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de joie les marques de tendreffe de fon Pere; elle montre de la rancune pour les Revendeufes; Angélique l'affure en pleurant, qu'elle eft charmée de fon bonheur. Monfieur Belhomme propofe de l'époufer, pour la confoler de la perte de Dubois; & Monfieur Renaud confent au mariage de fa fille.

Cette Comédie ingénieuse, est tirée de Monfieur Goldoni; mais on n'en doit pas avoir moins d'obligation à Monfieur Riccoboni, fils, qui l'a mise fi avantageufement fur notre théâtre, & l'a fi bien ajustée aux mœurs de notre petite bourgeoifie. Tous les caracteres, quoiqu'en petit, y font traités avec la plus grande vérité, & le dialogue nous en a paru fi vif & fi ferré, que nous n'avons ofé en rapporter le moindre détail, dans la crainte d'être féduits par la quantité de traits qui fe fuccédent, & de copier ainfi toute la Piece, en voulant préfenter tous les traits agréables. Elle eut trente repréfentations, & quoiqu'on la remette très-fouvent, on la voit toujours avec le même plaifir.

RETRAITE DE MARIE

LABORAS DE MEZIERE.

Marie Laboras de Meziere, qui avait débuté, & avait été reçue en 1734, pour les rôles de premiere & feconde Amou reuse, se retira à la clôture de 1761. Cette Actrice eft née à Paris, a époufé François Riccoboni, & s'occupe maintenant à compofer des Romans, qui font les délices du Public. Elle eft actuellement l'Auteur qui fe foit le plus diftingué dans ce genre, dans lequel elle écrit avec beaucoup d'exactitude, de délicateffe, & d'une maniere qui lui eft tout-à-fait propre. Ses ouvrages qui ont eu le plus de fuccès, font le Marquis de Creci, les Lettres de Fanni Butteler, & fur-tout celles de Catesbi.

SOLIMAN II,

OU LES SULTANE S.

Comédie en trois actes, en vers libres, 9 Avril 1761. (1)

SOLIMAN

COLIMAN ouvre la fcène avec Of min, Chef des Eunuques; il eft fur le point de voir partir Elmire, qu'il aime, ou plutôt qu'il croit aimer; & il fait part à Ofmin du chagrin que va lui caufer cette féparation. Il avait le droit de la retenir dans fon Sérail; mais il a été affez généreux pour la laiffer maîtreffe de fon fort, dans l'efpérance de n'obtenir fon cœur que d'elle-même. Ofmin fait entrevoir au Sultan que rien n'est désespéré, & qu'Elmire craint peut-être fon départ autant que lui-même.

SOLIMA N.

Sur quoi le juges-tu ?

OSMIN.

Sur ce qu'elle eft femme.

(1) Le théâtre repréfente les Appartemens

intérieurs du Sérail.

Sar des distractions avec art ménagées ;

Des négligences arrangées,

Un hafard préparé, qu'on place heureufe

ment;

Et de petites maladresses,

Faites le plus adroitement, &c. Enfuite il établit ainfi le caractere de Soliman.

Vous n'eftimez un bien que parce qu'il vous

coûte;

Qu'une jeune beauté céde enfin à vos vœux, Vous vous en détachez; & qu'elle foit févere; Vous gémiffez, cela vous défefpere,

On ne fait trop comment vous rendre heu

reux.

Il paffe enfuite aux difficultés que lui donne le foin de contenir les femmes du Sérail, & place adroitement le portrait de Roxelane.

Entr'autres nous avons une jeune Française, Vive, étourdie, altiere, & qui fe rit de tout. Elle vit fans contrainte, & n'eft jamais plus aife,

Que quand elle me pouffe à bout.

Quand je la gronde, elle chante, elle danfe

Me contrefait, vous contrefait aufsi;
C'eft celle-la qui n'a point de fouci,
Qui ne cherche point à vous plaire.

Elmire paraît, fes adieux font tendres; mais l'Auteur s'eft bien gardé de la rendre trop intéreffante, & il a fait connaître par des à parte que cette Efpagnole avait plus de vanité que d'amour. Lorfqu'elle fe croit fûre du cœur de Soliman, elle accepte fes préfens, & confent à refter; fiere de fon triomphe, elle ne balance plus à montrer à fon Amant tous les fentimens dont elle paraît pénétrée, & elle le quitte pour contremander les apprêts de fon départ.

OSMIN, après qu'elle s'eft retirée.

Seigneur, je vous fais compliment,

Vous êtes, je le vois, dans un ravissement.

SOLIMAN, mécontent.

Non, je n'aurais jamais pu croire,
Qu'elle eût cédé fi promptement...

Elmire revient avec un habit plus galant; c'eft un des préfens de Soliman; & elle s'en eft parée pour lui plaire. Le Sultan fatigué de l'excès de

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