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Il fait tout bien,

Sarpedié, rien

N'refifte à fon courage ;

Quand d'chacun on a l'amitié,

On eft vainqueur plus d'amoitié,
Avec l'efprit,

Quand l'cœur agit,

C'eft qu'on fait bien d'f'ouvrage.

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Lui font dire en beau ftyle ; Monfeigneur, dès que j'vous ons vu, Jons dit, foyez le bien venu,

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LE RETOUR IMPREVU.

Comédie en trots actes, en vers libres, Is Juillet 1756. (1)

MONSI

ONSIEUR & Madame Oronté nouvellement arrivés de l'Amérique ouvrent la fcène, & la Femme repro che à fon Mari de ne point chercher à polir fes difcours lorfqu'il à un modele excellent fous les yeux.

M.

ORONTE.

Vous voulez dire ce Marquis,

Sa bouche est un tréfor de paroles dorées;
Que j'avais toujours ignorées;

De petits mots éblouiffans,

Où d'ailleurs rien ne manque, excepté le bon fens,

Qu'il fuit avec un foin qu'il tient de la na

ture;

Ses propos font faits comme lui; Ils n'ont jamais été dans la bouche d'autrui, Sa converfation reffemble à fa figure. Mais vous en raffollez.

(1) La fcère eft à la Campagne, dans le Château de M. Oronte.

Madame Oronte avoue qu'elle fe fait honneur du profit qu'elle tire de fes leçons, & elle continue d'en donner de ridicules à fon Mari qu'elle preffe d'acheter un Comté afin d'en porter le titre.

Le Valet de Chambre du Marquis arrive & annonce fon arrivée, Monfieur Oronte qui craint que fa fille ne prenne quelque goût pour cet écervelé, queftionne ce Valet lorfque fa femme eft partie.

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Le Marquis voudrait être mon gendre, Crois-tu qu'il ait pour elle une amitié bien

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J'en jurerais bien. ( à part) Mais je ne gagerais pas. (1)

Le Valet de Chambre continue à répondre, du ton d'un Valet infolent, qu'il a tout pouvoir fur l'efprit de fon Maître, ce qui fait dire à l'autre qu'il devrait l'engager à être moins fat; le Valet

(1) Cette excellente plaifanterie fe trouve encore mieux employée dans l'Ecoffaife.

cherche à le juftifier fur la néceflité de fuivre la mode.

Le plus fage la fuit, le plus heureux l'in

vente.

Par exemple, la mode eft d'être bel efprit,
Chacun differte, rime, écrit ;

On n'a jamais tant vû de brochures divines.
La mode est à préfent des petites poitrines;
On ne boit que de l'eau, ce n'eft plus le bon

air

D'avoir comme autrefois, de bons yeux, de voir clair;

Tout le monde eft aveugle, & fe fert de lor

gnettes.

L'ufage eft, à préfent, des habits radieux;
Chacun fe couvre de paillettes.

Nous reprocherez-vous, d'un air féditieux,
La révolution qui s'eft faite au théâtre ;
Et du goût ancien follement idolâtre,
Oferez-vous fronder notre goût dominant ?
On danfait autrefois, on faute maintenant;
La cabriolle eft applaudie,

Les graces ne vont plus que par fauts & par
bonds.

Voyez le ton nouveau qu'a pris la Tragédie;
On n'exprime plus rien qu'à force de pou

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Et qu'en affourdiffant les Loges, le Parterre, Malheur à qui n'a pas une voix de tonnerre. Aux efforts que l'on fait, à la peine qu'on prend

On dirait qu'on joue en plein vent.

Le Valet fort, le Marquis arrive une lorgnette à la main & s'épanche en propos de perfifflage convenables à fon ton; Monfieur Oronte le prie de quitter ces difcours futiles, de parler de chofes plus férieufes; le Marquis lui dit qu'il adore fa fille, Oronte lui répond qu'il lui fait beaucoup d'honneur, mais que réfolu de faire le bonheur de fa fille il lui laiffera faire le choix de fon époux.

Un petit Courier arrive avec un gros paquet de Lettres, elles font d'un Duc, d'un Prince, &c. Il trouve auffi la lifte du Marly, le Journal de la Cour, fes courses, fes Voyages, les emplois à donner; les morts, les mariages; Oronte en revient toujours à fon premier objet qu'il faut fe faire aimer de fa fille pour l'obtenir, ce qu'il croit être plus difficile que le Marquis ne le penfe, attendu que fa fille aimait un Gentilhomme à qui elle avait été promise en Amérique : le Marquis de

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