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ARTICLE IV. Sentimens d'une ame qui gémit des blafphêmes de l'impiété.

Fuerunt mihi lacrymæ meæ panes.... dum dicitur mihi quotidie ubi eft Deus tuus: Pfalm. 41.

Je mêle mes larmes avec mon pain, quand on me demande où eft mon Dieu.

Puis-je entendre les blafphêmes de l'impiété, qui ofe me demander où vous êtes, grand Dieu, fans me livrer à la plus amere douleur, & à l'indignation la plus juste ! Ofer me demander où vous êtes; quand tous les temps & tous les lieux, en montrant vos bienfaits, font voir votre puiffance, votre existence & vos bontés! Quoi, ofer nier votre providence, quand vos foins attentifs fur les moindres infectes, la font éclater fi visiblement !

Infenfés quel eft votre aveuglement, ou plutôt votre noire malice, qui feint de méconnoître un Dieu que les cieux & la terre annoncent dans un langage qui fe fait entendre à toutes les na

tions! Mais quelle eft auffi votre audace, de ne pas craindre de tranfgreffer fes commandemens, tandis que la nature entiere lui obéit; que la mer fufpend fes flots irrités; que les montagnes s'abaiffent devant lui & l'adorent; que les éclairs & les vents deviennent les miniftres de ses volontés; qu'il les appelle & qu'ils accourent tous à la voix, qu'il les envoie, & qu'ils partent auffi-tôt ; tandis enfin, que tous les êtres s'empreffent à l'envi de publier fa gloire & fa grandeur, & de célébrer fa magnificence.

L'impie feul, l'impie, ofe vous outrager, Seigneur; il vit au gré de fes defirs; il meprife vos loix. Ses plaifirs font fes dieux; fes penchants font l'unique regle de fa conduite : & votre tonnerre vengeur n'écrafe pas fa tête altiere & j'ai la douleur ô mon Dieu, d'entendre fes blafphêmes, & d'être le trifte témoin de les attentats facriléges.

Vous différez de le punir; votre éternité fait votre patience du haut de votre demeure fuprême, & du fein de votre immutabilité, vous voyez couler le torrent qui entraîne tous les hommes: l'impie emporté par ce cours,

vous infulte en paffant: vil infecte, il ofe piquer la main bienfaifante qui le foutient; mais fes foibles efforts s'évanouiffent avec lui, & il tombe à l'inftant fous les coups de votre colere: elle n'attend pas toujours, ô mon Dieu, qu'il ait achevé fa carriere : elle le pour. fuit & l'atteint même dès cette vie. Et c'est envain qu'il voudroit arracher de fon fouvenir l'image de votre juftice, qu'une main invifible a gravée dans fon cœur en caracteres ineffaçables: elle renaît fans ceffe malgré lui du fein de fes remords: l'infenfé vous refufe un hommage d'amour; il vous rend un hommage d'effroi. Il méconnoît votre bonté. Il éprouve le poids de vos vengeances. Confondez à jamais, grand Dieu, confondez, diffipez la nation infidelle qui ne vous connoît point * & qui Pf. 31. vous outrage par fes blafphêmes. Ne me laiffez pas plus long-temps au milieu des habitans de Cédar: finiffez mon exil; ordonnez enfin que mes yeux fe ferment pour toujours aux fcandales qui les bleffent & qui m'affligent.

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Hélas! je voudrois vous aimer, & vous porter, avec mes vœux, ceux de tous les hommes enfemble. Mon ame s'élance vers vous; & cependant une

funefte chaîne la retient & l'entraîne. O ciel faut-il qu'un poids fatal me courbe malgré moi vers la terre! incertain de mon cœur, j'ignore s'il vous eft fidele: oh que ce doute a droit de m'allarmer! oh que cette fituation eft trifte & accablante! Quoi, je puis vous perdre à jamais, ô mon Dieu ? Ah! tranchez plutôt le fil de mes jours, que de ine livrer encore à une fi cruelle incertitude. Hâtez pour moi le moment de votre regne parfait, de ce jour heureux où les cieux treflailleront de joie en votre préfence, de ce jour défiré dans lequel vos élus fe raffembleront à l'envi, comme des aigles à l'ombre de vos aîles.

O moment fortuné,quand viendrezvous! ô douce attente, vous pouvez feule charmer mes ennuis, & fufpendre mes peines!

O vous qui infultez à ma foi, je n'entendrai plus vos difcours facriléges! Vos fcandales n'allarmeront plus ma vertu mes regards ne tomberont plus fur vos crimes!

Je verrai mon Dieu dans fa gloire & dans fa Majefté; je le verrai vengé de vos doutes perfides, par les adorations & les louanges de l'éternité.

ARTICLE V.

La connoiffance de Dieu nous éleve à l'amour de Dieu.

Noverim te, ut amem te. Auguft. Soliloq.
Que je vous connoisse, afin de vous aimer.

APPRENONS à connoître Dieu

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& nous apprendrons à l'aimer : exerçons nous à la plus fublime des connoiffances: élevons nos regards jufqu'au ciel. Prenons l'effor; pénétrons, s'il fe peut, dans le fein même de la Divinité: adorons, admirons fes perfections infinies; entrons..... mais que dis je & qui fommes nous, pour porter nos foibles regards jufqu'au trône de l'ETerre fragile, amas de boue, vil limon que votre fouffle anima, & que votre bonté foutient; me convient-il, ô mon Dieu, de tirer le voile facré qui me cache votre effence infinie ? Ah! vous vous connoiffez vous feul, & il n'y a que vous qui puiffiez vous faire connoître. Que je vous connoiffe du

ternel?

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