페이지 이미지
PDF
ePub

propofitions de l'Abbé, regrette de n'être pas affurée du fort de fon mari, qu'elle croit mort; ce mari qui est un Grenadier, vient & la furprend avec l'Abbé. La Bourgeoife eft prête de s'évanouir de frayeur & de chagrin. Le bon Grenadier prend cela pour un effet de la tendreffe de fa femme. Elle fe plaint de toutes les inquiétudes qu'il lui a caufées. Il dit n'être arrivé que de la veille; elle lui reproche fon peu d'empreffement, & le querelle de ce qu'il eft déja yvre; il en convient; mais c'eft dit-il, par fentiment qu'il s'eft grifé; il a bu avec fes camarades à la fanté de tous les peuples de la terre, qui font nos bons amis, puilque la Paix eft générale. L'Abbé veut fe mêler d'appuyer les reproches de la femme; mais le Grenadier après l'avoir toifé du haut en bas, l'oblige à fe retirer avec peu de ménagement pour un homme qui prend un habit refpectable pour

Etre un mauvais Sujet, un mauvais Ci

toyen,

Etre à charge au Public, en un mot bon à rien.

Il fe raccomode avec fa femme,

après avoir chanté une Ariette dont

le refrein eft:

Il faut que la paix foit bien grande,
Elle regne entre les époux.

Un Précepteur vient avec fes Ecoliers à qui il montre la Statue du Roi, & les figures des Hommes Illuftres qui rempliffent les gradins du Portique, en les invitant à mériter d'y prendre place un jour avec eux.

Un Vieillard nommé Gombault, qui a fervi le Roi auffi long-tems que fes forces le lui ont permis, détaille à fes compatriotes les dangers que ce Monarque a partagé avec fes Soldats; Louifon, fa petite fille, lui demande ce que ceft que la guerre; il lui en donne une idée, par la comparaifon qu'il en fait avec un ouragan horrible, qui, quelques années auparavant, avait ravagé tout le canton; il bénit enfuite avec tous les Habitans la bonté du Roi, qui a épargné à toutes fes Provinces les calamités que produit ce fléau; le fils de ce brave homme qui s'était mis dans le Service, quand fon pere s'en eft retiré, arrive & inter rompt ou plutôt redouble les épanchemens de cœur de ces bonnes gens,

Il a fervi en brave Soldat & a mérité le grade d'Officier & a été honoré de: la Croix de S. Louis. Il fe propose de faire fervir la penfion dont il eft gratifié, à procurer à fa famille une vie plus commode, & fe difpofe luiméme à les aider dans les foins de la culture des terres, tant que la paix lui en laiffera le loifir. En s'adreffant à des Grenadiers qui furviennent & le reconnaiffent pour un de leurs anciens camarades. Il leur montre ces bons Payfans, dont il ne rougit pas d'être le fils, & ils prennent dans leurs bras la petite Louifon, qu'ils élevent pour lui faire voir la Statue du bon. Roi. La Fête villageoife recommence avec les inftrumens champêtres. Les Grenadiers s'y joignent & chantent des couplets galamment grivois. Succeffivement la Place fe remplit d'une multitude de gens de tout âge & de tous états. La Fête devient générale & finit par un Ballet qui peint le tumulte de la joie, au milieu duquel un Carillonneur, fa femme & un Artificier chan-tent des morceaux qui caractérisent: leurs fonctions.

Ce Divertiffement, & für-tout là. scène qui le termine, ne font pas moins

d'honneur au cœur de M. Favart, que le fuccès mérité de l'Anglais à Bor-deaux en a fait à fon efprit; ce n'était pas une entreprise facile que de traiter un fujet fi rebattu fur deux théâtres fi différens, la chûte même de l'un des deux fans donner la moindre atteinte à fa gloire, n'en aurait pas fait'moins d'honneur à fon zèle.

La Mufique de ce Divertiffement eft de M. Philidor, il y a foutenu fa réputation dans plufieurs morceaux & fur-tout dans celui où il a donné une image de la guerre fi conforme aux paroles qu'il a traitées..

Fin du fixieme Volume..

« 이전계속 »