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immerfion, gardant en tout l'honêteté & la modestie AN. 1125.

chrétienne.

an 1215.

Otton & fes difciples demeurerent à Pirits environ trois semaines, inftruifant les neophytes de tous les devoirs de la religion : de l'observation des fêtes, du dimanche & du vendredy, des jeûnes du carême, des quatre-tems & des vigiles. Il eft dit dans une piece du tems, qu'il leur défendit de manger du fang, ou des animaux fuffoquez. Ne pouvant ap. ab Ursperg. fi promptement bâtir une églife, il fe contenta de dreffer un fanctuaire, & y confacrer un autel, où il ordonna de celebrer la meffe en attendant : leur donnant un prêtre avec des livres, un calice & les autres meubles neceffaires. Ce que les nouveaux fideles, qui étoient environ fept mille, reçûrent avec une joye & une devotion merveilleufe, rejettant toutes leurs ancienes fuperftitions. Avant que de les quitter, le faint évêque leur fit un fermon, où il les exhorta à demeurer fermes dans la foi, fans jamais retourner l'idolâtrie; & leur expliqua fommairement la doctrine des fept facremens, qu'il met en cet ordre : le baptême, la confirmation, l'onction des malades, l'euchariftie, la penitence, le mariage, l'ordre. Il recommande de faire baptifer les enfans par les mains des prêtres au tems convenable, c'est-à-dire, à Pâque & à la Pentecôte parce que quiconque meurt fans baptême eft privé du royaume de Dieu, & fouffre éternellement la peine du peché originel. Il recommande d'entendre fouvent la meffe, & de communier au moins trois ou quatre fois l'année. A l'occafion du mariage il défend la pluralité des femmes, qui étoit en ufage parmi ces peuples; & de tuer les

enfans: car quand il leur venoit trop de filles, ils les AN. 1125 faifoient mourir dés le berceau: abus qui regnoit Sup. liv. aufli chez les anciens payens. Il les exhorte à donner apol, p. 70. C. de leurs enfans pour les faire étudier, afin d'avoir des prêtres & des clercs de leur langue, comme les autres

n.

49. S. Jußt. 1.

6. 9. 10.

C. 11. 12.

XXXIX. Converfion de

&c.

C. II.

nations.

De Pirits Otton paffa à Camin, où il trouva la ducheffe de Pomeranie, qui étant déja chrétienne dans le cœur, le reçut avec une extrême joye. Il y demeura environ fix femaines ; & y baptifa tant de peuple, qu'encore qu'il fût aidé par fes prêtres, souvent dans cette fonction son aube étoit trempée de fueur jufques à la ceinture: mais ce travail le combloit de confolation. Le duc Vratiflas y vint lui-même, & renonça publiquement à vingt quatre concubines, qu'il entretenoit outre la duchesse, suivant l'ufage de la nation ; & plufieurs autres fuivirent fon exemple.

Mais le faint évêque ne fut pas reçû de même à Stetin, Vollin, Vollin, ville alors celebre & de grand commerce, dans l'ifle de Julin, qui en a pris le nom, à l'embouchure de l'Oder. Les habitans étoient cruels & barbares & quoique l'évêque avec fa fuite fe fût logé dans la maifon du duc, ils vinrent l'y attaquer en furie. Ceux qui l'accompagnoient étoient affligez & confternez: mais il fe réjoüiffoit croyant aller fouffrir le martyre. Enfin il se sauva à l'aide de Paulicius, aprés avoir reçû quelques coups & être tombé dans la bouë; & les habitans de Julin convinrent de faire ce que feroient ceux de Stetin, qui étoit, comme elle est encore, la capitale de toute la Pomeranie. L'évêque y paffa donc, & Paulicius avec les députez des deux

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ducs,

ducs, allerent trouver les premiers de la ville pour leur AN. 1125. propofer de le recevoir. Ils répondirent : Nous ne quitterons point nos loix, nous fommes contens de nôtre religion. On dit qu'il y a chez les Chrétiens des voleurs, à qui on coupe les pieds & on arrache les yeux: on y voit toutes fortes de crimes & de fupplices: un Chrétien detefte un autre Chrétien. Loin de nous une telle religion. C'est que chez ces payens le vol & le larcin étoient inconnus.

Ils demeurerent deux mois dans cette obstination; & cependant on convint de part & d'autre d'envoyer des députez au duc de Pologne ; & les Stetinois firent efperer d'embraffer la religion Chrétienne, fi le duc leur accordoit une paix ftable & une diminution de tribut. En attendant, l'évêque & les prêtres prêchoient deux fois la femaine, c'est-à-dire, les jours de marché : dans la place publique, revêtus de leurs ornemens, & portant une croix ; & cette nouveauté attiroit le peuple de la campagne. L'évêque gagna c. 16. 17. 18, premierement deux jeunes hommes, fils d'un des principaux de la ville, qui attirerent leur mere & leur famille : enfuite ils en gagnerent plufieurs autres, en leur racontant ce qu'ils avoient vû auprés de l'évêque où ils avoient demeuré long-tems : la pureté & la regularité de fa vie, fa douceur & fa charité. Il rachete, difoient-ils, de fon argent, les captifs qui pourriffoient dans les fers: il les nourrit, les habille & les met en liberté. On le prendroit pour un Dieu visible, mais il dit qu'il n'eft que le ferviteur de Dicu tres-haut, qui nous l'a envoyé pour nôtre falut. Ainfi plufieurs fe firent inftruire & baptifer, avant même le retour des députez. Ils apporterent une lettre du Tome XIV.

Yy

c. 19.

duc de Pologne, qui leur accordoit la domination AN. 1125. des tributs, & l'affûrance de la paix qu'ils demandoient: ainfi par deliberation publique, ils fe foûmirent à recevoir l'évangile.

20.

C. 25.

C. 21.

:

L'évêque les prêcha & les persuada d'abattre même leurs idoles : mais comme la crainte les empêchoit de le faire de leurs propres mains, il y marcha avec fes prêtres & commença à faire détruire les temples des faux dieux. Les payens voyant qu'il ne leur en arri voit aucun mal, conçurent du mépris pour ces dieux, qui ne pouvoient fe défendre,& acheverent de ruiner les temples. Le principal contenoit de grandes richeffes, qu'ils vouloient donner à l'évêque & à fes prêtres mais il dit : A Dieu ne plaise, que nous nous enrichiffions chez vous: nous avons chez nous en abondance de tous ces biens: prenez plûtôt ceci pour vôtre ufage. Et ayant tout purifié par l'eau benite & le figne de la croix, il le fit partager entre eux. Il retint feulement une idole à trois têtes, dont ayant rompu le corps, il emporta les têtes tenant enfemble; & les envoya depuis au pape, comme le trophée de fa victoire. Il demeura encore trois mois à Stetin, pour instruire, baptifer & établir la religion.

Il revint ensuite à Vollin, dont il trouva des habitans parfaitement bien difpofez à recevoir l'évangile. Car tandis qu'il étoit à Stetin, ils avoient envoyé fecretement des hommes intelligens obferver ce qui s'y paffoit; & ils leur raporterent, qu'il n'y avoit ni impofture ni artifice dans la conduite de ces Chrétiens; que leur doctrine étoit bonne & pure, & qu'elle avoit été reçûë unanimement à Stetin. L'évêque fut donc

C. 27.

reçû par ceux de Vollin avec une joye incroyable; & AN. 1125.
ils s'efforcerent de réparer en toutes manieres, les
mauvais traitemens du premier voyage. A peine put-
on fuffire pendant deux mois d'un travail continuel
à baptifer tous ceux qui fe prefentoient. Comme
Vollin étoit au milieu de la Pomeranie, les deux ducs
refolurent d'y établir le fiege épifcopal pour la com-
modité d'y prendre le faint crême & le reste de ce que
l'évêque doit donner. Otton passa ensuite à Colberg
& à d'autres villes, particulierement à Belgrade, au-
jourd'hui Belgart, où il mit le terme de fon voyage:
car c'étoit en hiver, & il étoit preffé de retourner à
Bamberg. Il repaffa toutefois aux lieux où il avoit
prêché: dédia les églifes bâties en fon absence, don-
na la confirmation & même le baptême à plufieurs,
qui n'étoient pas chez eux à fon premier paffage.
Comme on favoit qu'il étoit fur fon départ, les peu-
ples accouroient en foule, eftimant malheureux ceux
qui ne recevroient pas fa benediction. Ils faifoient
tous leur efforts pour le retenir, & lui perfuader d'ê-
tre leur évêque, lui promettant une entiere foûmif-

fion;
& il l'avoit refolu lui-même, mais fon clergé
l'en détourna. Il vint par la Pologne, dont le duc lui
donna pendant tout ce voyage tous les témoignages
poffibles d'amitié ; & nomma pour évêque de Pome-
ranie Albert, un de fes trois chapelains, qu'il avoit
envoyez avec Otton. Enfin Otton aprés une abfence
de prés d'un an, revint à Bamberg comme il s'étoit
propofé avant le dimanche des Rameaux, qui cette
année 1126. étoit le quatrième d'Avril. Ce recit cft
tiré de fa vie écrite par un de ceux qui l'accompa-
gnoient en ce voyage.

c. 28;

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