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HORIPHESME.

Meurs à l'inftant,

Infolent.

(Il tire fon coup de carabine.)

TIRCIS.

Hélas! ne fuis-je point bleffé?
Ma Maîtreffe me laisse,

De frayeur mon fang eft glacé,
Et je tombe en faiblesse.

Horiphefme content de voir tomber Tircis, perd fon reffentiment en lui voyant perdre la vie, & le mépris fuccédant à l'amour qu'il avait pour Doriftée, il éteint pour jamais fon amour. Cette Bergere vient avec précipitation pour rejoindre fon Amant; quelle eft fa furprise en le trouvant évanoui ! Elle fe livre à toute la douleur que tui cause un fi cruel événement, son seul espoir eft de recourir à l'amour, qui fait des miracles quand il lui plaît; le miracle arrive, car M. Guillaume, Opérateur, paraît fur le champ avec du baume pour guérir Tircis. Doristée le conjure de s'en fervir au plus vite.

GUILLAUME.

Oui, je vais agir,

J'ai foutenu Thèfe on fait comme,
Et j'ai fait courir.....

DORISTÉ E.

Hélas! au lieu de difcourir,
Mon cher Monfieur Guillaume,

Daignez le fecourir,

Donnez-lui quelque baume,

Sans vous il va mourir.

GUILLAUME.

Parbleu, je vais encore trop vîte,
Je pourrais vous défefpérer,

Si je faisais chanter ma fuite ;
Avant que de rien opérer,
Prenez cette bouteille,

C'eft de l'eau fans pareille,

Dès qu'il va la fentir,

Tircis va revenir.

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En effet, auffi-tôt que Tircis a refpiré le flacon que lui préfente Doriftée, il foupire.

DORISTÉ E.

Il refpire,

Il foupire,

Cher Tircis, reprends

Tes fens

TIR CIS.

Qui m'appelle ?

Ah! c'eft elle;

Je m'anime à fes accens;

Oui, ta flamme

Me rend l'ame,

Je te vois & je renais..

DORISTE E.

Plus de crainte,

De contrainte.

(Ensemble.)

Aimons-nous pour jamais.

Colinet vient annoncer la fuite d'Horiphefme, qui croit avoir caffé la tête à fon Rival, & il forme avec une troupe de Pêcheurs & de Pêcheuses, un divertissement à l'occafion des nôces de Tircis & de Doriftée, qui termine le Spectacle.

On doit plûtot regarder cette jolie Piece comme une Paftorale agréable que comme une Parodie critique; les airs en font admirablement bien choi

fis, les couplets heureux, & le dénouement affez comique. Elle fut très-bien reçue du Public, eut vingt-quatre représentations, & ne fit qu'ajouter à la réputation de M. Favart, qui en est l'Auteur.

LA FRIVOLITÉ.

Comédie en un acle, en vers libres; 23. Janvier 1753. (1)

L'HYVER ouvre la fcène avec la Frivolité qui lui fait compliment fur fa parure. Il lui répond que c'eft pour elle, & qu'il était impatient de la revoir; la Frivolité, qui n'eft pas moins polie, lui réplique qu'il eft fa faison favorite puifqu'il rappelle les ris & les jeux avec lui. Elle lui apprend enfuite qu'elle a pris les traits d'une jeune veuve de finance & réfide dans fon riche hôtel.

J'attire ici toute la France,
Dont je fuis la Divinité;

(1) La fcène eft à Paris, dans l'Hôtel d'une jeune veuve de Finance.

Légere, vive, gaie, étourdie & coquette,
Je fixe les defirs de ce Peuple brillant.
Les ris compofent feuls le culte qu'il me rend,
Et mon autel eft ma toilette,

Où je reçois les vœux en minaudant;

Le Magiftrat que je délasse,

Vient me rendre le foir un hommage badin; Au Militaire il difpute la place

De mon premier Menin,

Et le jeune Marquis qui tous deux les furpaffe, Sur le beau fexe même, a le pas dans ma Cour,

Il taille mes Ponpons, il leur donne la grace; Et j'en fais ma Coiffeuse, ou ma Dame d'Atour.

L'Hyver la quitte pour raffembler tous les plaisirs de fa fuite afin de mieux célébrer fon retour. M. Faufter, Suiffe, vient le premier rendre hommage à la Frivolité.

FAUSTER.

Madame, vous voyez un Socrate moderne,
Qui pour ne rien favoir étudia vingt ans,
Et qui honteux d'avoir perdu son tems,
De dépit eft parti de Berne,

Pour devenir en France un aimable ignorant.
Tout ce que j'ai, Madame, appris certaine-

ment,

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