Vont naître !

Tout ces marmouzets

Feront des fujets

Qui ferviront bien leur Maître.

*

Monfieur l'Gouverneur,

Nous met en humeur

De nous marier Dimanche;
L'argent qu'il a

Jetté de fa

Main blanche,

Va nous fournir

De quoi rôtir

L'éclanche,

Nous ferons contens,

Car à fes dépens,

Nous nous marierons Dimanche.

Gette Piece eft de Panard, qui dans ces fortes d'occafions, était toujours le premier à donner les preuves de fon talent & de fon zele. Le Public qui lui en favait gré, voyait toujours fes ouvrages avec plaifir, & celui-ci eut douze représentations.

*

LA VALLÉE DE

MONTMORENCI

Ballet Pantomime, 25 Février 1752.

LE Théâtre représente une Vallée

remplie de Cerifiers; d'un côté eft une petire éminence, fur laquelle eft un Berger qui garde fon troupeau; on voit les moutons brouter; de tems en tems le chien du Berger fe leve, pour voir s'il ne s'en écarte pas; des petites filles gardent des vaches dans une prairie qui eft au côté oppofé; plufieurs Payfans montés fur des arbres cueillent des cerifes, & rempliffent des paniers qu'ils donnent à des Payfannes. Les Payfans après avoir dépouillé les arbres de leurs fruits, s'éloignent pour aller travailler ailleurs, & emmenent avec eux un âne qu'ils ont chargée de cerifes.

Madame Favart habillé en Berger, paraît & chante les couplets fuivans, qu'elle accompagne de fa Mufette.

Raifonnez ma Mufette,

Pour attirer Lifette,

Et que vos plus beaux airs

Eclatent dans les airs;

Lifette, petite Bergere, entre en danfant. Coridon, petit Berger, la cajole, elle le rebute d'abord & s'en défait enfuite avec des bonbons. Au lieu de fe retirer tout à fait, il fe cache pour l'épier; Madame Macée, mere de

Lifette paraît, lui met un panier au bras, en lui faifant figne d'aller vendanger, & lui donne une paire de foufflets, pour s'être amufée. Elle continue de la gronder, & fe retire en la menaçant. La Bergere jette fon pannier, & va s'affeoir fous un arbre. Lifette boude & s'endort. Le petit Berger quila voit de loin toute feule, fe leve, & joue un fecond air fur fa Mufette. Il defcend gaiement du côteau, & s'approche en danfant. Il s'apperçoit qu'elle eft endormie, & va la tirer par fon tablier. Il fe retire, emporte le panier de la Bergere pour le remplir de raifin, & après l'avoir rempli, il revient le pofer à côté d'elle, fans faire de bruit. Elle continue de dormir, il prend une paille qu'il paffe fur les lévres de la Bergere, qui s'éveille en fe les frottant. Le Berger fe cache derriere un buiffon de fleurs. La Bergere s'éveille entiérement, & paraît surprise de trouver fon panier rempli à côté d'elle; elle entend le chant des oifeaux, y prend plaifir, & appelle fa coufine Babet pour l'aider à les attrapper.

Babet, autre petite Bergere, accourt avec un filet; elles approchent toutes deux du buisson avec de grandes

précautions, & prennent le jeune Berger, qui paraît enveloppé de leur filet; elles en marquent leur furprise, le délivrent & le carreffent. Le Berger leur offre un nid de roffignols qu'il a pris dans le buiffon; les deux Bergeres vont chercher chacune une cage; Lisette eft préférée, & la cage de Ba-. bet demeure inutile; premier fujet de jaloufie; ce n'eft que pour un moment que le petit Berger l'appaife avec un bouquet. Lifette triomphante attache fa cage aux arbres, après avoir vu Babet jetter la fienne de dépit. D'un autre côté, le petit Coridon qui a obfervé l'empreffement des Bergeres pour le nid de roffignols, vient le regarder de plus près, marque du mépris par fes geftes, & fait entendre qu'il va chercher un plus beau préfent pour Lifette; il fort & revient, pendant le dépit de Babet, qu'il redouble encore, par la préférence qu'il donne auffi à Lifette; il eft accompagné de petits Bergers comme lui, qu'il engage à danfer, pour amufer la Maîtreffe, à laquelle il offre enfuite une pie qu'elle refuse; pour la punir il en fait préfent à Babet, qui l'accepte & lui donne la volée. Coridon court après fa pie, & fort