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mes paffions infenfées & de mes frivoles defirs? Combien de fois ai-je tenté de fecouer un joug importun & pénible, trop oppofé à mes plus chers penchants?

Inutiles efforts! Pouviez-vous faire taire, par de nouveaux égaremens, un cenfeur dont vous augmentiez la juftice & la fainte févérité ?

Oui, le crime, en enfant parricide, déchire impitoyablement le fein qui le produit. C'eft lui, dit le Prophete, qui trouble le fommeil du pécheur, & qui rend amers tous fes faux plaifirs.

La paix, l'aimable paix, s'éloigne toujours d'un cœur coupable, & ne lui laiffe, pour partage, que fes allarmes & fon défefpoir. Il fuit fans être pourfuivi, il craint fans être menacé : ou plutôt tout le pourfuit, tout le menace; la terre femble ne le foutenir qu'à regret; la mort s'offre fans ceffe à fes yeux égarés; les portes de l'abîme s'entrouvent devant lui, & lui montrent par-tout les fupplices réfervés à fes

crimes.

Les loix pures & redoutables, qu'il a ofé violer fi fouvent, fe préfentent à lui malgré lui, en tout tems, en tous lieux; elles l'accusent, le confondent,

& s'élevent juftement contre lui. Que
dis-je! il n'en attend pas les reproches, it
s'accufe lui-même, il prononce la pro-
fa
pre condamnation ; & la juftice venge-
reffe du Ciel ne fuit dans fes arrêts.
& dans les châtimens qui en font la
fuite, que le jugement de fon propre

cœur.

Grand Dieu, peut-on ne point reconnoître à ces traits, que c'eft votre miféricorde, encore plus que votre juftice, qui a daigné placer au - dedans de nous, ce juge équitable & incorruptible, ce miroir fidéle, ce guide éclairé ?

Ne fouffrez pas que j'abufe plus longtems de vos dons, en refufant d'écouter & de fuivre un fentiment que vovre grace daigne m'infpirer depuis fi long tems: ne permettez pas fur tout, que je l'oblige à fe taire par une plus longue opiniâtreté; fon filence feroit pour moi le plus grand des malheurs : puniffez mon indocilité de toute autre maniere augmentez, s'il le faut, le trouble de mon cœur:tonnez, éclatez foudroyez abattez moi à vos pied Aa, comme Saul: * faites-moi fentir, comft. c. 9. me à lui, combien il eft facheux de vous refifter. Triomphez enfin de mon indifférence, comme vous triomphâtes

*

portez votre

autrefois de la fienne
lumiere dans le fond de mon cœur :
apprenez moi ce que vous voulez que
je faffe, & ce qu'il faut que je fouf-
fre pour la gloire de votre nom. Faites
goûter à ma foibleffe, les falutaires
violences de la piété. Rendez-moi do-
cile aux infpirations de votre grace,
afin qu'après en avoir fuivi fcrupuleu-
fement les impreffions; je puiffe mé-
riter un jour les confolations éternel-
les, réfervées à la fidélité d'une con-
fcience timorée.

* Ibids

ARTICLE XVI.

De l'impureté, & des funeftes effets qu'elle produit.

Homo cum in honore effet..... comparatus eft jumentis infipientibus. Pfalm. 48.

L'homme fi élevé en honneur, s'eft ravallé jufqu'à imiter les bêtes.

L'HOMME,
'HOMME, le plus parfait des ou-
vrages de Dieu, peut-il oublier à ce
point la grandeur de fes efpérances
la nobleffe & l'éclat de fon origine

* Jérem. Thren 4.

célefte, que de fe livrer, comme il fait fi indignement, à une paffion qui le deshonore, & qui le dégrade jufqu'à le confondre avec les plus vils animaux ?

Quel doit être l'aveuglement, qui lui cache les excès monftrueux du plus honteux de tous les vices, de ce vice dont le nom feul ne peut que fouiller une bouche chrétienne!

Pourrai je en préfenter la dangereufe image à mon efprit? O Dieu trois fois faint! pourrai-je en méditer les horreurs à vos pieds? Et la penfée même qui le condamne, & qui doit m'en infpirer de l'éloignement, ne bleffera-t-elle pas encore votre pureté ?

Daignez donc purifier mes lévres & mes penfées, afin qu'elles ne me difent rien, & ne m'offrent rien qui puiffe allarmer mon cœur & mes fens.

Comment, s'écrie le Prophete, * comment l'or le plus beau s'est-il changé en une vile boue? comment ceux à qui leur condition préfentoir le fort le plus glorieux, fe font ils couverts eux mêmes d'ignominie? N'en foyons point furpris. Le de ce propre vice, & fon premier effet, fut toujours d'obfcurcir la raison. Que dis-je!

il en éteint tous les fentimens, toutes les lumieres; & ne voit-on pas, honte ô douleur! ne voit-on pas des hommes infortunés, envier quelques fois l'infâme destinée des brutes, après en avoir eherché la félicité.

Grand Dieu! que vos jugemens font terribles, quand vous laiffez tomber dans cet abîme, auffi épouvantable que ténébreux, l'ame adultere, qui a ofé s'éloigner de vous, en violant la fainteté de fon corps.

Mortels aveugles & infenfés ! donnez après cela des noms fpécieux à cette funefte paffion; colorez en les dangereux effets, dites, avec une odieufe impudence, qu'un cœur tendre lui doit le tribut de fes fentimens ; appuyez cette affreufe morale par les plus déplorables exemples. Pourrez-vous jamais nous défavouer, pourrez-vous vous cacher à vous même qu'elle n'ait été dans tous les tems, cette fale paffion, la fource empoifonnée de tous les maux qui ont ravagé la terre. C'estelle, oui, c'est-elle qui fouvent a allumé la colere du Seigneur, & qui l'a porté, malgré fa tendreffe, à fe repentir d'avoir créé l'homme.

O vice détestable! pourrai je affez

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