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danfant de joie; il lui rappelle fes promeffes; mais elle fe rit de fes prétentions, & il croit avec raifon qu'elle extravague. Le Cabaretier & la Meuniere, qui font des créanciers de Blaile, viennent demander de l'argent à Margot, qu'ils traitent affez durement; mais ils changent de ton, lorfqu'elle leur apprend que fon mari a trouvé un tréfor; alors ils s'adouciffent, & fortent en lui offrant tout ce qu'ils ont chez eux. Suzette accourt demander à fa mere, fi ce que fon pere vient de } lui dire eft vrai; fa mere le lui confirme, & lui défend de fonger davantage à M. Simon, à quoi Suzette n'a pas de peine à fe réfoudre; mais elle eft moins obéiffante, lorfque fa mere lui défend de ne plus voir Colin, elle ne peut y consentir, ni se réfoudre à le promettre à fa mere, qui entre en colere, & s'avance pour lui donner un foufflet que M. Simon reçoit fur la joue, qui fe trouve par malheur fous la main de Margot. Lorfqu'elle eft fortie, Suzette fait en riant fes excuses à M. Simon, qui lui répond galamment qu'il aime mieux l'avoir reçu qu'elle; il veut la déterminer à être fa femme; mais elle lui répond franchement qu'elle ne

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peut aimer que Colin dont elle fait le portrait dans les couplets fuivans:

Colin a des yeux charmans,
Sur-tout lorsqu'il me regarde.
Je fuis les autres Amans
Avec lui je me hafarde.
Enfin,
, voyez-vous, enfin,
C'eft un plaifir d'aimer Colin.

X

Il faut l'entendre chanter!

Fait-on quelque Chanfonnette?
Je ne veux point l'écouter
Si Colin ne la répete.
Enfin, voyez-vous, enfin,
C'eft un plaifir d'aimer Colin.

X

Colin ne néglige rien ;

Si je veux aller plus vîte,
Sous fon bras il prend le mien;
Je fens fon cœur qui palpite.
Enfin, voyez-vous, enfin,
C'eft un plaifir d'aimer Colin.

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Simon fent qu'il n'obtiendra jamais le confentement, ni de la mere, ni de la fille, & il fe détermine de bonne grace à renoncer à fes prétentions, &

qu'il

même à folliciter le pere de Suzette en faveur de Colin. Blaife arrive avec le Bailli; Simon tient la promeffe a donnée à Suzette, & engage fon pere à lui donner Colin. Après avoir demandé l'avis au Bailli, il y confent, à condition toutefois que Margot ne s'y oppofera pas; elle arrive, & ils fe mettent tous à table, afin d'y jafer plus commodément de l'importante affaire qu'ils ont à traiter, & pour laquelle le grave Bailli fe creuse inutilement la tête depuis une heure. Après que chacun a bu un coup, Blaise offre quelques petits poiffons au Bailli, & comme il fait qu'il aime les anguilles, il dit qu'il fouhaiterait en avoir une à lui présenter; auffitôt il en parait une dans le plat, au grand étonnement de tous les convives, & au grand mécontentement de Blaife, & fur-tout de Margot, qui devient furieuse du peu de fruit que fon mari vient de retirer de fon premier fouhait. Elle lui fait tant de reproches, & l'accable de tant d'injures, que dans fon premier mouvement, il fouhaite de la voir muette; auffi tôt la parole expire fur fes lévres, & elle fort après les avoir battu tous. Blaife fe livre aux regrets de l'impru

dence,

dence, que l'indifcrétion de fa femme vient de lui faire faire; mais il a bien plus lieu de s'en repentir, lorfqu'il fe voit réduit à ne tirer d'autre avantage de fon dernier fouhait, que de rendre la parole à fa femme; à quoi il confent enfin, à condition qu'elle approuvera le mariage de Suzette avec Colin; alors l'abondance de paroles qui fuffoquaient la pauvre Margot, depuis près d'un quart-d'heure qu'elle n'avait parlé, fort de fa bouche avec une volubilité fi incroyable, qu'il y a apparence que s'il reftait encore un fouhait à Blaife, il s'en fervirait pour la remettre dans l'état d'où il vient de la tirer. Cette fcène qui eft très-comique, finit la Piéce, qui eft terminée par un Vaudeville, dont voici quelques couplets:

SUZETTE.

Tendrons qu'une Maman domine,
Sur votre choix, fachez tromper ;
A l'époux qu'elle vous destine,
C'est le feul moyen d'échapper.
Doucement & dans le filence,
Vous en alliez venir à bout;
Trop de péculance,

Gâre tout.
Tome VI.

Z

COLIN.

Galans, auprès d'une cruelle,
Conduifez bien l'art des foupirs,
Pour gagner le cœur de la Belle,
Mettez un frein à vos defirs;

Le timide, en tremblant, s'avance,
L'Entreprenant manque fon coup
Trop de péculance,

Gâte tout.

BLAISE.

Richards qui faites grand tapage,
Blaife eft pour vous une leçon ;
J'aurais pu, me montrant plus fage,
Quitter l'état de Bucheron.

De vos biens, malgré l'abondance,
Vous trouverez dans peu le bout;
Trop de pétulance,

Gâte tout.

Ce joli Opéra Comique, eft un des ouvrages le plus agréable qui ait été donné au Théâtre Italien depuis la réunion. On y trouve de la gaieté, du fentiment, & même de la morale; les Ariettes en font bien faites & ont donné lieu à la meilleure Mufique que M. Philidor eut donnée juíqu'alors. II

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