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DEBUT DU Sr. LE JEUNË.

Le 16 Janvier, le Sieur le Jeune fit connaître les talens pour le chant, la danfe & la déclamation, dans les Talens à la mode, où il débuta pour le rôle d'Amoureux, qu'il a toujours rempli depuis, avec la même nobleffe & la même aifance qu'alors on remarquait en lui. Il avait auffi débuté avec quelque fuccès au Théâtre Français, par le rôle d'Egifte dans Mérope; mais il n'avait point été reçu, cet emploi étant rempli.

DEBUT DE LA Dlle, JOURDAIN.

Le 29 Janvier, la Demoifelle Jourdain débuta dans l'Epoufe fuppofée, le premier Février dans la Servante de qualité, & le 5 dans le Divorce. Elle joua dans ces trois Pieces le rôle de Soubrette, & ne fut point reçue.

DEBUT DE LA Dlle. MARTIN,

Le 16 du mois de Février fuivant la Demoiselle Martin, qui s'était fait connaître avantageufement fur le théâ tre de l'Opéra Comique, débuta fur celui de l'Hôtel de Bourgogne par les rôles d'Amoureufes dans le Jeu de l'A

mour & du Hazard, la Coquette fixée; la Servante Maîtreffe, la Bohémienne & le Maître de Mufique; elle les a tous remplis, à la fatisfaction du Public, qui a été fort étonné d'apprendre qu'elle n'avait point été reçue.

Le 23 Février 1760, les Comédiens donnerent une représentation de la Servante Maîtreffe, au profit de leur Camarade Baletti, pour le dédommager autant qu'il leur était poffible d'un accident funefte & fingulier.Ce malheur arriva par une fatalité qu'il était difficile de prévoir. Au dernier acte de Camille Magicienne, Pantalon amene avec lui des Soldats pour forcer la Tour, où Camille tient enfermés Lelio & Flaminia; alors on faifait tirer une décharge de coups de fufils contre cette Tour: un des Soldats deftinés à cet affaut, en attendant avait pofé fon fufil à côté de celui de la Sentinelle du théâtre, qui était forti pour quelques befoins. La fcène étant arrivée plutôt qu'il ne comptait, il fut appellé, & prit avec précipitation au lieu du fien, le fufil de la Sentinelle chargé d'une balle, dont il perça la cuiffe du fieur Baletti, qui jouait le rôle de Lelio; en cet endroit

le Spectacle finit comme on peut fe l'imaginer, & le Public marqua par fa fenfibilité, toute la part qu'il prenait à un accident fi malheureux.

L'INNOCENTE SUPERCHERIE. Comédie en trois actes, en profe, mêlée d'Ariettes, 16 Février 1760.

LE vieux Concierge d'un Château,

homme riche & veuf, eft devenu amoureux de Florette, jeune Villageoife orpheline, qui a été élevée chez Monfieur & Madame Cadeau. Cette Florette aime Colin, fils du Concierge, & en eft aimée. D'un autre côté, le Seigneur du lieu, à qui le Concierge eft redevable de fa fortune, veut le remarier à Madame Thomas, fa femme de confiance, qui eft venue auffi. Le Concierge qui ne fe fent plus aucun goût pour Madame Thomas, & qui doit ufer de ménagement à l'égard de fon Seigneur, veut faire enforte que la coquetterie de Madame Thomas lui ferve de prétexte à éluder fon mariage avec elle. Pour remplir ce deffein, il propose à La jeune Florette de déguifer fon fexe,

& de paffer pour un jeune garçon; elle y confent. Colin eft fort intimidé de Ï'amour que fon pere a pour elle; mais elle le raffure. Habillée en homme, le Concierge la préfente à Madame Thomas, qui en devient amoureuse, & comme il n'y a point de chambre vuide dans le Château, elle propose de faire coucher cette Florette, qui a pris le nom de Finet, dans la chambre de Colin. Cette propofition ne plaît point au Concierge; mais eft fort du goût de fon fils. Le Pere veut que ce Finet aille loger au donjon; à quoi Madame Thomas répond, qu'étant fi haut, & dans un corps de logis féparé, elle ne pourra pas s'en faire entendre quand elle en aura befoin. La conteftation finie, Madame Thomas, feule avec Finet, lui fait l'amour, & lui donne une bourse de louis. Le Concierge, revenu fur la fcène, & feul auffi avec Finet, lui donne le contrat d'un bien qu'il a acheté pour fa chere Florette, & qu'il lui avait promis. Munie de ces deux préfens, elle les montre à Colin, dont elle raffure la tendreffe allarmée. Le Concierge a une affaire preffante qui l'appelle à Paris; & il veut y envoyer fon fils à fa place. Colin' s'en

défend;

défend; & Florette modeftement s'effre à l'y fuivre, ce que le Pere refuse. Madame Thomas, qui entre dans le moment, s'oppofe auffi à ce que Finet aille à Paris; elle veut auparavant lui donner quelques leçons de politeffe. Elle ajoûte qu'elle a des droits fur lui; à ce mot, Finet lui rend la bourse qu'elle lui a donnée, en lui difant, que ce ferait un bien mal acquis de fa part. Le Concierge triomphant, fait des reproches à la coquetterie de Madame Thomas, & promet qu'il s'en plaindra à fon Protecteur. Dans le même temps, Finet lui rend auffi à lui-même le Contrat dont il lui a fait préfent, ce qui donne la revanche à Madame Thomas. Florette alors ne fe déguise plus. Elle avoue qu'elle aime Colin, & qu'elle ne s'eft prêtée à l'innocente fupercherie, que pour parvenir au bonheur de s'unir à lui. J'en fuis fâchée pour vous, dit elle à Madame Thomas; mais j'en fuis bien aife, pourfuit elle, en courant dans les bras de Colin. Madame Thomas & le Concierge renouent leurs premieres amours. Ils font la paix ensemble, & uniffent les deux jeunes gens. La Piece finit par un quatuor. Tome VI.

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