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fa bourfe lui appartient; que c'eft un argent mal acquis, & lui propofe un accommodement, c'eft que Calcante époufe Nife, & que fa bourse lui ́servira de dot. Le vieux Marchand ne veut pas y confentir. Griffifer appelle fes camarades pour punir ce refus. Des Bohémiens, déguifés en diables, viennent épouvanter Calcante.

Nife lui dit avec douceur, m'époufez vous? Je goûte affez la chofe, répart le bonhomme; que ces Meffieurs fe retirent: fais-moi voir ma bourse & tu feras contente. Elle fait éloigner les Bohémiens, & commande à Griffifer de faire briller à leurs yeux la bourse de Calcante. Il accourt, & montre la bourse, en difant:

Lucifer vous ordonne

D'être époux, dans le moment,
Ou redoutez le plus dur châtiment.

Le Diable faire un mariage, se récrie: Calcante; il devrait l'empêcher. Briga ni répond plaifamment :

Il fait fes intérêts.

C'est lui qui préfide au ménage,
pas à toi de fonder fes. Décrets..

It ce n'eft

Nife alors joue la tendreffe, en difant qu'elle ne veut pas que Calcante l'épouse malgré lui; qu'elle l'aime trop pour caufer fon malheur, & qu'elle va lui rendre fa bourse. Brigani lui déclare que fi elle n'eft époufée, il faut qu'elle périffe; qu'elle peut rendre la bourse à ce prix. Elle la donne à Calcante, & feint de s'évanouir entre fes bras. Le: barbon attendri, s'écrie: voilà ma main : Je ne fouffrirai pas que tu perdes le jour. Nife revient de fa fauffe pamoifon, & le bonhomme dit:

Allons, figurons-nous que la bourse est sa dat,, On n'a du moins rien ôté de la fomme ?..

Ce dernier vers prouve que l'avarice ne veut rien perdre, & qu'elle eft toujours fa paffion dominante. Brigani répond que la fomme eft entiére, & qu'il eft un Diable honnête homme. Et F'Ours, demande Cafcante? Vous le voyez en moi, répart le frere de Nife, en fe démafquant, je fuis le Diable, l'Ours, & Brigani. Vous m'avez attrapé, s'écrie le vieillard:

Mais Nife eft fi jolie,

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Qu'en la voyant il n'eft rien qu'on n'oublie

Cette Piece finit avec beaucoup de gaieté. C'est une imitation de la Zingara, Intermede Italien que Mr. Favart a rendu beaucoup plus agréable que l'original. Cet Auteur ne manque jamais d'embellir tout ce qu'il touche, & les graces de fon pinceau font toujours d'accord avec la vérité. Depuis que l'on met des paroles Françaises fur des airs Italiens, aucuns n'ont encore été fi bien parodiés que ceux qui fe trouvent employés dans la Bohémienne, non feule ment le fens des paroles eft toujours parfaitement d'accord avec l'expreffion de la Mufique; mais on doit encore remarquer qu'il n'y a pas une feule fautede profodie dans toute la Piece. Elle eut un fuccès des plus conftans & des plus fuivis, & fut repréfentée 24 fois.

DEBUT DE Mlle, VICTOIRE.

Le 19 Août Mademoifelle Victoire, déja connue au Théâtre de l'Opéra par fes talens pour le chant & pour la danse, débuta fur le Théâtre Italien par le rôle de la Débutante dans les Débuts, & celui de Cloé dans l'Embarras des Richeffes ;; enfuite par celui de la. Ser

&

vante Maîtreffe, & plufieurs autres, dans lesquelles elle eut un égal fuccès; elle n'a cependant point été reçue, la plupart des Spectateurs n'en ont pas moins été étonnés qu'affligés.

PLUTUS,

RIVAL DE L'AMOUR..

Comédie en un acte en profe
2 Septembre 1756. (1)

PLUTUS prie Mercure de l'aider à faire la conquête des Graces; celuici doute qu'il foit poffible au Dieu des Richeffes de féduire ces Divinités, & répond que l'affaire ferait bientôt faite s'il n'en voulait qu'à des mortelles. Le Meffager des Dieux fort pour aller exécuter les volontés de Plutus, qui: de fon côté va recevoir l'encens des humains.

Le Théâtre change, & repréfente, dans le fond, l'Amour, couché fur un lit de rofes; les Graces ne le reconnaiffent pas & veulent l'éveiller après:

(1) La fcène eft à. Cythere..

avoir réfolu de l'élever parmi elles; mais il s'éveille de lui-même, & feignant auffi de ne les pas connaître, il leur dit les chofes les plus galantes; les Graces répondent fur le même ton; il les prie de vouloir bien le garder avec elles; elles s'en défendent; il infifte tendrement; elles font prêtes de fe rendre, mais elles fentent tout l'em. pire qu'il prend fur elles, & fe fauvent pour lui dérober fa victoire. Mercure arrive, reconnaît l'Amour & lui fait part de fon meffage.

L'AMO U R.

Plutus a fait le Procès à l'Amour; Mercure eft fon Avocat, la Beauté fera le mien, & je fuis fûr de gagner ma cause; préparez le Plaidoyer; moi, pendant ce tems-là, je vais fuivre le Plaifir qui m'appelle; nous fommes faits l'un pour l'autre ; nous devons mettre à profit tous les momens qui fe préfentent; je regrette ceux que je perds avec toi en vains difcours. Adieu: fais ta Charge, je vais faire la mienne.

Lorfque l'Amour est sorti, les Graces reviennent, & paraiffent toutes émues; Mercure leur en demande la raison, & leur dit, que fi l'Amour, en

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