페이지 이미지
PDF
ePub

RAMIR.

Comédie héroïque en quatre actes en vers, 31 Janvier 1757. (1)

LE Comte de Cerdagne, connu par fes vertus & fes exploits, a époufé en fecret Léonor, fœur d'Alphonfe, Roi de Léon & de Caftille. Ils ont enfreint, par cet hymen, les loix féveres du pays. Ramir en a été le fruit. Il vit depuis fon enfance dans une retraite environnée de Forêts, & voifine de Burgos; fous la tutelle d'Ernefte, qui par néceffité, lui cache fa naiffance. Ge jeune Héros s'est déjà couvert de gloire, par des actions dignes de fon Sang; il a défait, à la tête de quelques Pâtres, des Partis de Maures, qui ravagaient l'Espagne. Ernest informe fouvent le Comte de l'état de fon fils. Arlequin, Villageois, bon & fidele, eft le porteur de ces avis fecrets.

Rivaros, Miniftre d'Alphonfe, jaloux de la faveur du Comte de Cerdagne, & fon plus grand ennemi, fur des

(1) La scène eft à Burgos, & dans les ca virons.

H

foupçons fondés, fait arrêter Arlequin, chargé d'une lettre d'Erneft. Léonor en eft informée par Coraline fa Suivante. Elle confulte avec fon Epoux, comment ils pourront parer ce contretems fatal ; quand Scapin, Valet & confident du Comte, vient leur annoncer des maux encore plus grands. Le Roi de Barcelone a fait demander par un Ambaffadeur, la main de la Princeffe, & ne veut accorder la paix qu'à ce prix. Le Confeil s'affemble à ce fujet. Le Comte y allégue les plus fortes raifons, pour engager Alphonfe à rejetter les propofitions qu'on lui a faites. Rivaros eft d'un avis contraire. Il s'emporte contre fon ennemi, & fait naître dans l'efprit du Roi des foupçons violens. Le Comte eft obligé de fe retirer.

Le Miniftre dit alors qu'il fait arrêter un émiffaire d'Erneft. Arlequin eft amené & Alphonfe trouve dans la lettre qu'il apporte des preuves prefque certaines de l'hymen de fa fœur. On va tâcher de convaincre les coupables. Bientôt l'Epoux eft furpris, fortant de nuit de l'Appartement de la Princeffe. Elle y eft retenue; & le Comte eft envoyé aux prifons du Château de Lune, dans la Forêt d'Erneft. Prêt à s'y voir

renfermer, il fait éclater fon courroux & fon défespoir.

Ainfi dans un tombeau, privé de la lumiere, Je vais loin des humains achever ma carriere, J'y vais d'un long trépas éprouver les hor

reurs,

Jouet infortuné de mes Perfécuteurs,

Et fui même de ceux, dont la main fecourable,

Soutiendra de mes jours la trame déplorable.

La Loi qui nous punit de l'ardeur la plus pure, Outrage les mortels, l'amour & la nature. . . Fortune, gloire, amour vous m'avez donc

trahi,

[ocr errors]

Plaifirs, richeffe, honneurs, tout eft évanoui. A ces Dieux des humains, aux charmes de ma vie,

Vont fuccéder ici les maux & l'infamie!

Ainfi donc, en ce jour, dans ce vaste univers Il ne me reste plus qu'une tombe & des fers!

A peine l'Epoux malheureux eft-il entré dans le Château, qu'on apperçoit d'un autre côté le Fils, enveloppé par Rivaros & fa fuite. Il fe défend avec un javelot, qu'on brife dans fes mains. Le Miniftre lui ordonne de fe rendre; il

répond qu'on ne le privera de la liberté

qu'avec la vie.

[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Par ce détour honteux, tu caches ta faibleffe.

RIVARO S.

Ceffe de m'infulter, & refpecte mon rang.

RAMI R.

On m'a toujours caché la source de mon sang; J'ignore jufqu'ici, qui de nous deux eft Maître; Et fi j'en crois mon cœur, c'est Ramir qui doit l'être.

RIVARO S.

Mortel présomptueux ! vil habitant des bois! RAMIR.

Ils ont été le champ de mes premiers exploits. Contre les Africains cruels & redoutables,

J'y défendis mon Roi, mon Pays, mes semblables,

Sans en être connu, fans en exiger rien ;
J'y déteftai le mal, j'y fis toujours le bien,
L'honneur y fut ma loi, la gloire mon mo-

bile,

La vertu mon foutien, la valeur mon azile; Voilà mes actions, condamne-les; choifis Celle qui doit ici m'attirer tes mépris. ...

Rivaros veut le faire charger de chaînes. Ramir se faifit de l'épée du Miniftre, & la tire.

Barbare ç'en eft trop... qu'on te donne une épée.

'Alphonfe furvient, efcorté de fa fuite, & ordonne à Ramir de rendre l'épée.

RAMIR, à Rivaros.

Je mets fans murmurer, ce fer en ta puil

Cance;

« 이전계속 »