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LES CAQUETS.

Comédie en trois actes en profe
4 Février 1761.

LE premier acte se passe dans la

fe

maifon d'Adrien. Madame Griffon, Mademoiselle Nanette, & Monfieur Belhomme font chez lui pour figner le contrat de mariage de Babet, qui paffe pour fa fille; Marotte & Catherine, Revendeufes à la Toilette, & coufines d'Adrien, y font auffi. Tous ces perfonnages, affis en cercle, caufent, en attendant l'arrivée du Pere & du Marié. Les Revendeufes trouvent que Dubois ne montre pas affez d'empreffement pour fa prétendue, & furtout le blâment de n'avoir pas encore apporté les préfens de nôce. Madame Griffon en prend le parti, & trouve mauvais qu'on parle mal d'un garçon qu'elle protege, & qui eft le filleul de fon mari. Les Revendeufes répondent par des traits peu mefurés. Madame Griffon fe fâche, & elle eft fur le point de s'en aller, lorfqu'Adrien & Dubois arrivent. D'abord ils font

honnêteté à Madame Griffon & à fa Compagnie. Les Revendeufes font fort choquées, prétendant que dans une affemblée de cette nature, les Parens font les premiers auxquels on doit faire attention. Elles fe fâchent encore davantage, quand on les prie de se reculer un peu, afin que Dubois trouve place auprès de Babet. Elles veulent refter à leur place, & prétendent qu'on faffe reculer les autres. On a beau leur repréfenter que Madame la Procureufe mérite des égards & du refpect, elles n'en veulent rien croire. Madame Griffon les trouve fort impertinentes. Marotte lui répond avec vivacité & en termes fi offenfans, que Madame Griffon prend le parti de s'en aller abfolument, & emmene avec elle Mademoiselle Manette. On fait tout ce qu'on peut pour les retenir; mais inutilement, & tout le monde les fui nour les reconduire & les appaifer.

Marotte & Catherine demeurent feules, & font contentes d'avoir eu l'avantage, puifque le champ de bataille leur eft demeuré; lorfqu'Angélique arrive, pour effayer la Robe de nôce. On la voit; on la trouve trop riche; Angélique leur dit qu'elle a fait cet.

ouvrage avec bien du chagrin; on lui en demande la raifon; elle avoue qu'elle aime Dubois qui aurait été fon mari, fi elle avait eu du bien, & qui ne l'a quittée pour Babet, que parce qu'il trouve chez celle-ci deux mille écus en mariage. Marotte eft révoltée d'apprendre qu'Adrien donne une pareille fomme à une fille qui ne lui appartient pas, tandis qu'il a des parens à qui fon héritage doit revenir naturellement. On la prie de s'expliquer làdeffus; après s'être un peu défendue, elle confie à Catherine & à Angélique qu'Adrien n'avait jamais eu qu'une fille qui était morte à Rouen, d'où il était revenu avec Babet, qu'il a toujours fait paffer pour fa fille, quoiqu'elle ne le foit pas. Comme on refufe de la croire, elle montre l'extrait mortuaire de la petite fille, qu'elle a fait venir, pour être plus affurée de la vérité de ce fait, qui lui avait été autrefois confié par fa mere. Lorfqu'on lui demande qui peut être Babet, elle avoue qu'elle ne fait pas où Adrien l'a prife; mais elle protefte que ce n'est pas fa fille. Angélique, à cette nouvelle, conçoit quelqu'efpérance, que fi l'on vient à le favoir, le mariage de

Babet

pourra fe rompre, & que Dubois lui reviendra. Elle part pour aller chez Madame Griffon achever une Robe, & toutes les trois fe quittent, Marotte leur difant de fe taire fur ce qu'elles viennent d'apprendre, & les deux autres affurant qu'elles n'en parleront jamais.

Le fecond acte fe paffe dans la rue, devant la maifon de Madame Griffon. Elle fort de chez elle en racontant à Dubois ce qu'elle vient d'apprendre au fujet de Babet. Elle lui fait concevoir qu'on ne doit plus penser à une fille dont on ne fait pas l'état. Dubois défefpéré, lui demande d'où elle fait cette nouvelle. Madame Griffon refufe de trahir la confiance de ceux qui l'ont inftruite, & fe retire fort piquée des queftions de Dubois. Elle lui dit qu'elle a déja écrit à fon Pere que les affaires font changées, & qu'elle ne fera aucun ufage du confentement qu'il avait envoyé pour le mariage de fon fils.

Dubois au désespoir, voit revenir Babet, qui l'aborde d'un air content, & à qui il n'ofe dire ce qu'il vient d'apprendre. Babet s'apperçoit de fon air trifte & embarraffé; elle le preffe de lui en

apprendre la caufe; Dubois déclare en tremblant, que l'on affure qu'Adrien n'eft pas fon Pere. Babet l'écoute en riant, parce qu'elle ne peut pas s'imaginer qu'il y ait aucun doute sur sa naiffance; mais elle veut favoir d'où eft venue cette nouvelle. Dubois, en la conjurant de n'en point parler, lui fait entendre qu'il l'a apprise de Madame Griffon; Babet furieuse veut aller fur-le-champ demander à Madame Griffon l'explication d'un femblable dif cours; Dubois fait tous fes efforts pour l'en diffuader, mais inutilement. Enfin, il la prie de ne pas dire qu'elle tient de lui cette nouvelle; ce que Babet promet. Dubois fe retire, voyant arriver Madame Griffon. Babet dès le premier mot, dit que Dubois lui a appris ce qu'elle a dit d'elle. Madame Griffon en convient, déclarant savoir ́tout cela d'Angélique; celle-ci, qu'on appelle, avoue l'avoir entendu dire à Marotte; laquelle arrivant dans le moment, avec Catherine, fur les reproches que lui fait Babet, reproche elle-même à Angelique d'avoir divulgué ce fecret, pour faire rompre le mariage de Dubois, dont elle eft amoureuse. Le jeu de cette difpute perd dans le récit, &

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