9 Qui fe plaçaient fans ceffe fur fon nez. Le dernier jour vit naître une hiftoire tra gique, Les Normands difputant tous deux fur un Procès, Four trouver des raisons, firent beaucoup de geftes; Dans la chaleur de leurs débats, Un coup de poing des plus funeftes, C'était la mere; avec un grand fracas, Elle nous dit qu'elle était fort caduque. Monfieur, pourfuivit-elle, en parlant au Gaf con, Tuez-moi, fans façon, Cette vieille perruque. Elle s'évanouit afin de nous toucher; Auffi-tôt la fille s'écrie, Eh! ma mere! ma mere! arrête donc ! Cocher! Meffieurs, Meffieurs! de l'eau de la Reine d'Hongrie, Le Prieur s'éveille en furfaut. Qu'est-ce donc qui peut faire un fi grand tia tamare? Alors le Gafcon parlant haut, Se met à crier, gare', gare, Faites-moi place, il faut qu'en cet endroit La vengeance éclatante aborde à pleines voiles, Je veux du feul bout de mon doigt, Faire aller ce Normand vifiter les étoiles. Moi, je vais t'apprendre à parler, Sut ralentir la valeur martiale, Recule, tombe, écrase un Serin panaché, Que careffait la jeune Provençale. -Sandis, je favais bien que je tuerais quel qu'un'; Cet événement m'est commun. Mon Serin que j'aimais autant qu'une per• fonne ! Qui me confolera de fon trépas? (En accent Normand.) Il ne faut pas que cela vous étonne, Cet Habitant de la Garonne Ne s'entend à tuer que ceux qu'il ne voit pas. Juftine, pour donner une idée de tous fes talens, chante un Pont-Neuf, & déclame alternativement avec Arlequin des vers pompeux de Tragédie, ce qui produit une fcène très-comique; mais celle qui a paru la plus plaifante, tant par la maniere dont elle eft faite, que par celle dont elle eft rendue, eft celle d'un Payfan, coufin du Machiniste, qui vient fe propofer en qualité de Muficien. Le PAYSAN. Pour fardonner en bais car, en bais mol,' Eh! pargué, je ferions la nique A tous tant qu'ils font tous; comptez qu'j'irons not' train, Avant l'âge d'quinze ans, j'ons chanté dans l' leutrain, Et pis j'ons foufflé d' l'ogre, où j'ons fait des merveilles, Pis j'ons vu l'Opira, j'l'ons vu pu d'une fouas, Et je m'fouviens bin d'tout, j'crais entendre les vouas Corner encore à mes oreilles. Les Acteurs étions bons, j'les ont examinés; Car, morgué, je ne fis pas bête. Un biau Prince d'abord venait chanter du nez, Sa Princeffe d'un air honnête, Les bras en l'air, les yeux tornés, L'y répondait en chantant de la tête, Droit comme un Eftafier. Stila chantait d'la gorge, & pis y avait us Chantre, Qui pour le donner l'air forcier, S'battait les flancs, tirait la voix de fon ventre, Ah! qu'c'était biau! morgué, dis-je, à part, moua, 'Si j'étions-là, je ferions dans not' centre. Madame Brécourt lui demande quel rôle il veut faire ; Mais moi, j'n'fais qu'vous dire. Tout c'qu'ous voudrais, un Amour, un Zerphire, Queuqu' Dieu, queuqu Diable, un Héres, un Tyran; Queuqu'enchanteux, un' Nymphe d'bargerie, Une Princeffe, une Furie; Le chouas m'eft fort indifférent, J'allons fi vous voulais effayer plufieurs rôles. De l'Opira j'ons r'tenu les paroles, Car j'ons acheté l'placard. J'enfilerons les mots à ma mode, au hafard, Com'ça fpratique. Un Prince Amant d'une Princeffe, Font un Moineroque d'tendreffe. Mais il faut, s'il vous plaît, vous tenir à l'écart. (En Haute-Contre.) Jarnigué, Princeffe adorable, Si c'est un crime d'être aimable, (Il tire un petit coûteau de fa poche.) (En Baffe-Taille.) Arrêtés, arrêtés, hélas ! quelle barbare envie! A la Princeffe qui vous aime. ( En Haute-Contre.) Qui m'aime! jufte ciel! Dieux, queu bon heur extrême, Murmurez ... doux oifaux; Coulais, coulais charmants Zerphirs, Volais, volais, ruiffiaux, Pour chanter mes plaifirs. (Bis.) |