Qu'il eft rond, blanc & frais! AGÉSIE. Mais. TAMTAM. Quoi ! AGÉSIE, troublée. Quoi ! TAMTAM, lui baifant la main. Le tendre Amant le baife. AGÉSIE, plus émue. Son cœur fe laiffe aller, Son cœur fe laiffe, laiffe, laiffe, Agéfie revient de fon trouble, & reproche un peu tard à Tamtam d'avoir trop ofé. Il excufe fon audace, en difant qu'il l'adore & qu'il attend la mort à fes genoux. Agéfie lui répond tendrement. On aurait à punir à la fois deux coupables, Ah! je le fuis autant que vous. Mais elle lui déclare en même-tems qu'un époux, ou plutôt un Maître, doit s'unir avec elle inceffamment. I demande quel eft cet époux ; je ne fais dit-elle j'ignore auffi, replique t'il, celle que j'époufe ce foir; je viens de recevoir à l'inftant fon portrait. Chimca prend fon portrait, l'examine, & s'écrie: ah! ma Maîtreffe c'est vous même. Nos Amans fe livrent à la joie : mais elle est tout à coup troublée & changée en frayeur, par l'arrivée du pere qui entre le fabre à la main, & qui veut tuer fon gendre fans le connaître. Ce dernier le tire de fon erreur, en lui montrant le portrait d'Agéfie, que Xiao lui a envoyé. Le Mandarin eft tranfporté de joie à fon tour, & dit à Tamtam de fortir fans être apperçu, & qu'il va au plutôt l'unir à sa fille, Cette Piece qui eft une Parodie del Cinefe, Intermede Italien, eft encore de M. Favart qui n'a ceffé pendant très-longtems de confacrer fes travaux au Théâtre Italien qu'il foutenait prefque feul par fes ouvrages ainfi que fon époufe par fes talens; celuici qui n'eut pas moins de fuccès que les autres, eut vingt-fix représentations; il était fuivi d'un Balet intitulé les Noces Chinoifes, & terminé par un feu d'Artifice. Le 23 du même mois, on donna l'Embarras des Richeffes, & l'Apparence trompeufe, au profit du fieur Carlin, qui huit jours auparavant, avait joué le Retour d'Arlequin & les deux Arlequi nes pour la premiere fois, depuis l'accident qui lui était arrivé, & le Public lui avait marqué avec effufion le plaisir qu'il avait de le revoir. On fit cette année la clôture du théâtre, le 31 Mars par les Chinois & Ninette à la Cour, & l'ouverture le 26 Avril auffi par les Chinois, fuivi des Magots, Parodie de l'Orphelin de la Chine, & précédée de la Silphide, & du compliment ordinaire. LES AMOUR S DE MATHURINE. Parodie de Daphnis & Alcimadure, en deux actes, avec un Divertiffement, 10 Juin 1716. M ATHURINE Ouvre feule la fcène & paraît agitée d'une paffion naiffante. Colin qui en eft le fecret objet, la furprend dans les réflexions qu'elle fait fur fon nouvel état, & lui fait une peinture touchante du fien, la maniere dont ils'y prend pour le lui décla rer eft très-délicate; cependant Maturine s'en défend fans autre raifon que de vouloir garder sa liberté; un Âmant plus inftruit ne verrait dans ces refus qu'une victoire çertaine; mais le tendre Colin qui a plus d'amour que d'expérience, n'y trouve qu'une réfiftance cruelle; auffi dès qu'il eft feul, if fe plaint. Comme c'eft l'ufage des Amans, de l'Amour & de fes rigueurs, Ly La Riffole, Soldat en pointe de vin, veur l'emmener au cabaret pour le confoler & lui chante: De Mars, de moi fuis les leçons; COLIN. Habitans méconnus, peut-être plus utiles Nous rendons par nos foins les Campagnes fertiles. D'abondantes Moiffons & de nombreux Trou peaux, Sont les pénibles fruits qu'enfantent nos tra vaux. Quels fujets fervent mieux leur Prince & la Patrie? Loin d'appaifer le tourment de Cofin, la Riffole le redouble en lui apprenant qu'il est son Rival. Colin brave cependant fes menaces & fort en difant qu'il craint plus les rigueurs de Mathurine, que les fureurs de la Riffole, |