M. Girault, Architecte & Ingénieur Machinifte des Spectacles du Roi, ent furvivance, qui fut chargé par M. le Duc d'Aumont en 1760, de la reftauration & de l'embelliffement de cette Salle, a fait en dernier ces changemens. M. Canot a peint & exécuté le plafond &le rideau qu'il a imaginés de concert MA Girault. DEBUT DE LA SIGNORA SAVI, Le 28 Mai la Signora Savi débuta pour les rôles de premiere Amoureuse, fut reçue à demi-part, & eft morte au mois d'Avril 1766. DEBUT DU SIEUR CAILLOT. Le fieur Caillot débuta le 28 Juillet 1760, par le rôle de Colas dans Ninette à la Cour, dans lequel il eut un fuccès qui n'a fait qu'augmenter chaque jour. Les Comédiens donnaient alors leurs représentations au théâtre des Boule A vards, où ils eurent la permiffion de donner des Bals pour se dédommager des frais qu'ils faifaient pour le rétabliffement de leur Salle. LA NOUVELLE TROUPE, Piece en un acte en vers, mêlée de chants & de danfes, 9 Août 1760. PIERROT, battant de la caiffe, annonce l'arrivée du Sieur Brécourt, Chef de Troupe, qu'il annonce ainfi: Le fieur Brécourt arrive exprès de Lombardie, Pour établir en ce pays, Un théâtre de Comédie. Il recevra des Acteurs à tout prix, Mais il veut que fur-tout, les femmes foient jolies ; Le fieur Brécourt, afin d'y parvenir, Qu'il permet les Amans & les tracasseries. Julie, Rofalie, Hortenfe & Rosette (1) Le théâtre repréfente une Salle de Comédie. lui demandent à parler à cet Entrepreneur; qui paraît, & devant lequel elles ne manquent pas de fe chanter pouille; Madame Brécourt vient en faire autant à fon mari, de ce qu'il reçoit des Actrices fans la confulter; elle les congédie, & elles fortent en le menaçant de lui arracher les yeux. Un Maître de Ballet se présente, & s'annonce de cette maniere: Je fuis une excellente emplette; Jai parcouru les Terres & les Mers; De tout ce que j'ai vu, j'ai fait une gazette. Je n'ai point employé la profe, ni les vers; J'ai voulu me fervir d'un langage uniforme, Qui puiffe être entendu chez les Peuples di vers. J'en retrace les mœurs, les vices, les travers, Je donne à cette hiftoire une nouvelle forme, C'est un tableau vivant des usages, des airs; Ils font en action, au lieu d'être en maximes; En un mot, j'ai voulu réduire en Pantomimes Les rufes dont l'amour fe fert dans l'univers, Et j'en fais des Ballets fublimes. J'ai fur tous les climats compofé des Sujets; 1 Par exemple, j'ai peint une intrigue Efpagnole. Un Amant vient danfer un pas bien langoureux, Au Au trifte fon de la viole. Il trace dans fes pas fon martyre amoureux; Au bout d'un certain tems une beauté divine BRÉCOURT. Pour un moment fi glorieux, On annonce une Danfeuse, enfuite une Chanteuse, qui font chacune l'effai de leurs talens; & pendant ces deux fcènes, Madame Brécourt ne cefle de contrarier fon mari, & d'agacer le Maître de Ballet, qui lui répond fur le même ton. Justine arrive en chantant; elle fait enfuite le récit de fon voyage, qu'elle vient de faire par la Diligence pour s'éloigner plus promptement de fon mari. JUSTIN E. J'étais avec d'honnêtes gens, S Polis, attentifs, obligeans. En femmes, nous avions d'abord deux Pro vençales, Mere & fille, venant toutes deux à Paris ; La mere excitait tous nos ris, Par fes leçons grammaticales. Ma fille, vous allez voir les plus beaux cfprits, Comme moi, prenez garde à l'accent du pays, Dans les fyllabes principales. En hommes, nous avions deux Juges Bas Normands, Un Officier Gascon, d'environ quarante ans ; La fœur d'un Avocat, précieufe & favante; De plus un gros Prieur de la ville du Mans, Qui revenait des eaux avec fa Gouvernante; Les deux Normands parlaient de Procès appointé, Le Gafcon, d'intrépidité ; Les Provençales peu farouches, Du matin jufqu'au foir, chantaient avec gaîté; Le gros Prieur ronflait d'un air de dignité, Et la Gouvernante aux yeux louches, Les avait fur fon Maître incessamment tour nés, Et prenait fon mouchoir pour écarter les mouches |