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le Prince qui revient, & qui la regarde de loin, veut obliger Ninette à rentrer malgré elle; elle réfifte: il la tire par le bras; elle crie alors, & chante avec toutes les graces d'une jolie enfant qui pleure, cette Arriette fi heureu fement parodiée de Berthole à la Cour.

Ahi! ahi! il me fait grand mal;
Le brutal! le brutal!

COLAS.

Oui, je vous ai fait grand mal.

NINETTE.

Le Seigneur vient ici,

Ahi! ahi! puifqu'on me traite ainfi,

Je vais me plaindre de ce pas,,&
.&c.

Aftolphe témoigne fa furprise en s'é

criant:

Eft-ce là ce tendre Colas?

Colas veut s'emporter; mais Fabrice lui apprend qu'Aftolphe eft le Prince. Ninette & Colas font furpris à leur tour. Le Prince preffe Ninette de venir embellir fa Cour. Elle y confent, en difant tout bas qu'elle veut punir Colas fans lui manquer de foi.

Colas fe defefpére, & veut fuivre Ninette, mais il eft arrêté par une troupe de Chaffeurs. Ils le forcent à s'éloigner; & forment une danfe qui termine le premier acte.

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Le théâtre change au fecond acte & représente un appartement du Palais d'Aftolphe. Ninette paraît en habit de Cour: elle eft fuivie de plufieurs Femmes de Chambre, qui portent chacune différentes parrures; fon panier l'embarraffe & lui donne un air gauche. Elle refuse le rouge dont on veut l'embellir,^ & laiffe tomber les diamans qu'on lui préfente, pour prendre des fleurs qu'elle jette un inftant après, lorfqu'elle reconnaît qu'elles font artificielles.

Ici l'on ne doit rien qu'à l'art,
La beauté n'eft qu'une peinture,
Jufqu'aux fleurs tout est imposture.

Fabrice veut lui donner des leçons de politeffe, mais elle le rebute, & prie le Prince qui entre, de la débarraffer de cet homme qui l'ennuie, ajoutant quelle aimerait mieux voir Colas Aftolphe lui répond :

Vous allez voir Colas; j'efpere qu'en ce jour
Vous mettrez entre nous un peu de différence;
Je ne veux qu'à force d'amour,
Lui difputer la préférence.

Il donne enfuite des ordres pour qu'on montre à Ninette toute la magnificence de fa Cour, & voyant paraître la Princeffe, il fort pour l'éviter. Emilie, (c'est le nom de la Princeffe qui lui eft destinée,) témoigne fes craintes à Clarice fa Confidente,& la charge d'examiner les pas du Prince & de Ninette. Elle exprime enfuite fes fentimens par une Ariette.

Viens espoir enchanteur,

Viens confoler mon cœur, &c.

Voyant revenir Aftolphe avec fa petite-Payfane, elle s'éloigne pour les obferver. Le Prince demande à Ninette ce qu'elle penfe de la Cour: Ninette lui répond avec une franchise fpiri

tuelle.

J'ai vu de toutes parts de beaux petits objets
A talons rouges, en plumets;

Ne font-ce pas des femmes en épées ?
J'ai vu trotter auffi de gentilles poupées,
Qui portent de petits colets.

Ah! que de plaifans personnages, Crainte de déranger l'ordre de leurs visages; Ils parlent tous comme des flageolets.

Tu, tu, tu, tu. Dans nos Villages
Nous n'avons jamais vu de tels colifichets.
Et puis j'ai vu de graves Freluquets,
Qui prenaient un air d'importance,
Et de jolis Vieillards coquets,
Qui femblaient marcher en cadence ;
L'un d'eux, pour me voir de plus près,
Jufques fous mon menton s'approche,
En tirant un œil de fa poche ;

C'est un bijou, c'eft un ange, Eh! mais, mais..

Emilie s'avance, fait un compliment ironique à Ninette fur fes charmes, & la félicite d'avoir fait la conquête d'Aftolophe, qui s'en défend devant la Princeffe. Ninette répond qu'elle aime Colas. Le Prince pour ap puyer ce difcours, dit qu'il a donné des ordres pour le faire venir. Ninette replique qu'elle aime mieux retourner au Village.

Le Prince raffure Emilie, & lui promet de renvoyer Ninette; mais dès qu'il eft feul, il peint fon irréfolution par une Ariette.

Le Nocher, loin du rivage,

Lutte en vain contre l'orage, &c.

Et fe retire fans favoir ce qu'il doit faire.

Colas entre paré à peu-près comme Taler dans Démocrite, & fe plaint comme lui de la réception ridicule qu'on lui a faite à la Cour. Ninette qui furvient, & qui apperçoit Colas, baiffe fa coëffe, fe couvre le vifage de fon éventail, & contrefait fa voix en graffeyant, pour éprouver Colas & n'en être point reconnu. Cette fcène a befoin du jeu des Acteurs pour être fentie. Ninette en jouant les Vapeurs, déclare à Colas qu'elle eft éprife de fes charmes, & lui propofe de répondre à fon ardeur, en l'affûrant que fa fortune fera faite. Colas qui la prend pour une Dame de la Cour, répond qu'il y confent, en difant tout bas :

Je ne veux qu'allarmer Ninette,
Et le dépit me la ramenera.

Ninette alors fe dévoile, & fait éclater fa colere contre Colas; il a beau vouloir fe juftifier, elle ne veut plus l'entendre. Ce qui occafionne un Dua dialogué à l'Italienne, dont le con

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