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le fein ineffable de la Divinité. Profterné, éperdu, ravi à la vue de cette gloire qui brille éminemment dans un Dieu qui veut bien être mon pere; je me laiffe aller à tous les tranfports de ma confiance & de mon empreffement. J'ofe me joindre aux céleftes concerts qui célebrent sa bonté, fa puiffance.

O heureux habitans du plus fortuné des féjours ! Vous à qui il est donné de contempler face à face le raviffant objet de vos hommages & de votre admiration; Vous qui vous nourriffez continuellement de fa préfence augufte, & qui puifez à pleines mains dans cet océan de délices: fouffrez que je partage de fi doux fentimens avec vous, ou s'ils font au-deffus de la condition de l'homme fur la terre, qu'il me foit accordé du moins, de regarder de loin & à travers le nuage qui m'enveloppe, ces attraits fi charmans, ces attraits divins, & toujours nouveaux, qui caufent vos transports

& excitent tous mes defirs.

Affis fur les bords du fleuve de Ba*Pfalm. bylone*, je confole quelquefois ma trif- 106. teffe, j'adoucis mes ennuis, en rappellant à mon efprit les agrémens &

les douceurs de Sion. Peut-on m'envier ce foulagement néceffaire ? je hâte, hé. las par mes foupirs la fin de mon exil: mon ame secoue fes aîles dans le doux exercice d'une fainte contemplation elle fe dégage d'une trifte pouffiere, elle eflaye fes forces, elle tâche de fe débarrailer d'un lien importun: quand lui fera-t-il accordé de s'envoler enfin pour toujours dans le fein de l'amour éternel.

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ARTICLE III.

Sentimens d'une ame qui tâche de s'élever & de s'unir à l'Étre fuprême..

Ego fum qui fum. Exod. c. 3.

Je fuis celui qui fuis.

C'EST 'EST ainfi que vous vous nommez vous même, grand Dieu; c'eft par ce nom ineffable que vous vous faites connoître à nous. Vous pouviez feul nous l'apprendre ce nom facré, ce nom qui n'eft propre qu'à vous. Vous feul exiftez par vous-même; vous êtes le com

mencement & la fin, & le centre de toutes chofes.

O Être des êtres ! Être par qui je fuis, & par qui eft tout ce qui eft! ne me fera-t-il point permis de m'élever à la fource féconde de mon exiftence, porté par le tendre defir de contempler vos perfections adorables. Mais que dis je, ô mon Dieu, qui pourra concevoir votre eflence infinie? & le fcrutateur indifcret d'une fi haute Majefté, ne fera t-il point accablé du poids de votre gloire? Oui, mais c'est cet accablement même, & cette impuiffance, qui fait le raviffement de ma foibleffe & de mon amour. Moins je vous conçois, plus je vous adore; il me fuffit de connoître, Seigneur, que vous êtes infiniment au deflus de route connoiffance. Il me fuffit de fçavoir que tous les tréfors de la fcience & de la fageffe font en vous feul. *

Ah! quand je ne fuis rien, vous êtes tout; & vous me dédommagez abondamment de ce que je ne fuis point, par ce que vous êtes. Oui, mon Dieu, je me réjouis de mon néant en voyant votre grandeur. Je me confole de la briéveté de mes jours, en penfant que Vous êtes immortel, immuable.

Ay

* S. Paul,

Coloff. 3.

L'idée de votre félicité adoucit fenfiblement mes chagrins. Votre toutepuiffance raffure ma foibleffe; votre abondance enrichit ma mifere & ma pauvreté. Je ne fuis plus en moi; mais dans l'Etre immenfe que je contemple.

Ole Dieu de mon cœur! en m'uniffant à vous, je vais à la fource du fentiment, je perds ina langueur & ma féchereffe. Je renais, je me ranime dans votre fein; j'y puife une nouvelle vie & une autre existence qui me met au-deffus de mes paffions, qui m'éleve au-deffus de moi-même.

En adorant, en reconnoiffant à vos pieds la grandeur de vos attributs, & la fouveraineté de votre être ; les hommages que je vous rends relevent ma baffefle; & l'éclat immortel, qui fort de vôtre trône brillant, rejaillit fur mon être & le couvre de gloire. Oh que ce commerce eft divin! Qu'il est avantageux à l'homme! Peut-il, quand il en a goûté la douceur, s'occuper de quelqu'autre chofe?

O vous qui ignorez les charmes de cette union, & qui ne parlez point à ce Dieu dont toute la nature annonce la grandeur, d'une voix fi intelligible, que faites-vous; que languir fur la

terre dans une trifte nuit, & dans un éternel filence!

Parlez-lui donc fans ceffe, ô mon ame! parlez-lui fur-tout ce langage que fon amour entend fi volontiers. Que tous vos fentiments foient autant de voix animées qui aillent continuellement vers fon trône, & vous attirent les regards de fes plus cheres complaifances.

Que de richesse n'étalera-t-il point à vos yeux ! Quelle magnificence, quelle profufion de dons ineftimables ne répandra-t-il pas à pleines mains fur votre indigence, dans cette heureuse circulation de defirs & d'hommages de votre part, & de bienfaits fans nombre de la fienne.

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