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cette réfolution; elle eft inébranlable. Il va trouver le Grand-Prêtre; le conjure d'y employer fon autorité. Tout ce que Sélime peut obtenir; c'eft que le Grand-Prêtre fufpendra le dévouement de fa fille; mais fi elle perfiste, il ne s'y oppofera point. Mélézinde toujours déterminée à mourir, demande une entrevue avec le Grand-Prêtre, le preffe de lui permettre de faire à fon Epoux le facrifice de fa vie. Zarès enchanté des fentimens de fa femme, eft fur le point de fe découvrir; mais il s'arrête, & pour achever de fonder le fond de fon cœur, il lui tient un dif cours artificieux, dont le but apparent eft de la détourner de fon deffein, en l'affurant quelle perdra tout le fruit de fon action, fi la vaine gloire, plutôt que la tendreffe, eft le motif qui l'y engage. Il lui fait une peinture des douceurs de la vie, & lui donne des louanges flatteufes fur fes charmes. Mélézinde eft dans la plus étrange surprise d'entendre un Grand-Prêtre lui confeiller fon deshonneur. Zarès lui répond qu'il voudrait la combler de gloire. Vous favez, lui dit-il, que lors qu'une Veuve s'arrache à la rigoureuse loi du bucher, pour époufer un Miniftre des

Autels, bien loin de perdre fa réputation elle eft au contraire généralement révérée. Je brûle depuis long-tems en fecret pour vous; accordez moi votre main, & ne me livrez point à l'horreur de conduire à la mort celle pour qui je voudrais donner ma vie. Cette feinte artificieufe jette Mélézinde dans le plus grand embarras. Elle fçait que d'un côté fon pere s'oppofera à fon farifice, & de l'autre elle craint que le Grand-Prêtre n'employe mille moyens pour l'empêcher. Pour remplir fon devoir, & fe délivrer de fes craintes, elle fe détermine à feindre. Elle répond au Grand Prêtre que quoiqu'elle fente bien qu'en éloignant l'inftant de fon trépas, elle s'expofe à ne jamais l'accomplir, cependant elle eft trop fenfible à l'honneur qu'il daigne lui faire, pour ne point lui accorder du moins cette faible marque de condefcendance. Elle fe retire après ces paroles. Par cette réponse, Zarès, qui la croyait plus qu'à demi vaincue, entre dans les transports d'une jaloufie qui parvient à fon comble, lorfqu'il reçoit un billet figné du nom de Zémire, Efclave de Mélézinde & veuve de Zima, par lequel elle lui apprend que Mélézinde, féduite par les

offres qu'il lui a faites, renonce à la réfolution de mourir; que pour elle, loin d'imiter fa Maîtreffe, elle fe détermine à fe facrifier pour Zima, fon époux. La lecture de cette Lettre remplit le Grand-Prêtre de fureur contre Mélézinde, & d'admiration pour Zémire. Il donne l'ordre pour le facrifice de cette Efclave. Tous les Miniftres du Temple forment une marche au fon des inftrumens, & amenent la victime couverte d'un voile; on la couronne de fleurs. Le Grand-Prêtre lui fait un difcours & fe difpofe à la conduire au bucher, quand Sélime, pere de Mélézinde, paraît avec un poignard à la main, arrête le bras du Grand Prêtre, l'accufe de manquer à la parole qu'il lui a donnée d'éloigner le facrifice de fa fille, & lui reproche de l'avoir cachée fous un voile, pour la lui ravir avec plus de fûreté. Le Grand-Prêtre paraît furpris, Sélime arrache le voile, qui au lieu de Zémire, fait voir Mélézinde vêtue en Efclave. If accable de reproches le Grand-Prêtre, qui fe juftifie fur fon erreur, & fe fait reconnaître pour Zarès, en ôtant la thiare & la fauffe barbe qui le déguisaient. Il se jette aux pieds de fon époufe, dont il reçoit les

plus vives marques de tendreffe; Sélime l'embraffe, & lui apprend que c'est à l'Esclave Zémire, qu'ils ont obligation de leur réunion, puifque c'eft elle qui eft venue l'avertir du péril de fa Maîtreffe.

Il faudrait lire le dénouement dans l'ouvrage, ou le voir à la repréfentation, où il n'a jamais manqué fon effet.

Le fujet de cette Piece tient beaucoup du tragique, & ce n'eft que pour s'accommoder aux loix du Théâtre Italien que M. le Beau, qui en eft l'Auteur, y a introduit le perfonnage épifodique d'Arlequin ; les Spetateurs Français trouverent l'épreuve de Zarès indifcrette, ce qui n'empêcha cependant pas cette Piece d'obtenir quelque fuccès; elle eut fix représentations.

LE SULTAN GÉNÉREUX.

Ballet héroique, 10 Mars 1759.

ON N fuppofe que des Amans ont trouvé le fecret de s'introduire dans le Sérail, dans un canapé, dans une pendule, &c. Dès que l'une des Sultanes fe trouve feule, fon Amant fort de l'un de ces meubles. Une feconde furvient, qui eft prête à dénoncer l'infi délité de la premiere; mais fon Amant paraît à fon tour, & lui impofe filence. Une troifieme arrive, les apperçoit, & veut les trahir; pareil incident la rend difcrette; ainfi de fuite jufqu'à la Sultane favorite, qui n'ayant point d'Amant qui la retienne, veut tout déclarer au Sultan. Les autres femmes ne pouvant la fléchir, prennent le parti de la poignarder; mais leurs Amans les en empêchent. Enfin le Sultan paraît, ne refpirant que la vengeance; la Sultane favorite s'intéreffe pour les coupables; elle demande leur grace & l'obtient.

Ce Ballet eft du Sieur Pitrot, alors Compofiteur des Ballets de S. M. le Roi de Pologne, Electeur de Saxe,

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