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Mes efprits accablés;
D'une flame que rien n'appaise,
J'éprouve les cruels effets,
Ma poitrine eft une fournaife,
Où l'amour forge fes traits.

DORISTE E.

La chûte d'un torrent qui gronde,
En roulan: le fable avec l'onde,
Peint de vos vœux l'emportement ;
Que j'aime un ruiffeau dont l'eat pure,
Fait fur les fleurs un doux murmure,
C'est l'image du sentiment!

HORIPHESME.

Eft ce par ces frivoles foins
Que l'on te prouve fa tendreffe?
Des Bergers la délicateffe

Dit beaucoup plus & prouve moins,

Que la vive ardeur qui me preffe.

Comme un Amant tranfi t'offrirai-je des fleurs? Les roles de ton teint furpaffent leurs cou

leurs ;

Dois-je des plus beaux fruits te faire des préfens?

Ils n'ont point la rondeur de tes attraits naiffans.

Il est un don plus précieux,

Qui prouve combien j'aime ;

Que pourrait-on t'offrir de mieux ?
Je me donne moi-même.

La froideur de Doriftée fait foupçonner à Horiphefme, qu'il pourrait bien avoir un Rival chéri. Doristée lui répond:

N'allez pas le croire.

HORIPHESME.

Daigne donc m'accorder ton cœur,
C'est trop difputer la victoire.

Pour attendrir Doriftée, Horiphefme imagine de lui donner un Divertiffement de Forgerons auquel il préfide, ce Divertiffement eft très-bien caracté rifé; le Maître de forges croit avoir enchanté la Maîtreffe, & renvoye ainfi fa Troupe.

AIR: Tarare pompon.

Le fecours de vos Jeux
Ne m'eft plus nécessaire,

De l'objet de mes vœux
J'attends un fort heureux;
Mes foins ont dû lui plaire,
Ses fens font agités.
C'eft l'inftant du mystere.

Sortez.

Horiphefme redouble ses efforts pour fe faire aimer dé Doristée, il lui parle d'Hymen & d'un Hymen prompt; Doriftée pour s'en débarraffer, lui dit qu'elle dépend de fon pere, à qui elle fera toujours foumife.

HORIPHESME.

C'est parler en fille fage,
Je vais agir à l'instant,
Votre pere eft trop prudent

Pour manquer ce mariage.

Tircis furvient tout émû, il eft dé fefpéré de ce que Doristée a affifté à la Fête ordonnée par Hor phefme, il en fait les plus vifs reproches à fa Bergere, qui lui dit; que ce n'était que pour défarmer la Jaloufie de fon Rival.

O Ciel !

TIRCI S.

DORISTÉ E.

Je n'ofais te le dire,

Ah! crois-en ce cœur qui foupire.

TIRCIS.

N'est-ce point une erreur extrême ?

DORISTÉE, à part.

Il voit le trouble de mon cœur,

Il demande encor fi je l'aime.

TIRCIS.

De fa fierté je fuis vainqueur.

(à Doriftée.

Et vous vouliez avec rigueur,
Me cacher mon bonheur fuprême.

DORISTÉ E.

Avant de répondre à tes vœux,
J'ai dû m'aflurer de tes feux.

AIR: Nous autres bon Vilageois.

On file avant d'être époux,
Le tiflu de fon esclavage,
L'Amant eft rampant & doux,
Le Ver à Soie eft fon image;
Dans fes propres noeuds renfermé,
Il devient froid, inanimé,
Mais bientôt forçant fa prifon,
Il s'envole en Papillon.

Horiphefme apperçoit du haut d'une montagne, ces Amans qui fe jurent une tendreffe éternelle. Ils fe fauvent auffitôt qu'ils le voyent, & Horiphelme entre fur la fcène en s'écriant:

De ce vil Berger,

A l'inftant courons nous vanger

1

Vainement il fuir,

Son malheur le fuit.
L'Amour en fureur me conduit,
L'Imprudent revient fur fes pass
Eft-ce pour braver le trepas?
Puniffons-le, ne tardons pas
Prenons ma carabine,

Car la mort

Eft le fort

Que je lui deftine.

Le Berger & la Bergere reviennent fur la fcène, & Tircis dit à Doristée dans le fond du théâtre:

Le trépas doit me fembler doux,
Sans frayeur je m'y livre,

Puifque je fuis aimé de vous.
DORISTÉE.

C'eft alors qu'il faut vivre,

Cher Amant,.
Agis fenfément ;

D'un Jaloux

Fuyons le courroux ;

Aht je l'entend.

1

(Elle fuit.)

TIRCIS.

La peur me prend.

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