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mufe en paffant à affommer un Dogue qui défendait l'entrée de fa caverne ; il fe fauve avec tous les garçons du laboratoire, & Glouton refte feul avec Alcidac, qui entre en menaçant de

tout fracaffer.

ALCIDAC, levant la canne.

AIR: Oh reguingué.

Je vous en prie, allons.

GLOUTON.

Eh bien,

Monfieur, vous m'en priez trop bien,

Pour que je vous refuse rien,

Que de ces lieux, Modefte forte,
Et que le Diable vous emporte.

Il fort, & emmenne Modefte, qui trouve avec raison qu'on lui fait voir bien du pays.

Le théâtre change encore, & représente un lieu décoré pour une Fête. Mazette chante avec le Choeur la grande victoire qu'Alcidac a remportée sur Glouton; il paraît à l'inftant avec Modefte qu'il ramene, & qu'il preffe de remplir l'engagement qu'a pris Ma

zette avec lui; mais ce n'eft qu'une épreuve, & ce Héros qui n'eft pas moins généreux que celui de l'Opéra, rend à Mazette fa promeffe & fa femme, en affurant pourtant cette derniere qu'elle le trouvera toujours au befoin.

Cette Piece qui eft de Monfieur Favart, joint à une grande variété de tableaux, un grand fonds de gaieté, digne de l'ancienne Parodie, & j'ai cru faire plaifir au Lecteur, en copiant mot à mot toute la fcène qui fe paffe chez le Docteur Glouton, parce que c'est une anecdote critique des Pieces de théâtre qui furent jouées dans ce tems-là: celle-ci fit beaucoup de plaifir, & eut vingt-quatre représentations.

LA NOUVELLE ECOLE

DES FEMMES.

Comédie en trois actes en profe, 6 Avril 1758. (1)

MELITE, d'une figure charmante; d'un caractère excellent; mais qui compte trop fur les devoirs de l'Hymen & fur la tendreffe qu'elle a pour Saint-Fard, fon Epoux, dont elle eft amoureuse, a la douleur de fe voir quitter pour la belle Laure, fille fans état, & qui fans fortune reçoit de grands Seigneurs; elle en porte fes plaintes au Chevalier, qui est ami de Saint-Fard & qui voudrait être quelque chofe de plus auprès de Mélite, Cependant il juftifie fa rivale.

Le CHEVALIER.

Que reprochez-vous à Laure? Elle eft aimable, dites-vous; n'eft-ce pas bien fait à elle, & eft-ce à vous, Madame, à lui faire un défaut d'une qua

(1) La fcène eft dans l'Appartement de

Mélite.

lité que vous poffédez plus que perfonne.

MÉLITE.

Je vous remercie de la galanterie ; mais point de comparaifon.

Le CHEVALIER.

Elle a des talens, d'accord; mais ces talens ne font point avilis par l'usage qu'elle en fait. C'eft pour le bonheur des perfonnes qui la connaiffent, que l'art chez elle a fu embellir la nature; & comme les talens font des faveurs que la nature fait à peu de perfonnes, elle fe charge d'en amufer par forme de dédomagement, celles à qui elle les refufe. Laure eft jeune, ajoûtez-vous; grand défaut ; j'en conviens; mais c'est le feul que les femmes pardonnent ; elles favent qu'il ne dure pas. Laure fait beaucoup de dépenfe, & tient une mai• fon; il eft vrai; mais elle eft riche, & fa richeffe n'eft point le fruit du deshonneur. Un vieux garçon fort opulent, prêt à l'époufer, mourut fans parens; ila laiffé à fa Maîtreffe tout le bien que huit jours plus tard il aurait laiffé à fa femme. Depuis quand eft-il défendu à l'amour d'être auffi géné

reux que l'hymen? Laure ne voit que des gens fort riches & du plus haut étage: fans doute ce font eux avec qui elle peut mettre fon mérite dans le plus beau jour. C'eft un tableau fini qui a befoin d'être vu par des connaiffeurs. Enfin, elle n'eft point mariée : quelles entraves vous mettez à votre bonheur, Mesdames; fi vous ne pouvez jouir honnêtement quelques années de votre vie fans la perte de votre liberté.... fachez donc que Laure n'a ni les raffinemens de la coquetterie, ni les artifices de l'infidélité, ni les noirceurs de la perfidie; la liberté, l'amour, & la philofophie chez elle fe tiennent par la main; c'est une ame noble, mais fenfible, qui fe livre avec décence à toute la vivacité de ses goûts, & qui fait allier la dignité des fentimens les plus refpectables, avec l'extérieur de la conduite la plus galante.

Mélite forme le projet d'aller confulter Laure qui ne la connaît pas, fur les moyens de ramener un perfide. Laure confommée dans l'art de fubjuguer les hommes, eft flattée de la confultation; elle donne de fages avis, blâme le ton froid & languiffant de Mélire, & cette prétendue décence, qui eft la

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