quoi qu'il puiffe lui en arriver.

L'AMOUR, à Lucas.

Quelque jour tu feras fâché.

LUCAS.

Je n'vous entendons pas, morguenne je fis lâché;

Si j'avons Colinette, & qu'un Galant l'appro

che,

Tatiguenne... je ne dirons mot;

A not' moitié je n'frons aucun reproche,
A not' Rival je n'baillerons point taloche;
Mais j'n'agirons pas comme un fot;
D'amour & d'amiquié je r'doublerons la dose,
Qu'un nouviau Courtifan s'préfente après,
s'il ofe,

Colinette varra, jarnigoi,

Si queuqu'un peut l'aimer mieux que moi.

Lubin ne comprend rien à tout cela, mais l'Amour le lui explique en se découvrant, & il confent de bon cœur à les unir; & la Piece finit par la Fête de l'Amour & la Noce de Colinette & de Lucas, que les habitans du Village célébrent par leurs danfes.

Mad, Favart & M. Chevalier con

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