de Jeannette; c'est elle qui lui baille fa dot; il faut que je l'i faffe ma cour: alle vient de m'envoyer charcher; c'est apparamment pour me propofer de lui vendre ma petite jument dont elle a envie. Voilà une bonne occafion pour li parler de Jeannette. Madame d'Orville arrive, & propofe à Guillaume le marché de fa petite jument; celui ci, fans l'écouter, lui parle de Jeannette, ce qui produit des équivoques très-plaifantes; à la fin ils s'entendent; Guillaume propofe de troquer la petite Jument contre Jeannette & fa dot. Madame d'Orville y consentirait, fans la répugnance qu'elle a de gêner l'inclination de Jeannette, qui aime Jeannot, fils de fon Fermier. Guillaume lui apprend que ces deux enfans fe croyent enforcelés, & font venus le confulter fur les tourmens que l'amour, qu'ils ne connaissent pas, leur fait éprouver. Guillaume compte profiter de leur erreur, il fe charge de la guérison de Jeannette, & Madame d'Orville de celle de Jeannot. Lorfqu'elle eft fortie, ce jeune homme vient derechef confulter Guillaume, auquel il expofe ainfi fon mal: Je fens, quand j'voyons Jeannette, Je n'fais pas ce que je fouhaite, Je bûvons de belle iau claire, Guillaume lui dit que c'eft un charme que Jeannette lui a jetté; & lui ordonne de ne la plus regarder. JEANNO T. A1R: Adieu ma chere Maîtreffe Ah! Guillaume, votre recette J'ons biau n'pas r'garder Jeannette, Guillaume acheve d'effrayer Jeannot, en lui difant qu'il courra le loupgarou, & que le diable lui tordra le col; mais il lui donne un fecret pour repouffer le charme de Jeannette, & l'affure que Madame d'Orville achevera fa guérilon. Jeannette arrive à fon tour, pour confulter Guillaume, qui s'offre luimême pour la guérir du mal que lui fait Jeannot; mais elle n'ajoûte pas foi à ce reméde. Madame d'Orville furvient &fe fait expliquer comment Jeannot a donné le fort à Jeannette; elle répond que c'eft par un bouquet & par un baifer; elle fe promet bien de lui tout rendre, fans oublier le baifer. Madame d'Orville fort & lui dit d'oublier Jeannot & d'aller fe divertir avec fes compagnes; Jeannette trouve que cela eft plus aifé à dire qu'à exécuter, & voyant venir Jeannot, elle fort pour exécuter les ordres que fa Maraine lui a donnés & pour aller chercher tous les présens qu'il lui a faits; elle revient bientôt avec un panier où il y a des rubans & un bouquet; ils fe reprochent l'un à l'au tre le mal qu'ils éprouvent. JEANNETTE. AIR: Je m'en vais à la Riviere. JEANNO T. Dis moi quel pouvoir m'attire Je m'déplais où tu n'es pas,. Ça Jeannette, en bonne foi, JEANNETTE La nuit pour peu que j'fommeille,, Croyant entendre ta voix. Ça, Jeannot, en bonne foi, Si matin qu'eft-c'qui m'éveille 1 Après un beau dépit de part & d'au tre, Jeannette jette à Jeannot le bouquet, les rubans & le panier; Jeannot repouffe le fort comme Guillaume le lui a appris; mais tout cela n'y fait rien; ils fentent leur mal augmenter, & ils fortent en colere l'un contre l'autre. Madame d'Orville arrive, veut les appaifer, commence par congédier Jeannette, & entreprend enfuite de guérir Jeannot; mais il aimerait mieux guérir avec Jeannette. Madame d'Orville lui promet de l'époufer, après lui avoir fait donner une éducation convenable, & confent à le guérir à ce prix. Elle fort pour aller trouver fon pere, & Jeannette, qui a tout entendu, revient, & dit à Jeannot qu'elle n'eft plus fâchée contre lui, puifque c'eft fans le favoir que l'on s'enforcele. Madame d'Orville leur a auffi appris que les Oifeaux chantent pour foulager leur amour; ils en font de même; ils fautent, dansent & courent l'un après l'autre pour fe foula |