페이지 이미지
PDF
ePub

moigne la plus vive reconnaiffance; qu'il eft déja trop payé par l'honneur qu'il a eu de le fervir.

Que dis-je à ma valeur vous avez applaudi: Et d'un bonheur fi grand, je dois être ébloui, Cet encens prodigué par des flatteurs infâmes, Doit produire l'orgueil & corrompre les ames; Mais dans tout l'Univers, rien n'est si précieux,

Que l'encens accordé par un Roi vertueux.

Zéline, chargée de chaînes, eft amenée aux pieds du Roi. Elle lui parle avec fermeté, & attend fon arrêt fans le craindre. Le jeune Héros l'interrompt, pour parler en fa faveur. Alphonfe ôte les chaînes à Zéline, & lui dit d'aller parer fa Cour, où elle ne recevra que des hommages. Enfin il va récompenfer Ramir, & faire élever un trophée à fa gloire. Lejeune Vainqueur

dit

que la récompenfe eft trop grande. Il exige feulement qu'on lui apprenne le nom des Auteurs de fa vie. Le Roi eft embarraffé par cette demande. Ramir infifte, fupplie & preffe Alphonfe, qui fort précipitamment, avec douleur de ne pouvoir le fatisfaire.

Le jeune Héros s'emporte contre

l'ingratitude de celui qu'il vient de fervir, & fe prépare à retourner dans les forêts, quand Arlequin vient l'inftruire de l'intérêt que le Comte de Cerdagne a toujours pris à fon fort. Ramir veut parler à ce fameux Guerrier, dont le def tin l'intéreffe lui-même, pour tâcher d'en tirer quelques lumieres. On lui dit qu'il eft retenu dans le Château de Lune pour un crime d'Etat, & qu'on ne peut l'y voir, parce que le Gouverneur a reçu à cet égard des ordres très-rigides. Ramir en eft indigné. Arlequin lui confeille de fapper le mur le plus vieux du Château, qui répond au fouterrein où font enchaînés les grands criminels. Le Héros, fecondé de fon escorte, attaque le mur, qui s'entr'ouvre peu à peu, s'écroule, & forme deux ouvertures, à travers defquelles on voit un fouterrein affreux. Ramir entre par la premiere, avec fes Soldats; & l'inftant d'après, le Comte de Cerdagne fort par la feconde, portant à fes bras quelques anneaux de fa chaîne, brifée dans l'écroulement.

Le jeune Héros fuit de près le Comte. Ils s'abordent avec émotion, fe parlent, s'attendriffent, & reconnaiflent le lien dont les uniflent le fang & la na

ཞ་

ture. Ramir mêle aux tranfports de fa joie, fon indignation contre le Roi, dont il a défait les ennemis. Ah! mon fils, lui dit le Comte.

Un grand homme avec joie affronte le tré

pas,

Pour fervir des humains qu'il reconnaît ingrats!

Ramir veut aller avec fon pere jeter aux pieds d'Alphonfe.

Le COMTE DE CERDAGNE.

fe

Fuyons plutôt les yeux d'un Prince prévenu, Qui fans doute en ce jour punirait ta vertu.

RAMIR.

Moi fuir, Seigneur! mon bras répond de

Votre vie.

Le COMTE DE CERDAGNE. Mais par un crime alors tu l'aurais avilie; Pour calmer de fon Roi la haine & la fureur, La fuite eft un triomphe, & non un dèshon

neur.

Alphonfe, qui a été averti de l'action de Ramir, vient, accompagné de Zéline & de Rivaros, pour faire arrêter & punir les deux nouveaux coupables.

Ils tombent à fes genoux. Le Comte veut mourir, pourvu que l'on fauve fon fils. Ramir ne veut point furvivre à fon pere. Rivaros preffe le Roi d'être inflexible; mais Zéline défend les deux Héros infortunés; Ramir a confervé fes jours; il a pris fa défense auprès d'Alphonfe; elle doit le fervir à fon tour. Le Roi fe rend enfin, reconnaît le Comte pour fon frere, & Ramir pour fon neveu. Zéline applaudit à ce trait généreux. Alphonfe l'engage à combler le bonheur de Ramir par leur union. Elle fe défend d'abord; mais elle change bientôt de langage & finit la Piece par ce vers ;

Seigneur, je fuis vaincue, & je dois obéir.

Cette Comédie eft tirée des Italiens & mife en vers par M. Mailhol, qui dans fon Avertiffement convient que M. Araignon, Avocat, y a fait environ quatre-vingt vers, dont plufieurs ont été applaudis. Au furplus, de qui que ce foit cet ouvrage, il est bien fait, & mérite fon fuccés,

LES ENSORCELÉS,

OU JEANNOT ET JEANNette.

Parodie en un acte en profe, mélée de chants, 1er. Septembre 1757. (1)

GUILLAUME.

AIR: Ah! fi ten táte, fi t'en goût, fi

MORGUE,

t'en as.

ORGUÉ, l'amour eft un chien de Sorcier Qui m'fra bientôt oublier mon métier, Moi qu'on nommait la fleur des Marichaux, Pour un' Fillette, j'néglige mes ch’vaux, Et je n'fais plus qu'm'occuper de mes maux. **

Ah! ma poitrine eft un' forge d'l'amour, Dont mes foupirs foufflent l'feu nuit & jour;, D'une flâme ardente j'm'fens embrâfer; Pour l'appaifer, j'm'efforçons de l'arrofer; Mais j'ons beau boire, ça n'fait qu'Tattiser.

Madame d'Orville, de qui j'ai l'honneur d'être le Marichal, eft la Maraine

(1) La fcène fe passe au Château de Madame d'Orville.

« 이전계속 »