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ASTOLPHE.

Tout ce que tu me dis, je me le dis moi-même.
Va, n'augmente point mon touci;

Pour un inftant, laille-moi feul ici.

SCENE III.

ASTOLPHE.

ARIETTE. No. 5.

A Gité

Par la fierté,
Par la tendreffe,

Je fuis tourmenté
Sans ceffe ;

De cent traits j'ai l'ame atteinté
Et je fens mon cœur s'émouvoir
Par la crainte,

Et par l'efpoir.
*

Je l'apperçois, quel trouble me faifit! Sans découvrir mon rang, déclarons ma tendresse.

Ан

SCENE I V.

NINETTE, ASTOLP HE.

NINETTE à part.

AH! voilà ce Monfieur; pour nous il s'intéresse,

Il eft ami du Prince, à ce qu'il nous a dit.

ASTOLPHE à part.

Je n'ofe l'aborder.

NINETTE.

Il faudra qu'il nous ferve;

Mais laiffons-le venir, le voilà qui m'observe. (Elle chante en faifant femblant de travailler. AIR. I. COUPLET.

Je vois du plus beau jour
Lever l'Aurore

Je fens au feu de l'Amour
Mon cœur éclore.
Comme un oifeau tout petit
Qui bat de l'aîle,

Et pour fortir du nid
S'élance & chancelle;
Il palpite,
Il s'agite,

Il s'excite;

Ah! prendra-t-il l'effor,
Si jeune encor?

II.

Sur ces bofquers charmans
Quand la nuit tombe
J'entends les gémissemens
De la Colombe;
Et mon pauvre petit cœur
Auffi foupire,
Pour exprimer l'ardeur
Qui déja l'infpire.
Il s'agite, &c.

I I I.

Des oiseaux amoureux
Sous un feuillage,
J'admire en fecret les jeux
Le badinage;
Mon cœur à les imiter
Auffi s'emprefle,

Et je le fens fauter,

Sautiller fans ceffe.
Il s'agite, &c.

ASTOLPHE en s'approchant.

Je fuis furpris de voir tant de gaieté Dans cet état obscur où votre sort vous place.

NINETTE.

C'est un bonheur que cette obfcurité, D'aucun foin étranger l'efprit ne s'embarraffe. ASTOLPHE.

Mais quels font vos plaifirs?

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NINETTE.

Libres de nos travaux,

Nous chantons, nous danfons; je vais dans nos

campagnes

Courir, cueillir des fleurs, rire avec mes com

pagnes.

Quand j'ai bien folâtré, je me livre au repos.

ASTOLPHE.

Peut-on être tranquille au sein de l'indigence? Vous n'avez jamais vû des gens dans l'opulence?

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NINETTE.

Bon l'autre jour encor j'ai vû de ces gens-là.
Un gros Seigneur paffoit par ce village
Avec une Madame .. oh! du plus haut étage,
Cette Madame étoit ... eh . . la...

Danfeufe d'O... d'Opé mais qu'importent les

titres ?

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Tous deux étoient affis dans un beau coffre d'or
Tout entouré de belles vitres

Il me femble les voir encor.

Six beaux Mellieurs bien faits qui portoient des plu

mages,

Étoient montés derriere: ah! qu'ils avoient l'air grand!

Un fier homme à moustache étoit fur le devant,
Et deux jeunes garçons qu'on appelloit ... des Pages.
Le tout, traîné par fix chevaux fringants,
Qui, comme la Madame, avoient de beaux rubans,
Se balançoit fur quatre roues.
Apparemment la Dame fe fâchoit ;

Car on lui voyoit fur les joues

Un rouge ardent qui nous effarouchoit,
Et le Monfieur qui fe panchoit

Étoit blême & penfif.

ASTOLPHE.

N'auriez-vous pas envie

D'être riche comme eux, d'avoir le même train?

NINETTE.

Non, car ils paroiffoient avoir quelque chagrin ; Et très-gaiement ici nous paffons notre vie: Comme il vient, nous prenons le tems. ASTOLPHE...

De vos plaifirs les peines font voifines

Mille travaux forcés, mille foins fatigans...

NINETTE.

Nous n'en fommes pas moins contens.
Au milieu des buiffons d'épines
Naiffent les rofes du Printemps.

ASTOLPH E.

On veut vous procurer de plus grands avantages, Et vous aurez laquais, bijoux, beaux équipages.

NINETTE.

Eh! Monfieur ! qui me donnera
Toutes ces belles chofes-là ?

ASTOLPHE.

Hélas! quelqu'un qui vous adore,
Et qui n'a point ofé vous en inftruire encore.

ARIETTE. No. 6.

Un doux penchant m'entraîne,
Le tendre Amour m'enchaîne.

Par vos attraits,

Mon cœur fe donne,

Oui, fe donne à vous pour jamais.
Eh! quoi ! ma flâme vous étonne!
Ninette ignore

L'amour encore !
Elle l'ignore!

Et fçait lancer fes traits.

NINETTE.

Lancer des traits! Je vous adore!

Ce font de trop grands mots pour moi.

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