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prenant un ton plus férieux, elle lui dit qu'elle veut épargner à fa philofophie la fotife qu'il allait faire de se marier par amour, & lui propofe de la réparer en s'offrant à lui avec fa fortune. Elle lui donne un quart-d'heure pour fe décider, & le laiffe avec Pafquin qui eft venu lui annoncer les habits de noce qu'elle avait fait préparer d'avance. Le Philofophe fe détermine pour la Préfidente, par les confeils du Valet qui lui remontre qu'avec dix mille écus de rente on a Châteaux, Seigneuries, foupers fins, Bals, Concerts, Cuifiniers, Chevaux, Palfreniers, Poëtes, Courtifans, amis, efprit, talens, graces, vertus, &c. Cependant Ariste a donné fa parole à Clarice. Ce fcrupule paraît l'arrêter. Pafquin veut envain le combattre en le juftitiant par l'exemple. Le Philofophe lui répond:

Il faut quand on le peut, fe tirer avec gloire; Je vais quitter Clarice, & je veux que fon

cœur

Me refpecte dans fon malheur,

Et d'Arifte en fon ame eftime la mémoire
Cléon eft amoureux. affichons la vertu

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La plus fublime & la plus héroïque ;

Tome VI,

X

Cédons-lui sa Maîtresse ... oui, je suis con

vaincu

Que cette action eft unique.

PASQUIN.

Ah! le beau trait, Monsieur, tout Paris le faura,

Tout Paris vous admirera.

ARIST E.

Si cependant cette avanture Allait être ignorée! oh non, ma gloire eft fûre,

Clarice à quelqu'amie ira conter ce trait, Cette amie à quelqu'autre apprendra fon fe

cret,

Et tous applaudiront à cet effort fuprême.
D'ailleurs mon pis aller, fi cela n'eft pas fu,
C'eft de le publier moi-même,

Il faut le bien foit connu.
que

Cette tirade eft du ton de la bonne Comédie, & parfaitement dans le caractere du perfonnage. Cependant pour la régularité grammaticale, il faudrait & toutes applaudiront, &c.

La Préfidente revient, le Philofophe fe rend, & elle le remet entre les mains de Pafquin, afin de le parer conyenablement à la Fête. Ils fortent tous

deux, & la Présidente s'applaudit du fuccès de fon entreprise. Clarice arrive défespérée de ce que Cléon femble avoir pris fon parti, & fe repent de l'avoir traitée avec tant de rigueur. Il arrive, il a entendu fes regrets, il reconnaît les torts, lui en demande pardon & l'obtient facilement. La Préfidente leur apprend qu'elle a triomphé du Philofophe, & qu'elle l'a enlevé à Clarice, dont la Coquetterie eft un peu piquée. Le regret qu'elle en montre, pique Cléon à fon tour, & ils font prêts de fe brouiller encore lorfqu'Arifte revient. La Préfidente lui fait répéter une fcène qu'elle veut exécuter le foir, dont elle doit être la Vénus & lui le Cupidon. Il fe défend quelque tems de cette fantaisie, mais il s'y prête enfin & fe laiffe enchaîner avec un ruban, ainfi que Charmant dans l'Oracle; il chante même une Ariette fur le bonheur de fon efclavage, à laquelle la Préfidente répond qu'elle ne fait pas chanter, mais qu'elle déclame, & elle lui dit qu'elle a jufqu'à ce jour pensé.

Que ces Meffieurs, qui fe donnent pour fages, N'étaient que des Faquins, qui favaient de grands mots;

Qui fous un habit fale & des dehors fauvages; S'amufaient à duper les fots.

Qui paffaient pour de grandes ames,

Qui dédaignant l'argent, les plaifirs & les femmes,

Les convoitaient tout bas, dans leur cœur corrompu

Se difaient au-deffus de l'homme,
Et n'étaient autre chofe en fomme,
Que les Singes de la vertu.

J'en trouve un.

Arifte fe jette à fes genoux en l'interrompant, & la Préfidente acheve: un Fat qui me fait voir, qu'on m'avait dit vrai. Tout le monde arrive, fe mocque de lui, & il fort en accablant d'invectives tout le genre humain. Les deux Amans fe reconcilient de nouveau, font unis, & la Piece frnit par un Divertiffement & un Ballet.

Cette Comédie pour avoir été jouée fans fuccès, n'eft pas fans mérite. Elle eft en général bien écrite, & l'intrigue qui n'eft autre que celle du Conte de M. Marmontel, eft naturelle & bien fuivie. Elle eft de M, Desfontaines, & eut quatre représentations dans une faifon peu favorable aux Spectacles.

LE ROI ET LE FERMIER.

Comédie en trois actes mêlée d'Ariettes, 22 Novembre 1762.

RICHARD, fils d'un Fermier, Infpecteur des Gardes de la Forêt de Scheroud, dont il a reçu une bonne édu-. cation, lui a fuccédé dans cette place. Il eft devenu amoureux de Jenny fa coufine; le mariage allait fe faire lorfque Jenny a été enlevée par un Milord revenu depuis peu de fes voyages ; mais qui n'en a rapporté que des ridicules. Ce malheur imprévu met Richard au défefpoir, & c'eft dans ce moment qu'il ouvre la fcène. Le poifon de la jaloufie vient encore envenimer sa douleur. Il craint que Jenny ne foit de moitié dans l'entreprise de fon Rival. Il veut aller le trouver, lui arracher la vie, fe livrer enfin à tous les excès dont eft capable un homme en fureur. Les Gardes-Chaffe arrivent, il leur ordonne de redoubler leur févérité, d'arrêter tous les braconniers qu'ils trouveront, & s'ils réfiftent, de les lui amener pieds & mains liés; il

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