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ARTICLE VIII.

Les merveilles de la nature confondent l'impiété qui mécon

noît un Dieu.

Dixit infipiens in corde fuo, non eft Deus. Pfalm. 13.

L'Infenfé a dit dans fon cœur, il n'y a point de Dieu.

C'EST-là le langage affreux de l'A

thée; c'est le facrilége fouhait de fa monftrueufe impiété. Ociel! quel horrible blafphême! Peut-on l'entendre fans frémir! Et l'infenfé, qui le profere, n'eft il pas défavoué par fon propre cœur, au milieu même de cet exécrable defir?

O Être, principe & moteur de tout ce qui eft! Qui, c'est vainement que l'impie cherche à vous méconnoître & qu'il ferme l'oreille à la voix qui vous annonce en tous lieux : votre lumiere éclaire, inftruit tout homme qui vient au monde *, & s'il en eft quelqu'un, qui, pour fuir les remords ven

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geurs qui le poursuivent, veuille s'endormir un moment dans les bras d'un calme impofteur, le cri perçant & unanime des êtres répandus dans ce vaste univers, le reveille bientôt malgré lui, & lui montre un Créateur dans tout ce qu'il voit. De noirs fouhaits, de triftes doutes, ont beau lui redire en fecret,qu'un aveugle hazard eft l'auteur de tant de merveilles; fon efprit, tout féduit qu'il eft par fon cœur criminel, ne fçauroit échapper aux rayons qui étincellent même jufques dans la nuit fombre que fes paffions henteufes ont formée autour de lui.

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Comment pourroit-il, en effer one pas vous appercevoir, à mon Dieu, dans tous vos ouvrages, quand les traces, d'une main aufli fage que puiffante y éclatent de toute part!

O cieux! O terre! Omer! quel langage éloquent & fenfible ne nous faites vous point entendre en vous inontrant à nous! Quelle puiffance infinie & féconde s'eft dévoilée à nos yeux en vous créant! Quelle autre qu'une fagelse divine a pu établir ces rapports, cet ordre, cette égalité fi diverfifiée & fi jufte, ces qualités, ces efpecesti diffé rentes, ces mouvemens fi compliqués,

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& toutefois fi fimples & fi uniformes; ces mouvemens fi rapides, & cependant fi mefurés & fi exacts, que nous admirons tous dans vous.

O globe immenfe de lumiere, qui, fans vous écarter jamais, parcourez depuis fi long-tems une vafte carriere pour nous ramener les faifons & les jours, qui peut, en vous regardant méconnoître la gloire & la fplendeur du Dieu qui vous conduit, qui de vos propres feux vous reproduit fans ceffe, fans diminution & fans changement!

Qui peut voir, fans étonnement, ô mon Dieu! qui peut compter ce nombre innombrable d'aftres divers que vous avez femés dans le firmament avec autant d'aifance & de facilité que les grains de fable de rivages? Qui peut ne point adorer votre main qui les di-rige tous dans leur courfe rapide, & -les empêche de s'entrechoquer mutuellement !

Leve les yeux, impie! Un regard, oui, un feul regard fuffit pour te confondre; ou tu es plus aveugle que le hafard, dont tu ofes faire ton Dieu! Mais quand l'évidence t'accable, taistoit rougis, ou plutôt tremble, & hâtetoi de détefter tes attentats & tes er

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reurs : adore enfin un Être Souverain, reconnois fa fageffe, admire & chante fa bonté; unis ta voix à celle de tous fes ouvrages qui publient par-tout la puiffance qui les a formés & qui les foutient.

Oui, grand Dieu! Oui, tout vous annonce à notre efprit, à notre cœur ; tout nous retrace votre gloire, & j'en fuis fans ceffe invefti; par-tout mes fens vous touchent & vous apperçoivent; ma foibleffe vous reclame en tous lieux; mes befoins attendent de vous des fecours toujours prompts & toujours nouveaux ; vous êtes le mouvement qui m'ani.ne; vousêtes la lumiere de mes yeux, l'intelligence de mon ame, la vie & l'ame de mon cœur, & je n'ai qu'à rentrer dans moi pour vous appercevoir encore plus diftinctement que nulle autre part. Oui, c'eft dans moi que je fens votre action & votre préfence, d'une maniere encore plus intime & plus merveilleufe. C'est dans mon cœur que je vous adore, & que je vous aime avec plus d'ardeur. Augmentez des fentimens fi juftes, & rendez-les enfin éternels.

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ARTICLE IX.

Sur la Mort.

Putredini dixi: pater meus es,

vermibus. Job. c. 17.

& foror mea

J'ai dit à la pourriture; vous êtes mon pere`, & aux vers vous êtes mes fœurs.

L EST donc vrai, je ne puis en douter; bientôt pâle, glacé, livide, je me verrai dans les bras de la mort; mon corps ne fera plus qu'un horrible cadavre; il ne reftera plus de moi, qu'une pouffere infecte & noire, affreux débris des vers rongeurs.

Ah! puis je foutenir cette image hideufe! puis je à l'afpect de ce que je dois devenir, idolâtrer encore ce que je fuis.

Peu de jours, que dis-je ! peu de moments ameneront ce point qui doit terminer le cours de ma vie.

pour

O tems, vous allez donc finir moi! Soleil, qui vous levez encore pour éclairer mes foibles pas, vous me refuferez bientôt votre lumiere; vos

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