templer ; qu'il lui avait paru charmant; qu'il n'avait de Chinois que l'habit; & que fans l'avoir entretenu, elle lui avait trouvé beaucoup d'efprit fur les différens transports qu'il avait fait paraître. Dans ce moment le Chinois dont elle parle, entre par la fenêtre de fon appartement. Agéfie paraît d'abord effrayé, ainfi que fa Suivante. Dans le premier mouvement que la peur lui infpire, elle lui ordonne de fortir; mais un fentiment plus doux qui fuccede à la crainte, l'oblige auffi-tôt à le rappeller. " Tamtam (c'eft le nom du jeune Chinois) fait éclater fon ardeur par cette Ariette, dont la morale fe trouve dans plus d'un Opéra Framçais. ARIETTE. Que je baile cette main; Que je touche Seulement le bout du doigt; Tome VI L Que vous fert-il d'être belle, Si vous êtes fi cruelle ? Vous fouffrez de vos rigueurs, Que l'on s'engage. Le printems eft pour les fleurs, Pour la vieilleffe, La tendreffe pour nos cœurs. Agéfie fe défend, mais avec douceur. Cependant Tamtam fe plaint de cette rigueur prétendue, en s'écriant: En France, où j'ai fait un voyage, La curieufe Suivante lui demande comment on fait l'amour à la Françaife. Tamtam répond que fi fa Maîtreffe veut le permettre, il va l'en inftruire. AGÉSIE. Mais oui, l'on est bien aise De favoir d'un pays les úfages, les mœurs. TAMTA M. Pour donner au tableau de plus vives couleurs, Il faudrait, ne vous en déplaise, Me feconder & me prêter du jeu. Tenez, figurez-vous que vous êtes l'Amante, Moi, l'Amant; AGÉSIE. Soit, TAMTAM, à Chimca. Vous, la Suivante Que je vais engager à protéger mon feu. Agéfie va s'affeoir & prend le thé, Tamtam commence par prier Chimca de parler pour lui à fa Maîtreffe, de lui bien peindre fon amour; & pour mieux l'y déterminer, il lui offre une bourfe qu'elle accepte après quelques façons. Chimca inftruit Agéfie du feu dont un jeune Amant brûle pour fes charmes, & lui demande la permiffion de l'introduire auprès d'elle. Eh bien ! dit Agefie, il peut paraître. Tamtam s'approche, s'incline devant elle & dit à Chimca de fe tenir à deux pas. Enfuite il le tourne vers fa Maîtrefle, & lui peint l'état de l'Amant qu'il repréfente par l'Ariette qui fuit;elle eft des plus théâtrales. ARIETTE. Son cœur d'abord palpite; Il dit des mots fans fuite; Il a peur de manquer d'égards ; ́ Pour engager tend fes lacs. (Agéfie, avec un peu d'émotion.) La peinture intéresse. CHIMCA, à part. Ah! ma pauvre Maîtreffe! (bis.). Commence à fe troubler. Ah! ma pauvre Maîtreffe Se laiffe, laiffe, laisse, Se laiffe, laiffe aller. TAMTA M. Le cœur plus fort palpite; Les vains égards; La Belle fe retire, Et paraît le fâcher. A GÉ SIE. |