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fer s'enfuit, & le Pere arrête le Prevôt, qui n'ayant plus de défaite, eft obligé d'avouer fon amour. Le Pere lui dit qu'il est très-fâché de le refuser; mais que tout eft arrêté pour le mariage de fa fille avec un autre Les deux Amans cherchent en vain à l'attendrir, & l'acte finit. La fcène du menuet, quoique imitée du Bal Bourgeois, Opéra Comique, n'en a pas moins été applaudie.

Au fecond acte l'Amoureufe propose à Marine, fa Suivante, de paffer devant le Provincial pour fa Maîtreffe & elle même pour fa Soubrette. Lè Pere, qui eft forti, leur laiffe le tems d'exécuter leur ftratagême. Le Provincial arrive, très empreffé de voir fa prétendue. Marine, fous le nom de fa Maîtreffe, qui l'accompagne comme Soubrette, paraît très-aimable aux yeux du Provincial, qui croit voir en elle une Déeffe; l'émotion qu'elle fent à fa vue, la fait tomber entre les bras de fa Suivante, qui la ramene à fon Appartement. Le Provincial refté seul, s'applaudit de l'effet que fa présence vient de produire fur le cœur de fa Prétendue. La fauffe Soubrette revient; le Provincial lui demande des nouvel

les de fa Maîtreffe, lui fait le portrait des plaifirs & des amusemens de fon pays La Soubrette lui fait à fon tour celui de la maniere dont les maris & les femmes vivent à Paris; cette peinture révolte le Prétendu, que la fauffe Soubrette laiffe à fes réflexions. Le Pere revient, embraffe fon gendre, & lui demande s'il a vu fa fille, & s'il en eft content. Celui-ci répond qu'il a tout lieu de l'être; mais qu'elle a une Soubrette, dont les difcours ont un peu choqué fa délicateffe. Enfuite il lui apprend que fa vue a caufé tant d'émotion à fa fille, qu'elle eft un peu malade; le Pere fe fait conduire à l'Appartement qu'il lui a deftiné, & va chez fa fille, qui fe préfente dans le moment, appuyée fur Marine, en se plaignant beaucoup. Le Pere veut envoyer chercher un Chirurgien, Marine dit que celui de la Malade eft à la campagne; mais qu'un jeune Médecin a promis de venir dans le moment. Le Galant de la Demoiselle eft ce Médecin; qui arrive, lui tâte le pouls, & devine que chez elle le cœur eft attaqué. L'accès de la Malade redouble, le Médecin preffe le Pere de la foulager, en lui accordant celui qu'elle

aime; embarras du Pere, inftances du Médecin & de Marine, & l'acte finit. On voit que le déguifement de l'Amoureux en Médecin n'eft pas plus nouveau que les ftratagêmes précédens.

Le troifieme acte commence de la maniere la plus ingénieufe, & prête de grands effets à la Mufique. C'eft l'Amoureuse, l'Amant Médecin, & Marine, qui entrent fur la fcène l'un après l'autre, en faifant chacun une comparaifon, & en s'uniffant enfuite. par un Trio, qui eft de la plus grande beauté; on laiffe Marine feule lorfqu'on entend le Provincial. Il fait de nouvelles proteftations d'amour à cette: Soubrette, qui reprend alors le rôle de Maîtreffe, & qui le prie de différér encore leur mariage de quelques jours. Il eft étonné, & demande les raifons de ce délai. Elle lui avoue enfin fa fupercherie. Le Provincial i que la Maîtreffe, fous l'habit de Soubrette, a déja indifpofé contre-elle, n'eft point fâché de ce qu'elle ne l'aime point, & fe réfout à partir la nuit fuivante, fans que le Pere n'en fache rien. Marine paraît le regretter; & ce

fentiment le touche au point, qu'après quelques réflexions, il veut bien convenir de l'époufer, & lui donne rendez-vous fur le minuit pour partir enfemble. Le Provincial feul, chante une Ariette fur les différentes qualités qui plaifent dans les trois conditions des femmes. L'Amoureufe, contrefailant toujours la Soubrette, vient trouver le Provincial. Leur entretien fe termine par un Vaudeville fur les peines qu'on a dans le mariage, lorfqu'on ne s'aime point. L'Amoureu'e inftruit fon Pere, du deffein que le Provincial a formé d'enlever Marine; ils fortent tous deux dans le deffein de fe venger. Marine vient au rendez-vous; & en attendant le Provincial, elle chante une nouvelle Romance très-jolie. Cependant le fommeil la gagne; le Pere qui furvient, la fait remonter à la chambre, & attend le Provincial, qui frappe à la porte & le prend pour la Soubret te, dont le Pere contrefait la voix. A la vue de la méprife, il cherche à fe juftifier, & fa fille vient fe joindre à lui; le Pere vaincu par fes inftances, lui accorde celui qu'elle aime, qui paraît auffi-tôt; ce mariage arrê

té, Marine refufe de fuivre le Provincial que l'on renvoye en lui fouhai tant un bon voyage.

Quoique les fituations de cette Piece n'offrent rien de neuf, elle ne laifla pas que de faire plaifir, parce qu'elle eft théâtrale, & qu'elle fut très-bien jouée. Elle eft du Sieur Riccoboni fils, & la Mufique de Monfieur Gaviniez, célébre par fon talent pour le Violon; on y applaudit plufieurs airs très-agréables, & qui ne nuisaient point au fucfès de la Piece, qui eut dix-neuf représentations.

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