Que l'on m'ôte tout mon bien, Si Raton me refte. J'ai perdu tout mon bonheur, O fort trop funefte! Gringole s'offre à la place de Ratón, ce qui augmente la douleur de Rofette. Gringole défefpérant de l'attendrir, lui apprend que fon ami eft parti pour le Miffiffipi. C'est parler net, V'la mon paquet; Je ne demande point mon reste. Perrette vient trouver Gringole, & lui demande s'il a réuffi; Gringole trans porté de fureur, ne répond qu'en ordonnant à fes garçons de faire expirer Raton fous leurs coups. Perrette pour faire ceffer le tapage des Meûniers, dit à Gringolé de les renvoyer, & lui promet de gagner Raton, pour qui elle avoue fon penchant; fiez-vous à moi, ajoute-t-elle à Gringole, je ne vais rien épargner pour en venir à bout. Perrette vante à Raton les plaifirs de l'inconftance, & fait chanter par un Paylan de la Fête qu'elle a ordonnée, le couplet qui fuit. Courons de la Blonde à la Brune, A changer tout nous inftruit, Peu fidelle, Change de lieux tous les ans ;) La Lune, la pluie & l'biau tems, Sont changeans, Il faut changer de même. (Tous.) Il faut changer de même. Réponse de RATON. Les rochers de ce rivage Reflent toujours fur leurs toits. Ces Montagnes, (Ces Campagnes, Soat-là depuis fort long-tems; Je fais conftant de même. (bis.) Perrette craignant que fes Gens ne nuifent à fon deffein, & efpérant que le tête-à-tête plaira davantage à Raton, les renvoye tous. Elle minaude inutilement, & finit par offrir tout fon bien à Raton qui le refuse, en difant qu'il n'oubliera jamais Rolette. PERRETTE. Que cette conftance eft parfaite! (à part. ) Quoi, j'en aurai le démenti? (à Raton.) Sois donc le mari de Rosette, J'y confens; je prends mon parti. Les foins, les transports les plus doux; un coup chez vous. Gringole revient trouver Perrette, pour favoir des nouvelles de fon entreprife. Perrette lui apprend qu'elle n'a pû faire changer Raton; mais qu'elle s'en eft vangée. On apporte Raton endormi. Gringole croit qu'il eft mort, mais Perrette lui apprend que ce n'eft qu'un breuvage de pavots qu'elle lui a fait donner; ils abandonnent Raton qui fe réveille tout engourdi, en difant qu'il n'ofera s'offrir en cet état aux yeux de fa chere Rosette. (Elle arrivé) ROSETTE. O doux efpoir! Je vais donc le revoir, Ce cher Amant qui caufait mes allarmes, Ce cher Amant, Qui m'aime conftamment. Ah! le voici, Mais quel fouci Lui fait encore verfer des larmes. Oh! qu'as-tu donc, Pauvre Raton, Mon bel ami ? Il eft endormi Ah! Raton, réveille, réveille, En ce jour tu vas être à moi; Ah! Raton, réveille, réveille, Il dort encore plus fort, je crois; RATON. Je fommeille. ROSETTE. Tu prends bien ton tems pour dormir, Viens livrer ton âme au plaisir; Qu'il te réveille, Qu'il te réveille. Tome VI. E |