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difficultés, & n'en être pas éclipfé; mais file fuccès de cette Piece mit le fceau à la gloire de M. Favart, il fut l'époque des injuftices qu'il a. effuyées & dont il paraît enfin que le Public eft revenu. Le fort en cela l'a traité comme tous les grands hommes; les Spectateurs en applaudiffant les Tragédies de Crébillon, voulaient qu'elles fortiffent de l'obfcurité d'un cloître, & la Cour en admirant les chefs-d'œuvres de Moliere, les attribuait à Chapelle, parce qu'il était un plus aimable convive. Nous ne parlerons pas du nombre des représentations de cette Piece, qui durera autant que le théâtre qui a le bonheur de la poffeder; nous ne nous étendrons point à en faire tout l'éloge qu'elle mériterait. Une Piece n'a pas befoin d'apologie, lorfque tout le monde lui rend juftice (1).

(1) Le feul Auteur de la Philofophie de l'Hiftoire, donne lieu de croire qu'il ne la connaît pas, ou plutôt ceux qui le connaisfent, lui & fa maniere d'écrire, doivent penfer qu'il n'a affecté de lui donner le titre ridicule d'Opéra bouffon, que pour contrafter plus plaisamment avec l'hiftoire de Zorobabel, à laquelle il la compare, art. de Jofephe.

DEBUT

DEBUT DE Mlle, PICCINELLI.

Le 6 May 1761, la Demoiselle Piccinelli, qui depuis époufa le fieur Vefian, débuta dans la Cantatrice Italienne, Comédie en deux actes. Elle joint à une figure agréable, une voix également étendue & flexible, & le fon en est en même-tems argentin & gracieux, fans déroger au goût nationnal de la Mufique Italienne, elle_fut plaire aux oreilles Françaifes. Elle réunit à ce talent celui de jouer la Comédie avec beaucoup de nobleffe; avec tant de qualités, on fut moins étonné de fon fuccès, qu'on ne l'a été de fa retraite, qu'elle a faite l'année derniere à la clôture du théâtre, & qui a été fuivie des regrets de tous yes partifaus de la Scène Italienne.

Tome VI,

V

ANNETTE ET LUBIN.

Comédie en un acte, mêlée d'Ariettes & de Vaudevilles, 15 Février 1762. LE Bailli, qui voit avec concupifcence, les charmes de la jeune Annette, & avec envie l'amitié qu'elle a pour Lubin, fon coufin, les accu fe tous deux d'un commerce criminel, devant le Seigneur du Village, qu'il rencontre égaré de la chaffe. L'un parle du Cerf qu'il pourfuivait, l'autre de Lubin qu'il veut poursuivre. Ils ne s'entendent ni l'un ni l'autre; mais lorsque le qui proquo eft éclairci, le Bailli fait le portrait d'Annette, dans ces couplets charmans que je ne puis m'empêcher de transcrire, quoiqu'ils foient dans la bouche de tout le monde.

(1) Le théâtre repréfente une Campagne ; on voit un bois d'un côté, & de l'autre un côreau. Sur le devant du théâtre il y a une Cabane de verdure à moitié faite.

AIR: Quand la Bergere revient des champs.

Annette à l'âge de quinze ans,

Eft un image du Printems;
C'est l'aurore d'un beau matin,
Qui ne veut naître,
Et ne paraître,
Que pour Lubin.

Son teint bruni par le Soleil,
Eft plus piquant, eft plus vermeil ;
Blancheur de lys eft fur fon fein,
Mouchoir le couvre,

Et ne s'entrouve,
Que pour Lubin.

Sa bouche appelle le bailer,
Son regard dit qu'on peut ofer,

Mais tout autre oferait en vain ;
C'est une rofe,

Qui n'est éclose,
Que pour Lubin.

Le Bailli met en pendant de ce portrait, celui de Lubin, qui ne convient pas moins à l'Acteur qu'au perfonnage, & qui n'a pas l'air d'être

tracé par la main d'un Rival; le Seigneur convient que ce ferait dommage qu'Annette fût le prix d'un amour villageois. Il ordonne au Bailli de le remettre dans fon chemin. Ils fortent tous deux, & Lubin arrive avec un fagot de feuillages, dont il couvre en chantant la cabane qu'il a élevée pour fon Annette. Il s'inquiéte de ce qu'elle ne vient pas, & mefure le tems à fon impatience, plus qu'à la hauteur du Soleil; enfin il l'entend chanter; il vole au devant d'elle; elle eft hors d'haleine; il la gronde, la plaint, & la paye par un baifer, qu'elle le menace de lui rendre; ils fe félicitent mutuellement des biens que la nature leur a prodigués, & les préfere à toutes les magnificences qu'ils ont pu voir à la Ville.

ANNETTE.

Toutes ces Maifons magnifiques,
Qu'à la Ville on trouve par tout,

Ne valent pas nos toits rustiques ;

Ces feuillages nouveaux font bien plus de mon goût,

Que ces planchers pleins de dorure, Où l'on ne voit le bonheur qu'en peinture.

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